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Amour, émeute et cuisine

Amour, émeute et cuisine
  • Quelques pensées sur la civilisation, considérée dans ses aspects politiques, "philosophiques", et culinaires, entre autres. Il y sera donc question de capitalisme, d'Empire, de révolte, et d'antiterrorisme, mais aussi autant que faire se peut de cuisine.
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6 novembre 2009

Inventin

Bani_re_Inventin

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6 novembre 2009

Italie, contre la réforme Gelmini de l'université, étudiants et précaires relancent la vague de contestation

Comme en Autriche [1] ou en Hongrie [2], un grand mouvement de protestation gagne le monde de l’éducation en Italie.

    La ministre Gelmini du gouvernement Berlusconi, après avoir dû rebrousser chemin l’an dernier face à l’Onda - la vague, comme s’était auto-défini le mouvement étudiant contre le projet de réforme de l’université - remet le couvert. Mais la réponse étudiante ne s’est pas fait attendre. Hier, mercredi 3 novembre, à Rome, des étudiants et des précaires ont réussi à occuper momentanément le ministère de l’Instruction Publique d’où ils ont pu tenir une conférence de presse pour dénoncer ce nouveau projet de réforme. A Venise, au même moment, des étudiants et des précaires interrompaient la cérémonie de la prise de fonction du nouveau recteur de l’université de Ca’ Foscari. Aujourd’hui, une critical mass contre la réforme Gelmini est organisée à Padoue alors que jeudi 5 novembre la vague palermitaine saura accueillir la ministre en visite dans la capitale sicilienne.

    La réforme berlusconienne, si elle passait, signerait la mort définitive de l’université publique. En voici les principaux points :

    Restructuration de la gouvernance : un conseil d’administration à la place du Sénat Académique, pour gérer chaque université où 40% des membres seraient issus d’entreprises, de banques et d’élus politiques. Un Directeur Général remplacerait l’actuel directeur administratif pour devenir un véritable manager de l’entreprise université.

    Compétition entre les universités : une agence nationale évaluerait les différentes facultés, instituts et laboratoires de recherche et assignerait les fonds publics en fonction de leur classement.

    Méritocratie : institution d’un « Fonds pour le mérite », géré par le ministère de l’économie et des finances, à destination des étudiants passant un test payant élaboré par une société de gestion des fons publics de « garantie et solidarité ».

    Endettement individuel : seule réponse à la précarité des étudiants, la création d’un « prêt d’honneur ».

    Recrutement des chercheurs : la figure du « chercheur à vie » remplacée par celle du « chercheur à contrat ».

    Force est de constater que cette réforme puise sa source dans le néo-libéral processus de Bologne comme le démontrent nombre de similitudes entre les projets de réforme universitaire mis en oeuvre aujourd’hui dans la (quasi) totalité des pays européens.

    Mi-mars 2010, le sommet des chefs d’Etat discutera d’un "Lisbonne 2" et de l’avenir des secteurs enseignement supérieur et recherche en Europe mais d’ici là un grand mouvement européen pour une université réellement publique pourrait remettre en cause la mise en place de ce grand marché de la connaissance.

Ludo, HNS-info

Sources (en italien) : Global Project / Uniriot / padova in movimento

Notes
[1] La vague de protestation dans les universités autrichiennes de plus en plus importante - Journée d’actions le 5 novembre

[2] Hongrie : mouvement dans l’éducation - Manif le 7 novembre à Budapest

6 novembre 2009

Hongrie : mouvement dans l'éducation - manif le 7 novembre à Budapest

    Chers amis,

    Je voudrais vous faire partager, que les écoles sont aussis mobilisées en Hongrie. Notre syndicat et 18 autres organisations manifesteront le 7 novembre 2009 à Budapest contre la scandaleuse politique de formation et le financement de l’école et des jardins d’enfants.

