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Amour, émeute et cuisine
Amour, émeute et cuisine
  • Quelques pensées sur la civilisation, considérée dans ses aspects politiques, "philosophiques", et culinaires, entre autres. Il y sera donc question de capitalisme, d'Empire, de révolte, et d'antiterrorisme, mais aussi autant que faire se peut de cuisine.
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23 janvier 2014

In-corporation techno-tic

Formation et emploi
La somme des con-formés est égale à la masse des con-sommateurs. Cette masse est l'instrument de l'inertie du système.

1 - L'incapacité à dévisser un siphon s'apprend ; l'être ainsi apprêté est un consommateur. Au nom de l'égalité de tous face au savoir, on crée le socle commun dont la diffusion entraîne mécaniquement le recul de l'apprentissage par chacun de ce que les autres ne savent pas. Le socle commun diminue la somme totale des savoirs au sein de l'humanité.(1)
La « pollution » de chacun par des savoirs jugés universellement nécessaires entraîne une uniformisation générale, autrement dit l'épuration du tout.(2) L'universalisation des savoirs s'accompagne d'un morcellement des savoir-faire, lequel a pour fin que chacun soit toujours obligé d'en passer par la sphère marchande pour satisfaire le moindre de ses désirs ou besoins.(3)

2 - À l'école, le remplacement des travaux manuels par le cours de technologie montre assez déjà combien la société de consommation a besoin que les seuls savoirs pratiques enseignés aux futurs consommateurs soient ceux dont la mise en œuvre suppose des outils qu'ils ne posséderont jamais.(4)
Les enfants toucheront à toutes les technologies, sans jamais revenir sur aucune, si bien qu'ils oublieront immédiatement ce qu'ils ont fait.(5)
L'initiation à tout est de mise. Parce qu'il s'agit d'éveiller en lui de faux « désirs » tout en rabaissant l'estime qu'autrement il eût pu avoir de lui-même,(6) on souhaite que le consommateur sache ce qu'on sait faire, tout en lui interdisant de savoir le faire lui-même.
Un travailleur sans estime de soi se révèle toujours plus facilement exploitable à merci.
Le sans-emploi (l'inutile) se fait chercheur d'emploi (mendiant).
Dans le monde réellement renversé, il y a des bénéficiaires de l'Obligation d'Emploi,(7) cette sous-catégorie des obligés de bénéficier d'un emploi.(8)
Au cours d'une lutte massive et égoïste sur le marché du travail, l'inutile ne peut qu'apprendre à estimer qui serait généreusement susceptible de lui offrir un emploi (l'exploiteur), aussi sûrement qu'il apprend à combattre une bonne part de ses camarades inutiles (prolétaires).(9)
Les utiles (em-ployés), eux, haïssent les inutiles parce qu'ils sont assistés,(10) et haïssent les accédant à l'utilité, en tant que futurs occupants probables d'un poste équivalent au leur, mais dans des conditions inférieures qui menacent leur propre emploi ou au moins le peu de qualité de vie qu'un tel emploi leur offrait encore.
Ces mêmes utilisés n'oublient qu'assez rarement de faire à la fois le procès d'un supposé laxisme exercé envers ceux qui ne détiennent que leur puissance d'agir et osent en user, et l'apologie de la flexibilité de celui qui vend cette puissance.

Le sensible et l'in-formation
L'accélération des uns rend de plus en plus criante la relative lenteur des autres, et bientôt la plupart des Hommes ne serviront plus que de support agricole et industriel à la domination transhumaine informatisée.

1 – Des cinq ou huit sens que possède l'être humain, on ne sait en stimuler artificiellement que deux – l'audition moins que la vue. Les progrès de la technologie pour nous donner l'illusion d'autres stimuli n'avançant pas assez rapidement, on s'applique à en effacer l'existence au sein du réel ; par le lissage on nous retire le toucher, par l'irrigation et le sucre on nous prive du goût, par l'hygiène des odeurs, par la climatisation de la chaleur et du froid, par l'anesthésie de la douleur et de toute activité supposant un certain sens de l'équilibre ou une proprioception tant soit peu développée.

