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Amour, émeute et cuisine
Amour, émeute et cuisine
  • Quelques pensées sur la civilisation, considérée dans ses aspects politiques, "philosophiques", et culinaires, entre autres. Il y sera donc question de capitalisme, d'Empire, de révolte, et d'antiterrorisme, mais aussi autant que faire se peut de cuisine.
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9 mai 2020

L'art de la guerre

Sun Tzu, L'art de la guerre

L'art de la guerre, de Sun Tzu.

4e de couverture : A l'égal des oeuvres de Machiavel et de Clausewitz, ce traité de stratégie militaire, composé par Sun Tzu (VIe - Ve siècles avant J.-C.), est un classique du genre. L'Art de la guerre ou les Treizes Articles, où "chaque mot est une perle", pose les préceptes fondamentaux de la guerre et de la politique. Référence incontournable pour de nombreux stratèges contemporains, ce livre dangereux est un extraordinaire traité sur l'art de la tromperie et du retournement.

Extrait n°1 : S'il s'agit de prendre une ville, hâtez-vous d'en faire le siège ; ne pensez qu'à cela, dirigez là toutes vos forces ; il faut, ici tout brusquer ; si vous y manquez, vos troupes courent le risque de tenir longtemps la campagne, ce qui sera une source de funeste malheurs.

Extrait n°2 : Il faut plutôt subjuguer l'ennemi sans donner bataille : ce sera là le cas où plus vous vous élèverez au-dessus du bon, plus vous approcherez de l'incomparable et de l'excellent.

Extrait n°3 : Si, au contraire, vous êtes moins fort que lui, soyez continuellement sur vos gardes, la plus petite faute serait de la dernière conséquence pour vous. Tâchez de vous mettre à l'abri, et évitez autant que vous le pouvez d'en venir aux mains avec lui ; la prudence et la fermeté d'un petit nombre de gens peuvent venir à bout de lasser et de dompter même une nombreuse armée. Ainsi vous êtes à la fois capables de vous protéger et de remporter une victoire complète.

Extrait n°4 : Que l'ennemi ne sache jamais comment vous avez l'intention de le combattre, ni la manière dont vous vous disposez à l'attaquer, ou à vous défendre. Car, s'il se prépare au front, ses arrières seront faibles ; s'il se prépare à l'arrière, son front sera fragile ; s'il se prépare à sa gauche, sa droite sera vulnérable ; s'il se prépare à sa droite, sa gauche sera affaiblie ; et s'il se prépare en tous lieux, il sera partout en défaut. S'il l'ignore absolument, il fera de grands préparatifs, il tâchera de se rendre fort de tous les côtés, il divisera ses forces, et c'est justement ce qui fera sa perte.

Extrait n°5 : N'oubliez rien pour lui débaucher ce qu'il y aura de mieux dans son parti : offres, présents, caresses, que rien ne soit omis. Trompez même s'il le faut : engagez les gens d'honneur qui sont chez lui à des actions honteuses et indignes de leur réputation, à des actions dont ils aient lieu de rougir quand elles seront sues, et ne manquez pas de les faire divulguer.

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4 mai 2020

L'idéologie allemande

Karl Marx, L'idéologie allemande

L'idéologie allemande, de Karl Marx, Friedrich Engels et Joseph Weydemeyer.

4e de coucerture : Texte central dans le parcours intellectuel de Marx et d'Engels, L'idéologie allemande marque leur rupture avec le milieu de la philosophie allemande post-hégélienne. Elle constitue la première tentative d'énonciation de ce qu'on a appelé la conception matérialiste de l'histoire. Moment charnière dans leur élaboration théorique, L'idéologie allemande est aussi pour les deux auteurs un laboratoire où naissent les concepts qui s'affermiront dans les différentes formulations de leur grand projet de critique de l'économie politique.
Les recherches menées autour de la MEGA ont mis au jour une version plus rigoureuse des manuscrits qui composent le début de ce texte jamais publié par les auteurs, mettant notamment en évidence la participation d'un troisième auteur : Joseph Weydemeyer. Cette première traduction française éditée en bilingue, minutieusement annotée et présentée, donne donc accès à une version nouvelle du texte, plus fiable et exempte de reconstruction a posteriori.

Extrait n°1 : La "conception" qu'a Feuerbach du monde sensible se borne d'une part à la simple intuition de celui-ci et d'autre part à la simple sensation, elle pose "l'Homme" au lieu de "l'homme historique effectif".

