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Amour, émeute et cuisine
Amour, émeute et cuisine
  • Quelques pensées sur la civilisation, considérée dans ses aspects politiques, "philosophiques", et culinaires, entre autres. Il y sera donc question de capitalisme, d'Empire, de révolte, et d'antiterrorisme, mais aussi autant que faire se peut de cuisine.
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25 juin 2013

La Conversation

La conversation (1998)La Conversation, de Lorette Nobécourt, 1998.

Extrait n°1 : Si vous ne saisissez pas immédiatement pourquoi il est plus important de se promener que d'aller voter je ne peux pas vous l'expliquer, je m'y refuse.

Extrait n°2 : Je suis née en 68, c'est moi la révolution, vous comprenez ? Mais qu'est-elle devenue ? Les jolies phrases ne peuvent plus rien, ce n'est plus valable. Quel dommage. Cela signifie que désormais, il faut dire les choses toutes nues. Et c'est bien difficile. D'autant que je ne suis pas sûre que quiconque soit prêt à les entendre. Chacun s'aime soi et soi seul. Ce n'est pas le monde que les gens souhaitent changer mais leur vie. Ce qui n'est pas du tout la même chose. Vous en conviendrez.

Extrait n°3 : A ce propos, je compte légiférer sur la libre circulation des corps et de la pensée, je vote la suppression des portillons du métro, des barrières pour les piétons le long des trottoirs, des vitres aux guichets, des sas de sécurité dans les banques, des tickets d'attente à la sécu et dans toutes les officines publiques et administratives, la dispersion des cinémas dans toutes les villes pour supprimer la concentration des métastases. Je réaffirme l'intégration de la mort à la vie contre l'assimilation de la vie à la mort. Mes maladies - et pas seulement les miennes - étant causées par des facteurs propres à cette société, je propose la suppression de cette société, ainsi que la destruction systématique et publique des toutes les caméras installées sur la chaussée et dans les immeubles, ainsi que toutes les espèces de justifications les concernant.

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6 juin 2013

L'équarrissage

L'équarrissage (1997)

L'équarrissage, de Lorette Nobécourt, 1997.

Extrait n°1 : J'ai connu, à moins de trente ans, ce que d'aucuns ignorent peut-être toute leur vie : la fête est finie. Je suis pieds nus sur le carrelage et je vais prendre froid mais je ne peux plus me taire. Ce soir, je ne serai pas une carpe, c'est terminé. Cette nuit, je me pose comme je subjectif absolument, c'est-à-dire qui relève du sujet défini comme être pensant, bien que je n'ignore pas que nous sommes l'étoffe dont la société habille ses modèles.

Extrait n°2 : Je me sentais cadavre en sursis dans le cercueil du crâne, je contenais tout, toute ma parfaite vision du monde qui était moi, c'est-à-dire beaucoup plus qu'une poutre et seulement cela : poussière à venir, viande condamnée à disparaître.

Extrait n°3 : Je n'ai jamais connu qu'avec mes chairs, j'en ai pris possession, je ne délogerai la mort dans ma vie qu'à partir de mes sensations. Pour supporter mon étrangeté au monde je ne sais qu'une seule chose : mon corps. Le poulpe de la tristesse m'a engloutie au sortir de l'ignorance comme les bébés tortues au sortir du sable. Il ne sert à rien de changer de lieu, d'amour, de pays, de nourriture, de gymnastique, ces sortes de sortilèges ne fonctionnent pas de l'autre côté de la peau.

5 juin 2013

Commentaires sur la société du spectacle

Commentaire sur la société du spectacle (1988)Commentaires sur la société du spectacle, de Guy Debord, 1988.

Extrait n°1 : La discussion creuse sur le spectacle, c'est-à-dire sur ce que font les propriétaires du monde, est ainsi organisée par lui-même : on insiste sur les grands moyens du spectacle, afin de ne rien dire de leur grand emploi. On préfère souvent l'appeler, plutôt que spectacle, le médiatique. Et par là, on veut désigner un simple instrument, une sorte de service public qui gérerait avec un impartial "professionnalisme" la nouvelle richesse de la communication de tous par mass media, communication enfin parvenue à la pureté unilatérale, où se fait paisiblement admirer la décision déjà prise. Ce qui est communiqué, ce sont des ordres ; et, fort harmonieusement, ceux qui les ont donnés sont également ceux qui diront ce qu'ils en pensent.