2 – Il est devenu inadmissible, à la campagne, de n'avoir ni autoroute ni haut-débit.(11) Une personne valide habitant en milieu rural, (in)soumise à la fracture numérique, se retrouve en situation de handicap.
Or la compensation du handicap suppose, pour que la personne handicapée n'ait aucun besoin d'amis, non seulement l'augmentation de ses capacités naturelles, mais aussi le lissage du monde afin que la situation de handicap soit elle-même liquidée. L'égalité des chances suppose que la boue, la neige, les travaux de voirie, mais également la montagne et la nuit,(12) soient normalisés afin de permettre « à l'envi » la circulation permanente de tous à une égale vitesse, que l'on voudra toujours plus élevée.
L'abolition de la nuit a d'ailleurs pour objet, entre autres, de forclore en nous toutes possibilités de développer un autre sens que celui de la vue.

3 – Pour assurer un transit fluide, régulier, prévisible, insoumis aux aléas mécaniques, les outils de notre mobilité nous sont bientôt retirés : l'électronique embarqué remplace la manivelle, les dynamos de moyeu conquièrent les vélos même non électriques, le covoiturage remplace le stop, l'autopartage la voiture familiale, et le leasing se substitue au garagiste. Pour que ça « aille », il faut constamment augmenter la puissance des laxatifs administrés.
Dans un monde visuel-virtuel, peu importe que l'on se déplace ou pas : l'augmentation concomitante de la vitesse de déplacement physique et des masses de données nécessaires à une illusion de plus en plus réaliste identifie toujours plus le déplacement physique à la transmission de données, sur un plan énergétique et aussi bien pratique.
La suppression des distances concourt à l'in-formatisation des hommes – et vice versa -, et en premier lieu celle des habitants riches des villes ayant accès aux moyens de transports performants ; l'idéal vers lequel tendre étant la téléportation.(13)
S'ils nous laissaient vivre, nous pourrions laisser les transhumains (in-formés) « transhumer » comme ils veulent, mais la tendance n'est malheureusement pas à la tolérance vis-à-vis des objecteurs de mobilité.(14)

4 – Le consommateur n'est jamais en empathie avec l'autre ; il est en empathie avec la marchandise.
Si les mannequins sont maigres, ce n'est pas parce qu'on exige d'eux qu'ils soient les représentants d'un certain sex-appeal, mais bel et bien les V.R.P. d'une esthétique de cintres. Si jadis la beauté de celui-là qui portait un vêtement visait encore à mettre en valeur ce dernier aussi sûrement que la beauté du vêtement cherchait à mettre en valeur celle de son porteur, tout de nos jours consiste à effacer l'humain.
En sorte que les mannequins, en tant qu'avant-garde efflanquée de l'être-humain informatisé, doivent nécessairement en présenter toutes les « informités » ; ils ne sont plus, en dernière analyse, que des supports publicitaires, et c'est en quoi au même titre que le tablettes informatiques ils se doivent d'être ultraplats.(15)

Croissance et mobilité
Inertie de l'accélération et pas de côté.

Dans le système capitaliste, l'intérêt des dettes doit être compensé par la croissance, et la survie d'un tel système suppose dès lors une constante accélération.(16)
L'utile doit rester employé pour demeurer consommateur : l'inertie d'une telle (im)posture ne peut guère faire autrement que le pousser à courir toujours plus vite pour sou-tenir la croissance et main-tenir son emploi.(17)
La professionnalisation de la solidarité n'est pas une solution à la disparition des liens,(18) ne serait-ce qu'en ceci qu'elle remplace l'autonomie par de la croissance et de l'emploi.(19)
Plus la masse des consommés (produits) est grande, plus aussi l'inertie du système est importante, et plus il nous faut de forces, de puissances, pour changer de cap.(20)
Pour provoquer un changement de direction dans un système, il est nécessaire d'exercer une force d'attraction, ou de répulsion de l'extérieur sur ce système. Il s'agit donc autant que faire se peut de quitter la masse des conformés, la somme des consommateurs des inutiles et des employés, en commençant par faire un pas de côté.
On nomme depuis quelques temps les employés collaborateurs ; l'injonction à s'insérer ne peut plus dès lors que nous inciter à résister par la désertion : le pas de côté, aujourd'hui, c'est le maquis.

La Capuchine 03 copier

La Capuchine, janvier 2014

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20 janvier 2014

Essai sur les données immédiates de la conscience

Essai sur les données immédiates de la conscience (1889)

Essai sur les données immédiates de la conscience, de Henri Bergson, 1889.

