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Amour, émeute et cuisine
Amour, émeute et cuisine
  • Quelques pensées sur la civilisation, considérée dans ses aspects politiques, "philosophiques", et culinaires, entre autres. Il y sera donc question de capitalisme, d'Empire, de révolte, et d'antiterrorisme, mais aussi autant que faire se peut de cuisine.
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12 mai 2020

La Mafia se met à table

Jacques Kermoal, La mafia se met à table

La Mafia se met à table, de Jacques Kermoal et Martine Bertolomei.

4e de couverture : "Douze ans de séjour en Italie m'ont appris que l'histoire de la Mafia s'identifie absolument avec l'histoire de la gastronomie sicilienne", écrit Jacques Kermoal. Avec humour, il raconte ici dix rendez-vous décisifs authentiques en les illustrant des menus - bien souvent de véritables festins -"qui y furent servis." Ainsi, du "banquet de Messine, 1860" au "déjeuner chez Lucky Luciano, Naples, 1962" au repas d'anniversaire à Montelepre, 1972", le lecteur retiendra l'anecdote historique autant que les recettes aux noms prometteurs : cuissot de chevreuil faisandé à l'eau de vie de prunes d'Agrigente, courge à l'aigre-douce, flan de châtaignes, cocktail de pâtes froides à la crème, aubergines et tomates à la Caponata, mérou au four, sorbet à l'orange...

Extrait n°1 : Cette monarchie italienne et turinoise ne présentait pour les zii que des avantages. D'abord, le Piémont n'était pas la porte à côté ; ensuite, cette monarchie était parlementaire, atout certain, car les élections, ça se fabrique !

Extrait n°2 : Premier empereur véritable de la Mafia, patron incontesté des trois quarts de la Sicile, Don Vito y taxait toutes les sources de revenus. Non seulement il prélevait le pizzu - son pourcentage - sur les recettes des commerçants, mais il protégeait les situations de monopole de ses amis, dans tous les secteurs de la vie économique de l'île. Homme de justice, Don Vito inaugura la taxation du crime. [...] Sous le règne de Don Vito, la Mafia arrivait même à taxer les amoureux qui (c'était l'usage sicilien), lorsqu'ils se promenaient sous les fenêtres de leurs bien-aimées, devaient payer "a cannila", c'est-à-dire le prix symbolique d'une chandelle qu'un membre de la Mafia, en tant que chaperon appointé et éclairé, était censé avoir tenue pour eux.

Extrait n°3 : L'intérieur, c'est-à-dire la police, lui assurait l'impunité en fermant les yeux, le Commerce extérieur favorisait ses importations de morphine-base et ses exportations d'héroïne. Comment donc ne pas rejoindre le cardinal dans la lutte contre les socialo-communistes qui passaient leur temps à dnoncer ses "manoeuvres" dans leurs journaux diffamatoires.

Extrait n°4 : Le nom de cette innocente victime, Menico Martorana, devint célèbre du jour au lendemain dans toute la Sicile : il vivait encore lorsque le préfet de la province de Palerme, le docteur Migliore, se pencha pour lui demander s'il avait reconnu ses assassins à la mitraillette. Faisant un dernier effort, Menico Martorana eut ce superbe mot de la fin : "Quelle mitraillette ?" Et il rendit le dernier soupir.

Extrait n°5 : Pietro Scaglione pâlit : "Vous voulez dire que le ministre de la Défense nationale a partie liée avec les Américano-siciliens ?"
Mauro De Mauro esquissa un geste de demi-négation : "Ce n'est pas tout à fait cela. Disons plutôt que la Défense nationale et les Américano-siciliens ont des intérêts communs, et même des secrets en commun, des secrets d'Etat. Ici, en Sicile, depuis la mort de Lucky Luciano, un homme a pris sa place. Il est persona grata aussi bien auprès du gouvernement que de la Démocratie chrétienne, il est aussi bien vu du SIM (Servizio Informazione Militare, le DGSE italien), dont il est honorable correspondant, que de l'ambassade des Etats-Unis à qui il rend parfois d'importants services."

Extrait n°6 : Il y avait pourtant une énorme différence entre la lutte antiterroriste et la lutte anti-mafia. Lutter contre le terrorisme, c'était lutter contre les ennemis de l'Etat. Lutter contre la Mafia, c'était lutter contre l'Etat lui-même, puisque la Mafia vivait en symbiose avec le pouvoir, ou plus exactement avec les pouvoirs de l'Etat : Finances, Justice, Police, Législatif. Le seul de ces pouvoirs qui échappât à l'Honorable Société restait peut-être l'armée, encore que quelques généraux présidant aux commissions d'achats militaires étaient depuis longtemps compromis avec elle.

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