    Le budget du système scolaire sera réduit de 65 milliards de Forint (236 millions d’euros). Les classes sont surchargées, des milliers de nos collègues sont au chômage, nos salaires sont ridicules et nos conditions de travail sont tragiques.
Cela ne peut pas continuer ! C’est pourquoi nous descendons dans la rue avec les parents d’élèves.

Erzsebet Nagy – Syndicat démocratique des enseignants.

Traduit de l’allemand par Gachet, HNS-info

Source : unsereuni

6 novembre 2009

La vague de protestation dans les universités autrcihiennes de plus en plus importante : journée d'action le 5 novembre

Communiqué de presse du 2 novembre.

    Occupations dans toutes les villes universitaires depuis deux semaines - les professeurs se solidarisent - les 34 millions du ministre sont insuffisants

    Depuis deux semaines des milliers étudiants se défendent dans les universités autrichiennes contre la misère actuelle de la formation. Pour protester contre le sous-financement chronique, les restrictions d’accès aux écoles supérieures et la position dominante des intérêts économiques dans le système de formation, le mouvement occupe de nombreuses universités du pays.

Université du bas au lieu du haut

    Le mouvement apparu lors des protestations ouvre des espaces sociaux libérés, expérimente des formes de participations de démocratie directe et anime les universités avec des cours alternatifs, des ateliers et des groupes de travail. Les étudiants s’engagent selon des formes encore jamais vues et reçoivent une grande attention publique.

Les enseignants soutiennent les revendications

    Des représentants politiques, de la culture et de la société estiment que ce mouvement de protestation est un indicateur de problèmes structurels, qui dépassent le système de formation. Depuis, plus de 350 enseignants et chercheurs se sont déclarés solidaires des occupants et participent activement au mouvement. Avant tout, la précarité accrue des conditions de travail dans le domaine de la formation porte préjudice à la qualité de l’enseignement et de la recherche. Dans le sens d’une université libre et critique, le mouvement exige entre autres choses la démocratisation globale de l’université, une augmentation massive des dépenses dans les formations, la liberté d’accès aux écoles supérieures et la réalisation en retard depuis longtemps de la supression des barrières aux études.

La proposition du ministre ne va pas assez loin

    Après un élargissement de la protestation et d’innombrables manifestations de solidarité venant d’Autriche et de l’étranger, il y a maintenant la première réaction concrète du gouvernement autrichien : le ministre de la science Johannes Hahn promet 34 millions d’euros venant d’une réserve. Les manifestants et aussi plusieurs recteurs pensent que cette annonce n’est pas à la mesure des problèmes. De plus le mouvement critique que le ministre ne se soit pas adressé directement à lui et n’ait pas transigé sur les exigences.

Journée d’actions le 5 novembre

    Pour jeudi 5 novembre, le mouvement de protestation prévoit une vaste journée d’actions, pour plonger encore plus dans le débat sur la misère dans la formation, les politiques et les médias.

Traduit de l’allemand par Gachet, HNS-info

Source : unsereuni

6 novembre 2009

La révolte étudiante en autriche

    La révolte étudiante en Autriche qui a commencé la semaine dernière avec l’occupation de l’Ecole d’art de Vienne et qui s’est diffusée dans tout le pays est entrée le 29 octobre dans son dixième jour.

    Aujourd’hui [1] quatre mille personnes sont descendues dans la rue à Graz, au sud-est de l’Autriche, pour protester contre la dégradation continue de leurs conditions de vie et d’études. Tôt dans l’après-midi, le hall de la faculté des sciences sociales de l’université d’Innsbrück, Etat du Tyrol, a été occupé par des étudiants. Cela signifie que, en ce moment, les salles de lecture et les espaces des principales universités autrichiennes sont occupés par les activistes étudiants. Seule la petite université de Leoben, en Styrie, qui est spécialisée dans les mines, n’est pas atteinte actuellement par la vague de protestation. Le point central de l’agitation des étudiants sont les dégradations liées au processus de Bologne, un programme de la commission européenne dont le but est de libéraliser le système d’enseignement supérieur dans toute l’Europe.