Extrait n°1 : Décidés à interpréter les changements de qualité en changements de quantité, nous commençons par poser en principe que tout objet a sa couleur propre, déterminée et invariable. Et quand la teinte des objets se rapprochera du jaune ou du bleu, au lieu de dire que nous voyons leur couluer changer sous l'influence d'un accroissement ou d'une diminution d'éclairage, nous affirmerons que cette couleur reste la même, mais que notre sensation d'intensité lumineuse augmente ou diminue.

Extrait n°2 : Quant à l'intervalle lui-même, quant à la durée et au mouvement, en un mot, ils restent nécessairement en dehors de l'équation. C'est que la durée et le mouvement sont des synthèses mentales, et non pas des choses ; c'est que, si le mobile occupe tour à tour les points d'une ligne, le mouvement n'a riend de commun avec cette ligne même ; c'est enfin que, si les positions occupées par le mobile varient avec les différents moments de la durée, s'il crée même des moments distincts par cela seul qu'il occupe des positions différentes, la durée proprement dite n'a pas de moments identiques ni extérieurs les uns aux autres, étant essentiellement hétérogène à elle-même, indistincte, et sans analogie avec le nombre.

Extrait n°3 : En d'autres termes, la question de la liberté sort intacte de cette discussion ; et cela se comprend sans peine, puisqu'il faut chercher la liberté dans une certaine nuance ou qualité de l'action même, et non dans un rapport de cet acte avec ce qu'il n'est pas ou avec ce qu'il aurait pu être.

Extrait n°4 : Mais les moments où nous nous ressaisissons ainsi nous-mêmes sont rares, et c'est pourquoi nous sommes rarement libres. La plupart du temps, nous vivons extérieurement à nous-mêmes, nous n'apercevons de notre moi que son fantôme décoloré, ombre que la pure durée projette dans l'espace homogène. Notre existence se déroule donc dans l'espace plutôt que dans le temps : nous vivons pour le monde extérieur plutôt que pour nous ; nous parlons plutôt que nous ne pensons ; nous "sommes agis" plutôt que nous n'agissons nous-mêmes. Agir librement, c'est reprendre possession de soi, c'est se replacer dans la pure durée.

10 janvier 2014

Quatrième festivité : Café de Pays

Léolo AEC copier01

Quatrième festivité : "«L'Urssaf» un jour s'aperçut avec étonnement de ceci qu'il arrivait qu'un arpenteur de bars trouvât parfois bon de « rapporter » lui-même «son verre vide au comptoir», afin le plus souvent d'en commander un autre en «jouant des coudes». Estomaqué par cette incroyable découverte, considérant qu'il s'agissait bel et bien là de «travail dissimulé» et fort d'avoir pénétré ici l'un des plus ténébreux mystères abrités par tous ces lieux d'abjection depuis trop longtemps «tapis dans l'ombre» - telles des épiceries de sinistre mémoire -, l'organisme de collecte des cotisations sociales jugea fort judicieux d'exiger que «les gérants» d'un bistrot breton s'acquittassent «d'une amende qui, après pénalités», atteignit quand même «la coquette somme de 9000 euros» ; j'en profitai aussitôt quant à moi pour attaquer aux prud’hommes un vieil ami limonadier qui me devait plusieurs années d'un «travail» assidu sur son zinc."

Cf Le Monde/Big-Browser du 18 décembre 2013

Léolo, janvier 2014

9 janvier 2014

Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary

Lettre ouverte

Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, de Guy Hocquenghem, 1986.

Extrait n°1 : Cher ex-contestataires, Le retour de la droite ne vous rendra pas votre jeunesse. Mais c'est bien la gauche au pouvoir qui vous l'a fait perdre. Définitivement. Ce fut sous Mitterrand que vous vous êtes "normalisés" ; et sous Fabius que vous avez viré votre cuti. Pour devenir les néo-bourgeois des années 1980, les maos-gauchos-contestos crachant sur leur passé ont profité de l'hypocrisie nationale que fut le pouvoir socialiste. Sous lui, ils s'installèrent dans tous les fromages. Plus que personne, ils s'en goinfrèrent. Deux reniements ainsi se sont alliés : celui des "ex" de Mai 68 devenus conseillers ministériels, patrons de choc ou nouveaux guerriers en chambre, et celui du socialisme passé plus à droite que la droite. Votre apostasie servit d'aiguillon à celle de la gauche officielle. Mai 1968-mai 1986 : vos carrières ont atteint leur majorité. Le moment est venu d'en faire le bilan.