Extrait n°2 : "L'esprit" porte en soi d'emblée la malédiction d'être "entaché" de matière, qui entre ici en scène sous la forme de couches d'air en mouvement, de sons, bref du langage. Le langage est aussi vieux que la conscience - le langage est la conscience effective pratique, qui existe aussi pour d'autres hommes, donc, de ce fait seulement, qui existe aussi pour moi-même, et le langage, comme la conscience, naît seulement du besoin, de la nécessité impérieuse d'avoir commerce avec d'autres hommes. La conscience est donc d'emblée déjà un produit social, et elle le reste aussi longtemps qu'il existe des hommes.

Extrait n°3 : Dans le cours de ce développement, plus s'étendent les cercles singuliers qui interagissent et plus l'isolement originel des nationalités singulières se voit anéanti par le mode de production, dont la formation est plus avancée, par le commerce et par la division du travail entre les différentes nations qui en résulte de manière naturelle spontanée, plus l'histoire devient histoire mondiale,...

Extrait n°4 : Dans l'histoire passée en effet, c'est également un fait parfaitement empirique qu'avec l'extension de l'activité au plan de l'histoire mondiale les individus singuliers ont été toujours plus asservis à une puissance qui leur est étrangère (oppression qu'ils se représentaient également comme une chicane de ce qu'on appelle esprit du monde, etc.), une puissance qui est devenue toujours plus massive et se révèle être en dernière instance le marché mondial.

Extrait n°5 : [...] ; la révolution n'est donc pas seulement nécessaire parce que la classe qui domine l'autre ne peut être renversée sur aucun autre mode, mais également parce que c'est seulement par une révolution que la classe qui renverse l'autre peut arriver à se débarrasser de toute cette vieille saloperie et devenir capable de refonder la société.

Extrait n°6 : Et enfin, tandis que la bourgeoisie de chaque nation conserve encore des intérêts nationaux à part, la grande industrie créa une classe qui a le même intérêt dans toutes les nations et pour laquelle la nationalité est déjà anéantie, une classe qui s'est déjà effectivement débarrassé de tout le vieux monde et qui en même temps lui fait face. Elle rend non seulement le rapport au capitaliste mais le travail lui-même insupportable au travailleur.

30 avril 2020

Le vieux qui lisait des romans d'amour

Le_Vieux_qui_lisait_des_romans_d_amour

Le vieux qui lisait des romans d'amour, de Luis Sepúlveda.

4e de couverture : Lorsque les habitants d'El Idilio découvrent dans une pirogue le cadavre d'un homme blond assassiné, ils n'hésitent pas à accuser les Indiens de meurtre. Seul Antonio José Bolivar déchiffre dans l'étrange blessure la marque d'un félin. il a longuement vécu avec les Shuars, connaît, respecte la forêt amazonienne et a une passion pour les romans d'amour. En se lançant à la poursuite du fauve, Antonio José Bolivar nous entraîne dans un conte magique, un hymne aux hommes d'Amazonie dont la survie même est aujourd'hui menacée.

Extrait n°1 : Le docteur Loachemin haïssait le gouvernement. N'importe quel gouvernement. Tous les gouvernements. Fils illégitime d'un émigrant ibérique, il tenait de lui une répulsion profonde pour tout ce qui s'apparentait à l'autorité, mais les raisons exactes de sa haine s'étaient perdues au hasard de ses frasques de jeunesse, et ses diatribes anarchisantes n'étaient plus qu'une sorte de verrue morale qui le rendait sympathique.

Extrait n°2 : Isolés par les pluies, par ces tempêtes inconnues, ils se consumaient dans le désespoir de se savoir condamnés à attendre un miracle, en contemplant la crue sans fin du fleuve qui charriait des troncs d'arbres arrachés et des cadavres d'animaux gonflés.

Extrait n°3 :  - Et qu'est-ce qu'ils font, s'ils ne chassent pas ?
- Ils travaillent. Du lever au coucher du soleil.
- Quels idiots ! Quels idiots ! concluaient les Shuars.

Extrait n°4 : Antonio José Bolivar essayait de mettre des limites à l'action des colons qui détruisaient la forêt pour édifier cette oeuvre maîtresse de l'homme civilisé : le désert.