    Dans un mouvement complètement absurde, le gouvernement autrichien a essayé de calmer les protestations mardi en nommant le ministre de la science Johannes Hahn candidat autrichien pour la nouvelle commission européenne, probablement pour un portefeuille lié à la science.

    Mais mercredi 28 octobre, plus de dix mille étudiants manifestaient à Vienne et d’autres villes d’Autriche pour de meilleures conditions dans leurs universités.

    Les militants de l’université de Vienne ont écrit une lettre ouverte au gouvernement, appelant au libre accès à l’enseignement supérieur et à l’augmentation de son financement. Leurs protestations sont une réaction aux plans du ministre des sciences qui veut réintroduire des frais de scolarité et restreindre l’accès aux universités.

    A côté des cinquante mille manifestants [2] qui ont défilé dans la capitale autrichienne, environ cinq cents étudiants ont marché à travers Salzburg. Les universités de Klagenfurt et Linz sont aussi devenues des lieux de protestation.

    Les étudiants occupant la plus grande salle de lecture de l’université de Vienne depuis huit jours ont dit mercredi qu’ils attendaient une rencontre avec le ministre de la science Johannes Hahn.

    "Notre calendrier est flexible, puisque nous ne nous en irons pas", dit la lettre.

    En ce moment, Hahn continue à refuser une rencontre avec les occupants de l’université de Vienne. Aujourd’hui le ministre était seulement prêt à rencontrer Sigrid Maurer, présidente de l’Union des étudiants [3], proche de l’Etat, pour une discussion finalement restée sans résultat.

Traduit de l’anglais par Gachet, HNS-info

Source : Indymédia

Notes
[1] 29 octobre, ndt

[2] selon les organisateurs, dix mille selon la police

[3] Österreichischer Hochschulverband

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4 novembre 2009

Tarnac : la contre-enquête qui dérange

La défense pointe les anomalies et les contradictions des procès-verbaux de la police.

    Une enquête au point mort. Et aujourd’hui, une contre-enquête. Depuis un an, l’enquête du juge antiterroriste Thierry Fragnoli sur les sabotages des lignes TGV dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 n’a pas permis de découvrir d’éléments matériels confirmant l’implication des neuf jeunes installés à Tarnac, en Corrèze. Ils sont tous, à ce jour, mis en examen pour «association de malfaiteurs, destructions et dégradations en relation avec une entreprise terroriste». Julien Coupat étant poursuivi pour «direction ou organisation» du groupe.

    L’enquête n’est pas allée au-delà des premières constatations qui incriminaient Julien Coupat : sa présence en compagnie d’Yildune Lévy à proximité d’une voie sabotée, la nuit des faits. Dans une note qui doit être transmise au juge aujourd’hui, les avocats de la défense, Mes Thierry Lévy, Jérémie Assous et William Bourdon, contestent désormais les premiers éléments recueillis. Les avocats rappellent que Yildune Lévy et Julien Coupat ont été «suivis de manière continue depuis leur départ de Paris dans la matinée du 7 novembre jusqu’à leur retour dans la capitale, dans la matinée du 8 novembre». «Leur participation à ces faits», qu’ils contestent, «ne devrait pas faire de doute». «Or non seulement le doute existe, notent-ils, mais les incohérences et les anomalies dont sont émaillées les constatations des enquêteurs amènent à s’interroger sur leur crédibilité

 

    Des traces de semelles et de pneus qui ne collent pas

    Dès le 8 novembre, un technicien en identification criminelle de la gendarmerie effectue des relevés. «Le site et les voies ferrées sont protégés par une clôture métallique mesurant environ deux mètres, surmontée par un fil de fer barbelé», note Cyril C. Les portails grillagés qui permettent d’accéder au site sont intacts. Mais à droite de l’entrée nord-ouest, le grillage garde «plusieurs traces d’effractions». Il a été sectionné. De l’autre côté de la voie, des traces d’escalade sont visibles.