Extrait n°2 : Bref, vous vous reconvertirez sans peine, je vous fais confiance. Libération, cette Pravda des nouveaux bourgeois, saura aussi bien câliner les nouveaux gouvernements que l'ancien ; l'important, pour vous, n'est pas d'être de droite ou de gauche, mais d'être du côté du manche. D'où votre goût, à présent, pour le consensus des réactions, PS, RPR ou UDF. On ne tire pas sur une ambulance, mais on autopsie un cadavre. Pour disséquer la dictature défunte des opportunismes conjugués, entre Fabius et ex-maos, qui nous a gouvernés depuis cinq ans, j'ai patienté jusqu'à la fin de la comédie. Pour éviter de participer à la redistribution des cartes, évidente depuis des mois, j'ai préféré attendre qu'elle soit accomplie. Je ne voulais entrer en aucune querelle politicienne, ni aider, si peu que ce fût, à un retour des droitistes. Les alternances politiques m'indiffèrent. Ce qui est en question ici ne s'y ramène pas. Ce serait plutôt une question de génération. "Une génération [... qui] inaugure la rencontre entre la gauche et le capitalisme, [...] entre la technologie et le rêve, [...] entre le business et la création", comme l'écrivait un de vos journaux subventionnés (Globe). "Individualisme et réussite [...], responsabilité de génération", fanfaronne de son côté Actuel.

Extrait n°3 : Si je ne fais pas de procès politique, c'est parce que j'ai trop bien connu, à mes dépens, les procès politiques menés au nom du Prolétariat et de la Cause du peuple. Je n'ai jamais cru à la ligne juste ; toujours trop à gauche, ou trop à droite, toujours suspect d'esthétisme fascisant, j'étais, cher enfant, trotsko-surréaliste quand eux étaient stalino-althussériens, anarchiste spontanéiste quand ils étaient maoïstes d'acier. Je sais, c'est du passé, et peu importent ces vieilles étiquettes. Elles veulent tout de même dire ceci : mon arme, c'est le style libertaire dans l'action et la réflexion, qui s'éloigne nécessairement, pour moi, de la politicaille renégate comme de l'esthétisme rétro (voir L'Âme atomique, en collaboration avec René Schérer, pour ceux qui veulent vraiment savoir "d'où je parle" philosophiquement). Les procès, les exclusions, je connais, je me les suis tous tapés. Exclu de chez les trotskistes, les maos me cassaient la gueule ; des procès, tiens, en 1978 on m'en fit encore un, très officiel, à Libé, pour avoir écrit un papier dans Le Figaro-Magazine (où je racontais l'extermination des homosexuels en camps nazis). Alain Finkielkraut et Julien Brunn, dans des livres que tu n'as pas lus et qu'on a déjà oubliés, m'ont traité longuement d'antisémite agent de la nouvelle droite. L'inévitable Angelo Rinaldi m'a comparé à Lucien Rebatet pour un livre... écrit contre le racisme (La Beauté du métis).

Extrait n°4 : En France, les gens de culture ne sont jamais loin du merdier politicien, du pot de chambre de leurs maîtres. Littérature et culture paranoïaques, rêves de pouvoir mégalomaniaques, ces caractéristiques bien françaises, notre génération les a portées au point d'incandescence. Minuscules coups d'Etat qui ont la méchanceté des grands, le ridicule en plus, les révolutions culturelles françaises font se succéder, en littérature, en théâtre, en philosophie et même dans le monde des "variétés", des baudruches autoritaires. Finalement, camarades artistes, un ruban rouge à la boutonnière paiera cette agitation permanente au service du pouvoir. Vos frustrations d'ex-gauchistes sevrés de révolution ne pouvaient connaître qu'un exutoire : le partage des postes, l'intégration aux cercles de la puissance publique, l'entrée des artistes renégats de l'art dans le club très fermé des gouvernants et des manipulateurs despotiques. Tout comme, dit-on, on ne croit pas en Dieu au Vatican, l'endroit de France où on croit le moins à l'art est ce monde des artistes stipendiés, politiciens longtemps refoulés, issus de Mai 68, qui ne croient qu'au Pouvoir, jamais à l'imagination.

