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Amour, émeute et cuisine
Amour, émeute et cuisine
  • Quelques pensées sur la civilisation, considérée dans ses aspects politiques, "philosophiques", et culinaires, entre autres. Il y sera donc question de capitalisme, d'Empire, de révolte, et d'antiterrorisme, mais aussi autant que faire se peut de cuisine.
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Archives
30 octobre 2009

De la servitude moderne

Un film  de Jean-François Brient
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23 octobre 2009

Entre sabres et goupillons

Un film de Christian Isidore Angelliaume
12 octobre 2009

Communiqué sur la manifestation du 10 octobre à poitiers

    Nous , collectif contre la prison de vivonne, tenons à revenir sur les événements qui se sont déroulés lors de cette journée anti-carcérale du 10 octobre lancée à notre initiative. Avant toutes choses, il nous paraît important de rappeler à tous nos détracteurs que la manifestation n'était pas le centre de la journée. Nous invitons ainsi tout le monde à relire le programme de cette journée qui appelait outre la manifestation festive à des débats avec intervenants extérieurs sur des thèmes tels que le sécuritaire ou les luttes anticarcérales... ainsi qu'à des concerts le soir même. Par ailleurs les débats qui ont eu lieu avant la manifestation, contrairement au reste de la soirée qui a été annulé par les forces de l'ordre, montrera peut être par les apports qui en sortiront que la réflexion sur le sujet n'était pas exempt de la journée. Les déclarations de tous les "citoyens" et "journaleux" qui ont pris hâte de faire passer ce collectif comme un prétexte pour organiser une "émeute" et étant "une cellule d'ultra gauche" nous paraît donc d'une stupidité sans nom, d'un mensonge et d'une volonté politique des plus réactionnaires. Encore une fois nous assistons à l'utilisation d'outils médiatico-politique récurants ces derniers temps au même titre que les étiquettes "d'anarcho autonome" et "d'ultra gauche organisée".

    Bien que solidaire de tous les interpellés et n'ayant aucun interêt à juger en bien ou en mal les actes commis, nous pouvons toutefois dire que les pratiques utilisées ne correspondaient pas à nos attentes et qu'un bilan de la stratégie politique emmanera de ces evenements. Nous rappelons que, bien qu'ayant appelé à cette manifestation, nous ne sommes en aucun cas responsable des actes qui y ont été commis. Mais parler d'une violence à sens unique nous paraît inexact en vue de la gestion policière qui a suivi la manifestation : occupation policière massive de tout le centre ville (mise en place d'un quasi "couvre-feu"), arrestations arbitraires, opération policière au numéro 23 de la porte de Paris (local culturel), où devait se dérouler la suite de la journée, digne d'une ère ancienne ... Le numéro 23, qui n'avait aucun lien avec les événements de la manifestation a ainsi vu une perquisition des plus violentes. Les personnes présentes ont ainsi subit diverses violences (coups de tonfas), humiliations (face contre terre les mains sur la tête) et contrôle abusif des identités (photos et question...) pendant près de 4h! De plus les policiers présents ont volontairement dégradé le matériel sono loué ou prété pour l'occasion (estimation à plusieurs miliers d'euros)!!!

    Ainsi il nous semble que le moment n'est pas à la dénonciation mais bel et bien à la solidarité avec les militants inculpés!
Libération des manifestants en garde à vue!

Le collectif contre la prison de vivonne : http://anticarceral.poitiers.over-blog.fr/

6 octobre 2009

Travail, prison, travail

    A l’heure où les suicides au travail s’affichent à la une des journaux et où se tient un comptage régulier et morbide des décès en détention, toutes les réactions à ces événements ont en commun de nous mener sur de fausses pistes. On nous rabat les oreilles à coups de « drames personnels », « d’erreurs de management », de « surveillance préventive », de « nécessaire solution individuelle », de « formation sur la gestion du stress », etc. Mais on ne parle jamais du cœur du problème : l’exploitation salariale et l’enfermement, piliers du système capitaliste.

    Or, on ne peut s’attaquer à l’enfermement sans s’attaquer à la société qui le produit. La prison n’est pas un monde à part, elle ne concerne pas que les prisonniers et leurs proches. Elle assure une fonction de contrôle et de gestion de la misère nécessaire au maintien de la paix sociale. La prison fonctionne comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de chaque exploité afin qu’il continue à jouer le jeu du salariat et de la vie qui va avec. D’ailleurs, chacun sait bien que l’incarcération joue le rôle d’un stigmate supplémentaire : en plus d’être un exploité, on devient un ex-taulard. La prison marque les gens bien au-delà de la période de leur enfermement (le casier judiciaire en est le meilleur exemple) et a pour vocation de séparer les exploités entre eux, entre ceux qui marchent droit et ceux qu’on étiquette comme « déviants ». Pourtant tous les pauvres sont des prisonniers potentiels car la justice qui les condamne est une justice de classe. Le Droit n’est pas neutre, il n’est pas la manifestation naturelle de l’intérêt général mais l’expression d’un rapport de force à un moment donné de l’histoire. Le Droit ne fait rien d’autre que garantir la propriété et la sécurité de la classe dominante. D’ailleurs souvent, ce ne sont même pas des actes qui sont pénalisés mais le fait d’appartenir à la « classe dangereuse » (sans-papiers, membre d’une « bande », mineur d’un quartier sous couvre-feu...).

    Se battre contre la prison, c’est se battre contre l’Etat et sa justice. C’est pourquoi le discours humanitaire qui a comme seul horizon l’amélioration des conditions de détention et un meilleur respect des droits des prisonniers contribue de fait au perfectionnement de l’enfermement et à la conservation de l’institution carcérale. Par exemple, dans les nouvelles prisons, avoir des douches à l’intérieur des cellules est une manière pour l’administration pénitentiaire de réduire les mouvements, de séparer et d’isoler davantage les détenus. L’architecture de ces nouveaux établissements (fonctionnement en petites unités, vidéosurveillance, limitation des déplacements) permet d’optimiser le contrôle et la surveillance des prisonniers dans le but de prévenir et contenir les révoltes.

    De même, ce qui nous est présenté comme des alternatives à la prison (bracelets électroniques et autres contrôles judiciaires) ne sont en réalité qu’un moyen de plus pour l’Etat d’étendre son contrôle sur certaines populations. Ces dispositifs s’accompagnent d’un suivi social qui ressemble bien souvent à une mise au travail forcé, selon des logiques similaires au contrôle des chômeurs, où le moindre faux pas peut être suivi d’une sanction. A l’instar de bien d’autres aspects de notre société au premier rang desquels le travail salarié, ces soi-disant alternatives participent de l’autodiscipline qui doit faire accepter à chacun de rester à sa place. Ces mesures, présentées comme une manière de « désengorger » les prisons, permettent au contraire d’enfermer toujours plus : le nombre de prisonniers ne cesse d’augmenter.

    La prison étant à l’image de la société, la faiblesse actuelle des luttes dans et autour des prisons est le reflet de l’affaiblissement de la tension de classe qui traverse l’ensemble de notre société. Pourtant il existe aujourd’hui en Europe des luttes contre l’enfermement, par exemple contre les centres de rétention en Italie et en France ou contre les prisons en Belgique, qui ont permis de faire le lien entre l’intérieur et l’extérieur et ont tenté de replacer ces révoltes dans une perspective plus large de lutte contre le système capitaliste. Parce que la liberté n’est pas un état individuel mais un rapport social à construire.

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