    Le gendarme constate aussi «la présence de traces de pneumatiques laissées par un véhicule ayant effectué un demi-tour». Il mesure. Largeur du pneu : 153 millimètres ; distance séparant l’intérieur de deux côtés opposés : 1 190 mm. Or ces traces ne peuvent correspondre à la voiture utilisée par Coupat. Les pneus de la Mercedes 250 qu’il utilisait sont larges de 200 mm, et la distance entre les roues de 1 300 mm.

    L’homme de la police scientifique découvre aussi «la présence sur ce même chemin de deux traces de semelles de chaussures». «Une trace indexée 13, longue de 245 mm» ; et une autre «indexée 14, longue de 200 mm». Or Coupat chausse du 45, ce qui correspond à une longueur de 307 mm, et Yildune Lévy du 39, soit 260 mm. Suivant les traces, le gendarme reconstitue «un cheminement montant» au sein de «l’emprise SNCF», ce qui lui permet de déduire l’itinéraire des saboteurs. Après être entrés par le portail nord-ouest et avoir circulé sur la voie, ils sont sortis en escaladant le portail nord.

    L’avis des avocats.«Les constatations du technicien ne sont pas compatibles avec celles de la surveillance. Les traces de pneumatiques et de semelles de chaussures ne peuvent correspondre ni aux pneus de la voiture surveillée ni aux chaussures des occupants

 

    Une filature en question

    Revenant sur la nuit du 7 au 8 novembre, Julien Coupat dira s’être «senti suivi» dès qu’il s’est «engagé sur des petites routes». «J’ai dû m’arrêter une dizaine de fois et faire autant de demi-tours, a-t-il dit. Il y avait quasiment un caractère de jeu à s’arrêter et à voir venir les voitures en reconnaissance.» Selon les policiers, le couple aurait circulé, le 7 au soir, sur la départementale 23 qui relie les villages de Dhuisy et de Germigny-sous-Coulombs (Seine-et-Marne) et qui passe sous la ligne TGV qui sera découverte sabotée. Après avoir mangé, et dormi quelques heures dans la voiture, au Trilport, à trente kilomètres de là, ils seraient revenus sur la même route. «Le 8 novembre, à 3 heures 50 minutes, constatons que le véhicule allume ses feux et démarre en direction de la Ferté-sous-Jouarre. Il chemine à allure normale sur la RN3, indique le procès-verbal de la SDAT. Le véhicule emprunte dans Dhuisy la direction Germigny, après un kilomètre il oblique à gauche dans la voie dans laquelle il avait été observé précédemment (près de la ligne TGV). Il est 4 heures.» Ce minutage sera repris dans d’autres procès-verbaux.

    L’avis des avocatsSelon le procès-verbal, il s’est écoulé dix minutes entre les deux points de stationnement.L’itinéraire emprunté entre les deux arrêts est également indiqué. Or la distance parcourue étant de 26,6 kilomètres, la vitesse moyenne de la voiture aurait dû être de 159,6 km/h. La voiture surveillée n’a pas pu parcourir la distance indiquée entre Trilport et le lieu des faits dans le laps de temps indiqué

 

    Des procès-verbaux discordants

    La voiture de Coupat, un vieux modèle de Mercedes, se serait donc arrêtée à proximité de la voie TGV. Coupat n’a pas confirmé ce lieu de stationnement lors de sa garde à vue. Et le juge ne l’a pas interrogé sur ce point. Coupat a déclaré être retourné à «l’un des endroits les plus reculés, à l’écart de tout, en pleine campagne», pour y «faire l’amour» avec son amie. La ligne à grande vitesse (LGV) est entourée de champs et surplombe l’horizon.