Extrait n°2 : Quand le spectaculaire était concentré la plus grande part de la société périphérique lui échappait ; et quand il était diffus, une faible part ; aujourd'hui rien. Le spectacle s'est mélangé à toute réalité, en l'irradiant. Comme on pouvait facilement le prévoir en théorie, l'expérience pratique de l'accomplissement sans frein des volontés de la raison marchande aura montré vite et sans exceptions que le devenir-monde de la falsification était aussi un devenir-falsification du monde.

Extrait n°3 : Tous les experts sont médiatiques-étatiques, et ne sont reconnus experts que par là. Tout expert sert son maître, car chacune des anciennes possibilités d'indépendance a été à peu près réduite à rien par les conditions d'organisation de la société présente. L'expert qui sert le mieux, c'est, bien sûr, l'expert qui ment. Ceux qui ont besoin de l'expert, ce sont, pour des motifs différents, le falsificateur et l'ignorant. Là où l'individu n'y reconnaît plus rien par lui-même, il sera formellement rassuré par l'expert. Il était auparavant normal qu'il y ait des experts de l'art des Etrusques ; et ils étaient toujours compétents, car l'art étrusque n'est pas sur le marché. Mais, par exemple, une époque qui trouve rentable de falsifier chimiquement nombre de vins célèbres, ne pourra les vendre que si elle a formé des experts en vins qui entraîneront les caves à aimer leurs nouveaux parfums, plus reconnaissables. Cervantès remarque que "sous un mauvais manteau, on trouve souvent un bon buveur". Celui qui connaît le vin ignore souvent les règles de l'industrie nucléaire ; mais la domination spectaculaire estime que, puisqu'un expert s'est moqué de lui à propos d'industrie nucléaire, un autre expert pourra bien s'en moquer à propos du vin. Et on sait, par exemple, combien l'expert en météorologie médiatique, qui annonce les températures ou les pluies prévues pour les quarante-huit heures à venir, est tenu à beaucoup de réserves par l'obligation de maintenir des équilibres économiques, touristiques et régionaux, quand tant de gens circulent si souvent sur tant de routes, entre des lieux également désolés ; de sorte qu'il aura plutôt à réussir comme amuseur.

5 juin 2013

La Société du Spectacle

La société du spectacle (1967)

La Société du Spectacle, de Guy Debord, 1967.

Extrait n°1 : C'est l'unité de la misère qui se cache sous les oppositions spectaculaires. Si des formes diverses de la même aliénation se combattent sous les masques du choix total, c'est parce qu'elles sont toutes édifiées sur les contradictions réelles refoulées. Selon les nécessités du stade particulier de la misère qu'il dément et maintient, le spectacle existe sous une forme concentrée ou sous une forme diffuse. Dans les deux cas, il n'est qu'une image d'unification heureuse environnée de désolation et d'épouvante, au centre tranquille du malheur.

Extrait N°2 : L'illusion léniniste n'a plus d'autre base actuelle que dans les diverses tendances trotskistes, où l'identification du projet prolétarien à une organisation hiérarchique de l'idéologie survit inébranlablement à l'expérience de tous ses résultats. La distance qui sépare le trotskisme de la critique révolutionnaire de la société présente permet aussi la distance respectueuse qu'il observe à l'égard de positions qui étaient déjà fausses quand elles s'usèrent dans un combat réel. Trotsky est resté jusqu'en 1927 fondamentalement solidaire de la haute bureaucratie, tout en cherchant à s'en emparer pour lui faire reprendre une action réellement bolchevik à l'extérieur (on sait qu'à ce moment pour aider à dissimuler le fameux "testament de Lénine", il alla jusqu'à désavouer calomnieusement son partisan Max Eastman qui l'avait divulgué). Trotsky a été condamné par sa perspective fondamentale, parce qu'au moment où la bureaucratie se connaît elle-même dans son résultat comme classe contre-révolutionnaire à l'intérieur, elle doit choisir aussi d'être effectivement contre-révolutionnaire à l'extérieur au nom de la révolution, comme chez elle. La lutte ultérieure de Trotsky pour une IVe Internationale contient la même inconséquence. Il a refusé toute sa vie de reconnaître dans la bureaucratie le pouvoir d'une classe séparée, parce qu'il était devenu pendant la deuxième révolution russe le partisan inconditionnel de la forme bolchevik d'organisation.

Extrait n°3 : Du romantisme au cubisme, c'est finalement un art toujours plus individualisé de la négation, se renouvelant perpétuellement jusqu'à l'émiettement et la négation achevés de la sphère artistique, qui a suivi le cours général du baroque.

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