Quelques vagues nouvelles sur Jean-Luc Godard
Quelques vagues nouvelles sur Jean-Luc Godard
Alors nous, nous aimions beaucoup Jean-Luc Godard, mais au contraire de ce que les médiatiques se plaisent à dire sans cesse, il n'a pas révolutionné l'art cinématographique. C'est d'ailleurs pourquoi lui-même parlait de la "nouvelle vague" comme n'étant finalement qu'une "vague nouvelle".
La révolution dans le cinéma, à l'époque, viendra bien plus de gens comme Isidore Isou, Gil J. Wollmann, Guy Debord et quelques autres. Godard en devint rapidement conscient, et ce n'est pas lui rendre un bel hommage que de nier ce dont lui-même convenait sans difficulté.
C'est cette conscience aigue qui le conduira a réaliser son chef d'œuvre, "Histoire(s) du cinéma", où il développe à un point quelque peu paroxystique les trouvailles formelles de ceux qui, quoique de la même génération que lui, furent ses prédécesseurs.
Aussi rend-il hommage à Guy Debord, justement dans "Histoire(s) du cinéma", un hommage qui agit en quelque sorte comme un juste retour des choses, une reconnaissance claire de ce que ces "Histoire(s) doivent à l'ex-situtuationniste, qui quant à lui ne manqua pas, dans les années 1960, d'insulter le cinéaste de la "nouvelle vague", en le traitant notamment de "plus con des suisses maoistes". On devine cet aspect des choses dans le film d'Hazanavicius - "Le redoutable" -, lorsqu'en mai 68, on y voit Jean-Luc Godard être confronté à des étudiants pro-situ dans la sorbonne occupée.
Enfin, et quoi qu'il en soit, la plupart des films de Jean-Luc Godard méritent selon nous d'être vus - en particulier, nous l'avons dit, les "Histoire(Histoire(s) du cinéma" - , bien plus que ceux de Truffaut, par exemple, qui nous apparaissent comme étant beaucoup moins en-dehors des vieilles formalités bourgeoises. A dire vrai, de tous les cinéastes dits de la "nouvelle vague", et quelle qu'ont pu être les differrentes qualités des uns ou des autres, seul Jean-Luc Godard aura su selon nous expérimenter assez pour sortir des sentiers battus, parfois de façon exemplaire.
Léolo
Quelques références :
Isidore Isou, réalisateur de "Traité de bave et d'éternité", (1951) :
Gil J. Wollmann, réalisateur de "L'anticoncept", (1952) :
Guy Debord, réalisateur de "Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps", (1959) :
Jean-Luc Godard, réalisateur de "Histoire(s) du cinéma", (1988) :
Jean-Luc Godard, réalisateur de "Eloge de l'amour", (2001) :
Jean-Luc Godard, réalisateur de "Dans le noir du temps", (2002) :
P.S. : Nous exigeons dix ans de deuil national en l'honneur de Jean-Luc Godard ; la fin d'un monde après tout mérite bien que l'on s'y attarde !