    A l’endroit où la route plonge sous la voie SNCF, il y a quatre lieux de stationnement possibles, deux de chaque côté de la LGV. Si la Mercedes s’est garée là, et les policiers suiveurs de l’autre côté de la voie, ils sont à quarante mètres tout au plus. Qu’ont-ils vu ? «A 4 heures 5 minutes, une approche piétonne des lieux nous permet de constater la présence du véhicule stationné tous feux éteints sur l’entrée de la voie de service, sise quelques mètres avant le pont de chemin de fer, indique sur procès-verbal le lieutenant de la SDAT. Il nous est impossible de distinguer si le véhicule est occupé ou non.» Un quart d’heure plus tard, la voiture repart. Les policiers semblent n’avoir rien observé.

    Pourtant, un gendarme, le lieutenant-colonel Eric G., chargé des constatations le jour des faits, dresse un procès-verbal contradictoire. Il note qu’un officier de police de la SDAT lui a déclaré dans la journée au téléphone «avoir suivi et observé un individu qui s’est stationné à l’intersection entre la D23 et la LGV Est pendant une vingtaine de minutes entre 4 heures et 4 heures 20». Mieux : «Cette personne a accédé à l’emprise sécurisée de la SNCF sans qu’il [le policier] puisse déceler ses agissements.» Cette déclaration, faite alors que les sabotages font déjà l’actualité des radios, ne sera pas été réitérée.

    L’avis des avocatsSi un individu - et pas un fantôme - avait été vu vers 4 heures du matin sur la voie ferrée à l’endroit du sabotage, cela constituerait un lien objectif entre la voiture des mis en examen et les faits. […] Le fait de ne pas mentionner cette information essentielle» est «de nature à faire douter de l’authenticité [du procès-verbal de police]

 

    le cafouillage sur la découverte de l’incident

    Après le départ de la voiture, les policiers de la SDAT auraient procédé à une «minutieuse recherche aux abords immédiats de la voie ferrée et du pont de chemin de fer», sans rien trouver. Ils seraient restés sur place trois quarts d’heure. «A 5 heures 10 minutes, constatons le passage sur la voie ferrée d’un TGV. Lorsque le train passe à l’aplomb exact du pont de chemin de fer se produit une gerbe d’étincelles accompagnée d’un grand bruit sec. Voyons la caténaire se détendre puis se retendre. Le train semble poursuivre son cheminement sans encombre.» Selon leur procès-verbal, les policiers demandent à leur état-major «d’aviser immédiatement les responsables de la SNCF». Mais ils quittent les lieux, attitude curieuse s’ils ont été témoins des faits. A 5 h 50, ils «donnent instruction» à l’équipe qui a continué la filature jusqu’au périphérique de «regagner le service». La SDAT ne semble prévenir personne immédiatement.

    De son côté, le conducteur du TGV d’ouverture de la ligne a «constaté un incident du pantographe» à 5 h 12. C’est à 8 h 22 que les services de la SNCF remarquent à Strasbourg un pendule [élément de fixation de la caténaire, ndlr] resté accroché sur le pantographe du train. A 10 h 36, les agents de maintenance sont prévenus. Et Patrick C., qui reçoit l’appel, est déjà sur la voie. Il est sorti vers 9 h 10 pour un TGV stoppé par un chevreuil… C’est donc lui qui arrive sur place à 11 h 46 seulement. Il constate que huit pendules sont décrochés, et un cassé, sur dix mètres.

    Dans la journée, les gendarmes découvrent que la police ferroviaire aurait appelé le central de sûreté vers 10 heures pour l’avertir d’un appel de l’officier de permanence de la police judiciaire à 7 h 50. «Une équipe PJ, en mission de surveillance», aurait «vu un individu piéton qui se trouvait sur la LGV à l’intérieur des emprises SNCF». Le commandement de surveillance SNCF se tourne vers le responsable de la régulation de la LGV Est. L’appel est enregistré vers 10 heures.

    «- Je t’appelle, j’ai la police qui nous a indiqué maintenant que vers 5 heures ce matin, il y aurait eu un équipage de la PJ qui aurait aperçu au niveau de Dhuisy […] une personne qui se serait avancée sur le pont, je pense qu’elle n’a rien jeté, parce que sinon on s’en serait rendu compte. C’est juste pour signaler ça, quoi : une personne a fait un aller-retour sur le pont et après, ils ont perdu la personne.

