L'eldorado de la méduse
Que penser de ceci ?
Hier nous apprenons via l’ORTF de la bouche du préfet de Seine et Marne que celui-ci débauchera très prochainement les « réfugiés » de sa région pour les envoyer travailler auprès des maraîchers de cette même région, le tout encadré par des contrats « en bonne et due forme » c'est-à-dire au smic. Or « réfugiés » n’est plus utilisé depuis au moins 3 ans, les autorités et les médias utilisent unanimement « migrants » ; alors qu’entendre par « réfugiés » ? Là commence l’écoeurement.
Si ce préfet emploie sciemment ce mot cela signifie que la région mènera cette opération de secours aux maraîchers en détresse en s’adressant directement aux réfugiés enfermés dans les camps « centres d’hébergement » pour migrants gérés par sa bureaucratie, donc aux êtres qu’elle administre d’ores et déjà ; elle va aller piocher la main d’oeuvre dans les établissements-camps où elle a ses entrées, où les dossiers sont déjà prêts, où tout se mettra tranquillement en place en échange d’un peu de monnaie d’état*.
Donc quand le camembert ne peut plus disposer des 20 % de sales travailleurs étrangers qu’il fait venir chaque année pour récolter, l’Etat, et la coro-providence, met à sa disposition d’autres étrangers sans papiers qui bénéficieront exceptionnellement d’une autorisation d’existence administrative (d’existence tout court soyons clairs) pour soutenir l’effort national. Quelle mansuétude... En plus, tout le monde y trouvera son compte ! le travailleur est content d’accéder à la petite partie du code du travail que l’état daigne lui accorder…après tout l’Homme est un blanc comme nous… Et le maraîcher sera content de pouvoir TOUT récolter, mais aussi de pouvoir aider ces bonnes âmes perdues en Europe ; l’échange interculturel n’est plus très loin.
Donc nous vivons dans un pays sans classes où l’Etat peut mettre une catégorie de personne en mouvement et au travail par critère. Or ce critère c’est lui-même qui en est le recteur : tu n’as pas de papier Q, politiquement pour nous tu n’es pas même un mineur, tu ne peux pas te déplacer, c’est nous qui te déplaçons.
- oui, mais pourquoi me déplacer précisément aujourd’hui ?
- parce que, José, les bons français vont restés confinés chez eux jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de dangers pour eux et leur brillante progéniture pleine de génie et qu’en attendant c’est toi Monsieur pas de papier Q qui assurera le boulot ; peut-être nous prouveras-tu ainsi ton amour de la patrie en danger et peut-être qu’ainsi lors du prochain examen de ton dossier de candidature à la nationalité française cette passe d’armes en prairie jouera-t-elle en ta faveur, qui sait ?
C’est drôle, mais puisque « l’Union Sacrée » est entonnée tous les jours, eh bien allons y, filons la cette métaphore : qu’est ce qui est bronzé et qui meurt en première ligne ?
Ainsi deux nouveaux points Godwin se font jour : le Godwin 14-18 et le Godwin de l’Occupation que je ne qualifierai pas ici de peur de m’étouffer dans ma bile.
Donc dans la vie il y a les nous-autres, et puis il y a les sous-autres. CQFD
Et après quoi ? Quand les cantonniers ne voudront plus travailler les rues on enverra les 6 000 mandats de dépôt qui viennent de sortir de prison ? dans les entreprises seuls les mauvais employés rétifs seront mis au contact du client ennemi potentiellement contaminé ?
Que les foucaulâtres puissent y puiser la confiote prophétique qu’ils prisent ne change rien à l’affaire.
Je m’inquiète énormément. S’il y a un nous, Que devenons-nous ?
L’Etat vit en France comme chez lui.
R. me demande quelques préconisations. En bon idéologue précieux et faussement humble je lui réponds que je n’en ai aucune, or quel mytho ! Quand le confinement national sera fini, ou avant s’il le faut, je pose ma tente dehors, je squatte l’espace public jusqu’à ce que même les municipaux m’appellent par mon prénom, je m’associe trois ou quatre chiots que je fais vivre et courir à même Tréfilerie devant le Taudis, je fais le barbeuk devant la maison de l’armée, je fais pipi sur le consulat d’Algérie, caca devant la maison de l’université, je me bourre la gueule sur la chaussée, je vomis sur le passage piéton etc. jusqu’à ce que les autorités comprennent cette chose qui résume admirablement la situation présente et future : ON EST CHEZ NOUS !..
Si l’exécutif « maintient le cap », parce que le France est un bateau avec son capitaine et ses officiers et qu’il aime à « maintenir le cap », eh bien nous ne passerons pas le prochain hiver. Il faudra nécessairement tous les enculer sévèrement un par un. Nous aurons, entre autre, besoin d’une prose bien moins scato que celle présentée ici, et plus intelligente, mais nous n’aurons pas non plus besoin de cette prose évangélique expiatoire débile qui fleurit partout.
Car Peter Steele l’a prédit et chanté il y a 20 ans : « une apocalypse frigide » ; et non pas une belle Parousie avec descente du messie et jugement dernier rococo-gothique auréolé.
Ne jouez pas vos notes en tas !!
José, le mangeur de pain standard
* Par monnaie d’état nous entendons qu'il y a des emplois capitalistes réalisés en monnaie de capitaux, et des échanges non marchands, d'état, réalisés dans une monnaie symbolique : aussi un impôt n'est rien de mieux que cette monnaie d'état, qui signifie la force de travail : et sinon cette monnaie n'a aucune valeur : c'est une monnaie de pauvre.