Extrait n°5 : Quand arriva l'heure de la sieste, il avait lu quatre pages et réfléchi à leur propos, et il était préoccupé de ne pouvoir imaginer Venise en lui prêtant les caractères qu'il avait attribués à d'autres villes, également découvertes dans des romans.
A venise, apparemment, les rues étaient inondées et les gens étaient obligés de se déplacer en gondoles.

23 avril 2020

Discours de la servitude volontaire

Etienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire

Discours de la servitude volontaire, de Étienne de La Boétie.

4e de couverture : Publié en 1576, le Discours de la servitude volontaire est l'oeuvre d'un jeune auteur de dix-huit ans. Ce texte (ô combien actuel !) analyse les rapports maître-esclave qui régissent le monde et repose sur la peur, la complaisance, la flagornerie et l'humiliation de soi-même. Leçon politique mais aussi leçon éthique et morale, La Boétie nous invite à la révolte contre toute oppression, toute exploitation, toute corruption, bref contre l'armature même du pouvoir.

Extrait n°1 : Pour le moment, je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n'a de puissance que celle qu'ils lui donnent, qui n'a pouvoir de leur nuire qu'autant qu'ils veulent bien l'endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s'ils n'aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire.

Extrait n°2 : Les médecins conseillent justement de ne pas chercher à guérir les plaies incurables, et peut-être ai-je tort de vouloir ainsi exhorter le peuple qui semble avoir perdu depuis longtemps toute connaissance de son mal - ce qui montre assez que sa maladie est mortel. Cherchons donc à comprendre, si c'est possible, comment cette opiniâtre volonté de servir s'est enracinée si profond qu'on croirait que l'amour même de la liberté n'est pas si naturel.

Extrait n°3 : Mais supposons encore que ces mignons échappent aux mains de celui qu'ils servent, ils ne se sauvent jamais de celles du roi qui lui succède.

Extrait n°4 : Quelle peine, quel martyre, grand Dieu ! Être occupé nuit et jour à plaire à un homme, et se méfier de lui plus que de tout autre au monde. Avoir toujours l'oeil aux aguets, l'oreille aux écoutes, pour épier d'où viendra le coup, pour découvrir les embûches, pour tâter la mine de ses concurrents, pour deviner le traître. Sourire à chacun et se méfier de tous, n'avoir ni ennemi ouvert ni ami assuré, montrer toujours un visage riant quand le coeur est transi ; ne pas pouvoir être joyeux, ni oser être triste !

21 avril 2020

Théorie de la religion

Georges Bataille, Théoie de la religion

Théorie de la religion, de Georges Bataille.

4e de couverture : Bataille hardi, Bataille novateur, Bataille éloquent. Où classer Georges Bataille ? Sartre et Malraux furent fascinés par les excès de ce "mystique sans dieu". Rédigée en 1948, cette Théorie de la religion nous plonge, entre Eros et Thanatos, dans l'univers paradoxal d'un philosophe-artiste pour qui un concept vaut un cri.

Extrait n°1 : En ce lieu de rassemblement, où la violence sévit, à la limite de ce qui échappe à la cohésion, celui qui réfléchit dans la cohésion aperçoit qu'il n'est plus de place pour lui.

Extrait n°2 : Il ne peut y avoir de pensée de l'individu et l'exercice de la pensée ne peut voir d'autre issue que la négation des perspectives individuelles.

Extrait n°3 : Je le sais : l'esprit ne saurait se passer d'une fulguration des mots qui lui fait une auréole fascinante : c'est sa richesse, sa gloire, et c'est un signe de souveraineté. Mais cette poésire n'est qu'une voie par laquelle un homme va d'un monde dont le sens est plein à la dislocation finale des sens, de tout sens, qui s'avère vite inévitable.

Extrait n°4 : Les dieux sont simplement des esprits mythiques, sans substrat de réalité. Est dieu, est purement divin (sacré), l'esprit qui n'est pas subordonné à la réalité d'un corps mortel. En tant qu'il est lui-même esprit, l'homme est divin (sacré), mais il ne l'est pas souverainement, puisqu'il est réel.

Extrait n°5 : Dans les limites de la continuité, tout est spirituel, il n'y a pas d'opposition de l'esprit et du corps.

Extrait n°6 : Le principe du sacrifice est la destruction, mais bien qu'il aille parfois jusqu'à détruire entièrement (comme dans l'holocauste), la destruction que le sacrifice veut opérer n'est pas l'anéantissement. C'es la chose - seulement la chose - que le sacrifice veut détruire dans la victime. Le sacrifice détruit les liens de subordination réels d'un objet, il arrache la victime au monde de l'utilité et la rend à celui du caprice inintelligible.