    - Ben là, écoute, je ne suis pas du tout au courant, mais vraiment pas du tout ! Ça c’est passé à 5 heures ?

    - Ouais, à 5 heures ! Il est temps qu’ils se réveillent, ils nous appellent cinq heures après, mais bon…»

    L’avis des avocatsLe signalement a été donné au plus tôt à 7 h 50 et plus vraisemblablement vers 10 heures. Les circonstances qui ont entouré le signalement de l’incident aux techniciens de la SNCF suscitent également de nombreuses interrogations. […] La PJ a tardé, sans raison connue, à informer les responsables de la SNCF

Karl Laske, dans Libération du 2 novembre 2009

30 octobre 2009

De la servitude moderne

Un film  de Jean-François Brient
23 octobre 2009

Entre sabres et goupillons

Un film de Christian Isidore Angelliaume
12 octobre 2009

Communiqué sur la manifestation du 10 octobre à poitiers

    Nous , collectif contre la prison de vivonne, tenons à revenir sur les événements qui se sont déroulés lors de cette journée anti-carcérale du 10 octobre lancée à notre initiative. Avant toutes choses, il nous paraît important de rappeler à tous nos détracteurs que la manifestation n'était pas le centre de la journée. Nous invitons ainsi tout le monde à relire le programme de cette journée qui appelait outre la manifestation festive à des débats avec intervenants extérieurs sur des thèmes tels que le sécuritaire ou les luttes anticarcérales... ainsi qu'à des concerts le soir même. Par ailleurs les débats qui ont eu lieu avant la manifestation, contrairement au reste de la soirée qui a été annulé par les forces de l'ordre, montrera peut être par les apports qui en sortiront que la réflexion sur le sujet n'était pas exempt de la journée. Les déclarations de tous les "citoyens" et "journaleux" qui ont pris hâte de faire passer ce collectif comme un prétexte pour organiser une "émeute" et étant "une cellule d'ultra gauche" nous paraît donc d'une stupidité sans nom, d'un mensonge et d'une volonté politique des plus réactionnaires. Encore une fois nous assistons à l'utilisation d'outils médiatico-politique récurants ces derniers temps au même titre que les étiquettes "d'anarcho autonome" et "d'ultra gauche organisée".

    Bien que solidaire de tous les interpellés et n'ayant aucun interêt à juger en bien ou en mal les actes commis, nous pouvons toutefois dire que les pratiques utilisées ne correspondaient pas à nos attentes et qu'un bilan de la stratégie politique emmanera de ces evenements. Nous rappelons que, bien qu'ayant appelé à cette manifestation, nous ne sommes en aucun cas responsable des actes qui y ont été commis. Mais parler d'une violence à sens unique nous paraît inexact en vue de la gestion policière qui a suivi la manifestation : occupation policière massive de tout le centre ville (mise en place d'un quasi "couvre-feu"), arrestations arbitraires, opération policière au numéro 23 de la porte de Paris (local culturel), où devait se dérouler la suite de la journée, digne d'une ère ancienne ... Le numéro 23, qui n'avait aucun lien avec les événements de la manifestation a ainsi vu une perquisition des plus violentes. Les personnes présentes ont ainsi subit diverses violences (coups de tonfas), humiliations (face contre terre les mains sur la tête) et contrôle abusif des identités (photos et question...) pendant près de 4h! De plus les policiers présents ont volontairement dégradé le matériel sono loué ou prété pour l'occasion (estimation à plusieurs miliers d'euros)!!!

    Ainsi il nous semble que le moment n'est pas à la dénonciation mais bel et bien à la solidarité avec les militants inculpés!
Libération des manifestants en garde à vue!

