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Amour, émeute et cuisine
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  • Quelques pensées sur la civilisation, considérée dans ses aspects politiques, "philosophiques", et culinaires, entre autres. Il y sera donc question de capitalisme, d'Empire, de révolte, et d'antiterrorisme, mais aussi autant que faire se peut de cuisine.
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12 avril 2014

La ténébreuse affaire de la Piazza Fontana

La Piazza Fontana (2005)

La ténébreuse affaire de la Piazza Fontana, de Luciano Lanza, 2005.

4ième de couverture : Milan, 12 décembre 1969. Une bombe éclate devant la Banque nationale de l'agriculture, piazza Fontana à Milan, causant 16 morts et une centaine de blessés. L'anarchiste Pietro Valpreda est presque aussitôt accusé d'être l'auteur du massacre. Pris dans la grande rafle menée par la police milanaise dans les milieux d'extrême-gauche, le cheminot libertaire Giuseppe Pinelli meurt dans la nuit du 15 au 16 décembre, au cours d'un interrogatoire mené dans les locaux de la préfecture de police de Milan.

Les organisations libertaires, rejointes bientôt par la gauche extraparlementaire, mettent en évidence les faiblesses des preuves à charge contre les leurs, et parlent pour leur part de "strage di stato" (massacre d'Etat). La suite des événements va démontrer l'exactitude de ce qui parut à beaucoup d'observateurs un slogan sans fondement. Derrière les groupes nazis-fascistes italiens, les vrais responsables des attentats du 12 décembre et de tous ceux qui suivront, il y a des services secrets, italiens et étrangers, qui leur prêtent la main. Il y a des policiers et des juges qui créent de fausses pistes, et des ministres qui donnent le feu vert à la campagne d'intoxication. En vérité, c'est toute une part de l'appareil d'Etat italien, qu'on ne peut absolument pas regarder comme "dévoyée", qui est impliquée dans ce qu'on connaît sous le nom de "stratégie de la tension".

Si on a beaucoup écrit sur les "années de plomb" italiennes et sur le terrorisme de "gauche", on n'a pratiquement rien publié en France sur la période antérieure, bien que ce terrorisme-là soit impossible à comprendre hors de la référence au terrorisme de droite qui le précéda. C'est dire l'intérêt du livre de Luciano Lanza - qui, en tant que militant du groupe milanais du Ponte della Ghisolfa, fut un témoin privilégié des faits - dont les éditions de la CNT-Région parisienne proposent aujourd'hui une version française. Il aidera à coup sûr à mieux faire connaître aux lecteurs français les événements qui ont marqué l'histoire toute récente d'un pays si proche du nôtre.

 

Léolo AEC copier01

Précisons toutefois que le quatrième de couverture de l'ouvrage présenté ci-dessus nous semble un peu trop élogieux quant à son contenu, étant données les évidentes limites de ce dernier : où sont les documents ? les preuves ? et les références précises ?, qui pourraient offrir au lecteur de vérifier plus avant à la fois les faits et l'implication des personnes ayant participé de près ou de loin à ces faits. L'auteur, d'ailleurs, laisse tout particulièrement entendre cette invérifiabilité à chaque fois qu'il s'attaque aux agissements des services secrets, en ne parvenant lui-même à ne les évoquer que très brièvement, alors même qu'iceux services - la CIA en particulier - semblent bien s'être tenus tout en haut, ou presque, de toute la chaîne des diverses manipulations qui ont eu cours durant ces difficiles années italiennes. Nous ne pouvons pas ignorer cependant qu'une "enquête" sur de tels "événements" n'aura pu que s'avérer fort difficile et pleine d'entraves ; c'est pourquoi ce livre a d'ores et déjà le mérite immense, comme témoignage au moins, d'oser un décryptage relativement approfondi du mode par lequel on a pu mettre en application une "stratégie de la tension" - que nous pouvons sans doute voir appliquée aujourd'hui sous une forme plus ou moins identique dans de nombreux pays : Ukraine, Egypte, Bosnie, Tunisie etc - qui mènera rapidement à "l'état d'exception permanent" si bien analysé depuis par Giogio Agamben.

Léolo

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