Extrait n°7 : Ce qu'ouvre ainsila négation de la valeur divine des oeuvres est le règne des choses autonomes. C'est en un mot le monde de l'industrie.

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20 avril 2020

Gargantua

François Rabelais, Gargantua

Gargantua, de François Rabelais.

Extrait n°1 : En son âge viril épousa Gargamelle fille du roi des Parpaillos, belle gouge et de bonne trogne. Et faisaient eux deux souvent ensemble la bête à deux dos, joyeusement se frottant leur lard, tant qu'elle engrossa d'un beau fils, et le porta jusqu'au onzième mois.

Extrait n°2 : Le bon homme Grandgousier buvant, et se rigolant avec les autres entendit le cri horrible que son fils avait fait en entrant en lumière de ce monde, quand il bramait demandant, "à boire, à boire, à boire", dont il dit, "que grand tu as", supple le gosier. Ce qu'oyant les assistants, dirent que vraiment il devait avoir par ce le nom Gargantua, puisque telle avait été la première parole de son père à sa naissance, à l'imitation et exemple des anciens Hébreux.

Extrait n°3 : Toute la ville fut émue en sédition comme vous savez qu'à ce ils sont tant faciles, que les nations étranges s'ébahissent de la patience des Rois de France, lesquels autrement par bonne justice ne les réfrènent : vu les inconvénients qui en sortent de jour en jour.

Extrait n°4 : Toute leur vie était employée non par lois, statuts ou règles, mais selon leur vouloir et franc arbitre. Se levaient du lit quand bon leur semblait : buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur venait. Nul ne les éveillait, nul ne les parforçait ni à boire, ni à manger, ni à faire chose autre quelconque. Ainsi l'avait établi Gargantua. En leur règle n'était que cette clause. Fais ce que voudras.

13 avril 2020

Tristes tropiques

Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques

Tristes tropiques, de Claude Lévi-Strauss.

4e de couverture : On court le monde, d'abord à la recherche de soi. Ethnologue professionnel, Clause Lévi-Strauss renoue avec la tradition du voyage philosophique. Ces souvenirs d'Asie, d'Amérique, des villes et des déserts, constituent en définitive un attachant portrait de l'humaniste itinérant de notre époque et proposent une solution aux problèmes qui le préoccupent : Rapports entre l'Ancien et le Nouveau Monde, entre l'Orient et l'Occident, sens de la Civilisation et du Progrès.

Extrait n°1 : Heureusement qu'à cette époque il y avait encore au fond de tout fonctionnaire brésilien un anarchiste sommeillant, tenu vivant par ces bribes de Voltaire et d'Anatole France qui, même au fond de la brousse, restaient en suspension dans la culture nationale.

Extrait n°2 : Ici, des populations médiévales sont précipitées en pleine ère manufacturière et jetées en pâture au marché mondial. Du point de départ jusqu'au point d'arrivée elles vivent sous un régime d'aliénation.

Extrait n°3 : On apprend aux jeunes ethnographes que les indigènes redoutent de laisser capter leur image par la photographie et qu'il convient de pallier leur crainte et d'indemniser ce qu'ils considèrent comme un risque, en leur faisant un cadeau, sous forme d'objet ou d'argent. Les Caduveo avaient perfectionné le système : non seulement ils exigeaient d'être payés pour se laisser photographier, mais encore ils m'obligeaient à les photographier pour que je les paye ; il ne se passait guère de jour sans qu'une femme se présentât à moi dans un extraordinaire attirail et m'imposât, bon gré mal gré, de lui rendre l'hommage d'un déclic suivi de quelques milreis. Ménager de mes bobines, je me bornais souvent à un simulacre et je payais.

Extrait n°4 : On avait donc eu la malchance de recueillir de l'or dans les batées : fâcheux présage pour un chercheur de diamant ; la seule ressource est de le rejeter aussitôt dans le courant ; celui qui garderait l'or se ménagerait des semaines infructueuses ; tel autre, ramassant le gravier à pleines mains, avait reçu un coup de la queue à crochets d'une raie venimeuse. Ces blessures sont difficiles à guérir. Il faut trouver une femme qui consente à se dénuder et à uriner sur la plaie. Comme il n'y a guère autre chose dans le garimpo que des prostituées paysannes, ce traitement naïf entraine le plus souvent une syphilis particulièrement virulente.