Le collectif contre la prison de vivonne : http://anticarceral.poitiers.over-blog.fr/

6 octobre 2009

Travail, prison, travail

    A l’heure où les suicides au travail s’affichent à la une des journaux et où se tient un comptage régulier et morbide des décès en détention, toutes les réactions à ces événements ont en commun de nous mener sur de fausses pistes. On nous rabat les oreilles à coups de « drames personnels », « d’erreurs de management », de « surveillance préventive », de « nécessaire solution individuelle », de « formation sur la gestion du stress », etc. Mais on ne parle jamais du cœur du problème : l’exploitation salariale et l’enfermement, piliers du système capitaliste.

    Or, on ne peut s’attaquer à l’enfermement sans s’attaquer à la société qui le produit. La prison n’est pas un monde à part, elle ne concerne pas que les prisonniers et leurs proches. Elle assure une fonction de contrôle et de gestion de la misère nécessaire au maintien de la paix sociale. La prison fonctionne comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de chaque exploité afin qu’il continue à jouer le jeu du salariat et de la vie qui va avec. D’ailleurs, chacun sait bien que l’incarcération joue le rôle d’un stigmate supplémentaire : en plus d’être un exploité, on devient un ex-taulard. La prison marque les gens bien au-delà de la période de leur enfermement (le casier judiciaire en est le meilleur exemple) et a pour vocation de séparer les exploités entre eux, entre ceux qui marchent droit et ceux qu’on étiquette comme « déviants ». Pourtant tous les pauvres sont des prisonniers potentiels car la justice qui les condamne est une justice de classe. Le Droit n’est pas neutre, il n’est pas la manifestation naturelle de l’intérêt général mais l’expression d’un rapport de force à un moment donné de l’histoire. Le Droit ne fait rien d’autre que garantir la propriété et la sécurité de la classe dominante. D’ailleurs souvent, ce ne sont même pas des actes qui sont pénalisés mais le fait d’appartenir à la « classe dangereuse » (sans-papiers, membre d’une « bande », mineur d’un quartier sous couvre-feu...).

    Se battre contre la prison, c’est se battre contre l’Etat et sa justice. C’est pourquoi le discours humanitaire qui a comme seul horizon l’amélioration des conditions de détention et un meilleur respect des droits des prisonniers contribue de fait au perfectionnement de l’enfermement et à la conservation de l’institution carcérale. Par exemple, dans les nouvelles prisons, avoir des douches à l’intérieur des cellules est une manière pour l’administration pénitentiaire de réduire les mouvements, de séparer et d’isoler davantage les détenus. L’architecture de ces nouveaux établissements (fonctionnement en petites unités, vidéosurveillance, limitation des déplacements) permet d’optimiser le contrôle et la surveillance des prisonniers dans le but de prévenir et contenir les révoltes.

    De même, ce qui nous est présenté comme des alternatives à la prison (bracelets électroniques et autres contrôles judiciaires) ne sont en réalité qu’un moyen de plus pour l’Etat d’étendre son contrôle sur certaines populations. Ces dispositifs s’accompagnent d’un suivi social qui ressemble bien souvent à une mise au travail forcé, selon des logiques similaires au contrôle des chômeurs, où le moindre faux pas peut être suivi d’une sanction. A l’instar de bien d’autres aspects de notre société au premier rang desquels le travail salarié, ces soi-disant alternatives participent de l’autodiscipline qui doit faire accepter à chacun de rester à sa place. Ces mesures, présentées comme une manière de « désengorger » les prisons, permettent au contraire d’enfermer toujours plus : le nombre de prisonniers ne cesse d’augmenter.

    La prison étant à l’image de la société, la faiblesse actuelle des luttes dans et autour des prisons est le reflet de l’affaiblissement de la tension de classe qui traverse l’ensemble de notre société. Pourtant il existe aujourd’hui en Europe des luttes contre l’enfermement, par exemple contre les centres de rétention en Italie et en France ou contre les prisons en Belgique, qui ont permis de faire le lien entre l’intérieur et l’extérieur et ont tenté de replacer ces révoltes dans une perspective plus large de lutte contre le système capitaliste. Parce que la liberté n’est pas un état individuel mais un rapport social à construire.

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