Extrait n°5 : La lutte contre l'analphabétisme se confond ainsi avec le renforcement du contrôle des citoyens par le Pouvoir. Car il faut que tous sachent lire pour que ce dernier puisse dire : nul n'est censé ignorer la loi.

Extrait n°6 : En se déplaçant dans son cadre, l'homme transporte avec soi toutes les positions qu'il a déjà occupées, toutes celles qu'il occupera. Il est simultanément partout, il est une foule qui avance de front, récapitulant à chaque instant une totalité d'étapes. Car nous vivons dans plusieurs mondes, chacun plus vrai que celui qu'il contient, et lui-même faux par rapport à celui qui l'englobe.

10 avril 2020

On ne badine pas avec l'amour

Alfred de Musset, On ne badine pas avec l'amour

On ne badine pas avec l'amour, de Alfre de Musset.

Les personnages : Le baron / Perdican, son fils / Maître Blazius, gouverneur de Perdican / Maître Bridaine, curé / Camille, nièce du baron / Dame Pluche, sa gouvernante / Rosette, soeur de lait de Camille / Paysans, valets, etc.

Extrait n°1 : Le Baron - "Maître Bridaine, il y a des moments où je doute de votre amitié. Prenez-vous à tâche de me contredire ? Pas un mot de plus là-dessus. J'ai formé le dessein de marier mon fils avec ma nièce ; c'est un couple assorti : leur éducation me coûte six mille écus."

Extrait n°2 : Le choeur - "N'avez-vous pas fait une remarque ? c'est que lorsque deux hommes à peu près pareils, également gros, également sots, ayant les mêmes vices et les mêmes passions, viennent par hasard à se rencontrer, il faut nécessairement qu'ils s'adorent ou qu'ils s'exècrent. [...] Tous deux sont armés d'une égale impudence ; tous deux ont pour ventre un tonneau ; non seulement ils sont gloutons, mais ils sont gourmets ; tous deux se disputeront à dîner, non seulement la quantité, mais la qualité. Si le poisson est petit, comment faire ? et dans tous les cas une langue de carpe ne peut se partager, et une carpe ne peut avoir deux langues."

Extrait n°3 : Camille - "Il y a deux cents femmes dans notre couvent ; un petit nombre de ces femmes ne connaîtra jamais la vie, et tout le reste attend la mort."

Extrait n°4 : Perdican - "Sais-tu ce que c'est que des nonnes, malheureuse fille ? Elles qui te représentent l'amour des hommes comme un mensonge, savent-elles qu'il y a pis encore, le mensonge de l'amour divin ?"

9 avril 2020

Neige sur la montagne du lotus

Ferdinand Stoces, Neige sur la montagne du lotus

Neige sur la montagne du lotus, Chants et vers de la Chine ancienne, présentés et traduits par Ferdinand Stočes.

4e de couverture : "Dans la Chine ancienne, la poésie a atteint des sommets rarement connus dans l'histoire. La poussière des siècles et même des millénaires n'a pu altérer sa fraîcheur et son charme. Cette antholologie, qui va des temps les plus anciens jusqu'au XIIIe siècle, a pour but premier le plaisir de la poésie, le partage des émotions, les joies d'un voyage dans le temps, dans la vie et l'âme d'un peuple. Ces poèmes savent séduire par la beauté des images, par la profondeur de la pensée, par le rythme et la mélodie, et éveillent dans le coeur de l'homme cette vibration mystérieuse qui fait, de simples mots, la poésie. C'est le chemin vers ce bonheur-là que j'ai voulu montrer."

Ferdinand Stočes, après nous avoir fait partager la vie et l'oeuvre flamboyantes de Li Po dans Le ciel pour couverture, la terre pour oreiller, nous présente ici les chefs-d'oeuvre de la poésie de la Chine ancienne, dont la langue fluide et musicale masque, avec élégance, l'érudition et la rigoureuse précision du traducteur.

Extrait n°1 : Wang Wei : La chanson de la ville de Wei :

L'averse brève du matin
a balayé la poussière
de la ville de Wei.
Les feuilles de saule
dans la cour de l'auberge,
éclatent de fraîcheur.
Reste encore un instant,
buvons un autre verre...
A l'ouest de la porte de Yang,
tu n'auras plus
de vieil ami !

Extrait n°2 : Du Fu : Avec Li Bo je rends visite à l'ermite Fan :

Maître Li compose
des vers splendides
qui savent captiver comme ceux
qu'écrivait jadis
maître Yin.
Ensemble nous parcourons
les monts de Dongmeng.
Je l'aime comme un frère aîné.
Grisés par le vin,
en automne nous dormons
sous la même couverture,
main dans la main,
chaque jour
nous nous baladons.
Quand nous avons envie
d'une sereine compagnie,
nous rendons visite au sage
au nord des remparts.
La joie nous inonde
dès la porte ouverte
par un jeune serviteur
très poli.
Le son monotone
du battoir à linge
anime le silence du soir
Quand les nuages menacent
au-dessus du vieux bourg,
suivant notre vieille habitude
nous entonnons l'air
"En l'honneur des citronniers
toujours verts".
Y a-t-il, aujourd'hui encore, un dignitaire capable de se retirer
parce qu'il préfère la soupe
de légumes frais
à la splendeur des festins ?
Nous refusons toute référence
au rang et au pouvoir.
Laissons nos pensées
et nos sentiments
vagabonder à leur guise
sur les vastes océans !

Extrait n°3 : Tu Qiuniang : La robe de tissus d'or :

Ne chéris pas tant
la robe de tissu d'or,
chéris plutôt ta jeunesse
qui fuit.
Quand les fleurs s'épanouissent,
cueille-les tout de suite,
sans remords,
n'attends pas qu'elles s'envolent
pour ne cueillir
que les branches nues.

7 avril 2020

L'enfant

Jules Valles, L'enfant

L'enfant, de Jules Valles.

4e de couverture : A TOUT CEUX qui crevèrent d'ennui au collège ou qu'on fit pleurer dans la famille, qui, pendant leur enfance, furent tyrannisés par leurs maîtres ou rossés par leurs parents, Je dédie ce livre - Jules Vallès.

Fils d'un professeur de collège méprisé et d'une paysanne bornée, Jules Vallès raconte : "Ma mère dit qu'il ne faut pas gâter les enfants et elle me fouette tous les matins. Quand elle n'a pas le temps le matin, c'est pour midi et rarement plus tard qu'à quatre heures." Cette enfance ratée, son engagement politique pour créer un monde meilleur, l'insurrection de la Commune, Jules Vallès les évoqua, à la fin de sa vie, dans une trilogie : L'Enfant, Le Bachelier et L'Insurgé. La langue de Jules Vallès est extrêmement moderne. Pourtant l'histoire de Jacques Vingtras fut écrite en 1875 et c'est celle des mal aimés de tous les temps.

Extrait n°1 : A la maison l'on ne rit jamais ; ma mère bougonne toujours. - Oh ! comme je m'amuse davantage avec ce vieux-là et le grand qu'on appelle le braconnier, qui a tué le gendarme à la foire du Vivarais !

Extrait n°2 : Non, M. Buzon, le destinataire, est un honnête homme, il a une bonne figure, - même l'air un peu bête : - j'ai entendu dire que les criminels n'ont jamais l'air bête. M. Buzon a une situation à l'abri du soupçon.

Extrait n°3 : Je n'ai plus à me lever pour aller - cible résignée - vers ma mère : je puis rester assis tout le temps !
Ce chômage m'inquiète.
Rester assis, c'est bien, - mais quand on retournera aux habitudes passées, quand l'heure du fouet sonnera de nouveau, où en serai-je ? Les délices de Capoue m'auront perdu : je n'aurai plus la cuirasse de l'habitude, le caleçon de l'exercice, le grain du cuir battu !

Extrait n°4 : Ah ! J'ai grandi maintenant : je ne suis plus l'enfant qui arrivait du Puy tout craintif et tout simple. Je n'avais lu que le catéchisme et je croyais aux revenants. Je n'avais peur que de ce que je ne voyais pas, du bon Dieu, du diable ; j'ai peur aujourd'hui de ce que je vois : peur des maîtres méchants, des mères jalouses et des pères désespérés. J'ai touché la vie de mes doigts pleins d'encre.

Extrait n°5 : Le garçon n'a pas répondu à la question polie de ma mère, il est occupé avec un client, à qui il dit :
"Nous avons une tête de veau, n'est-ce pas ?"
Le monsieur fait signe que oui, il ne nie pas, il a bien une tête de veau.

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