6 janvier 2014

Pour en finir avec l'espèce humaine

Pour en finir avec l'espèce humaine (2013)1

Pour en finir avec l'espèce humaine, Et les Français en particulier, de Pierre Drachline, 2013.

Extrait n°1 : Les peuples privés de guerre sur leur sol se consolent avec les compétitions sportives. Je méprise ces foires à la sueur et ne distingue pas entre compétiteurs amateurs et professionnels. Le pire étant les spectateurs. Populace si avide de spectacles qu'on la régalerait aisément avec des jeux du cirque où tous les paris seraient possibles. de surcroît qui n'a pas rêvé en secret de baisser le pouce tel un empereur romain pour commander une mise à mort ? Le jet de bobos dans une fosse aux lions aurait ma préférence. Pauvres fauves contraints de manger bio!

Extrait n°2 : La parole doit être terroriste. Entre le cri et le silence, il n'y a rien. Juste des haleines fétides qui, à force de rots et de pets, établissent la dictature de la normalité.

Extrait n°3 : Les enfants ont pour la plupart des gueules de fatalité génétique. Dès leur plus jeune âge, ils ressemblent à ce que sera leur héritage. Ils naissent vieux et rares seront ceux qui deviendront jeunes.

Extrait n°4 : Il est étrange, voire choquant, qu'aucune femme ne se préoccupe de la malfaisance éventuelle de l'enfant qu'elle porte et dont elle accouchera à la satisfaction générale.

Extrait n°5 : Il n'existe aucune association pour le droit à vivre dans la dignité. En revanche, celle pour le droit à mourir dans la dignité est bien installée dans le paysage. Mais une mort peut-elle être digne ? Difficile de faire passer le relâchement des sphincters pour un sursaut d'orgueil.

4ième de couverture : "On ne peut rien pour un peuple épris de sa servitude", écrivait Georges Darien dans La Belle France au début du siècle dernier, quelques années avant que les peuples européens jouissent de la grande boucherie patriotique de 14-18.
L'homme est le seul animal avide d'être dressé, d'où une sourde nostalgie de l'esclavage. Aujourd'hui, l'économie cannibale prospère sur les crises qu'elle crée et entretient. Les hommes, et singulièrement les Français, ne se révoltent pas. Au contraire, ils réclament à cor et à cri toujours plus de servitudes, d'Etat, de règlementations. Chaque nouvelle interdiction limitant le libre arbitre de l'individu suscite un orgasme citoyen. Le troupeau, nourri au principe de précaution, a le goût de l'abattoir. Chacun, barricadé derrière son nombril, réduit l'Histoire à sa misérable personne. Dans les villes, le "bobo", sorte de termite, incarne le triomphe de l'abjecte idéologie de la dérision et son racisme anti-pauvres.
L'époque est celle des impostures médiatiques. Les "indignés", ravis de la crèche découvrant la nocivité du capitalisme, les organisations caritatives enseignant aux défavorisés la passivité, les insoumis certifiés conformes de toutes les fausses révolutions, les écologistes vendant des peurs collectives après les religions, les ouvriers se battant pour préserver les outils de l'oppression au lieu de les détruire, etc.
L'auteur prône le retour à la primauté de l'individu, au choix de la vie contre la marchandise. Un rappel au désordre.

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4 janvier 2014

Zabriskie Point

Zabriskie Point

de Michelangelo Antonioni (1970)

1 janvier 2014

No-Tav : quelques nouvelles des incarcérés du 9 décembre 2013

Des nouvelles des arrêté-e-s No Tav du 9 décembre 2013
Posted on 23 décembre 2013 by juralib

Claudio et Niccolò sont en cellule ensemble. Mattia est en face, désormais en cellule avec une personne arrêtée pendant les émeutes à piazza Castello pendant les journées de blocage de la ville (Turin). Ils sont dans le bloc D, première section. Une section spéciale, protégée. Leur régime prévoit la cellule fermée 24h/24, deux heures de promenade et aucun rapport avec les autres détenus. De 18h à 20h ils ont la « socialisation » tous les trois ensemble (c’est-à-dire qu’ils sont tous les trois enfermés dans une même cellule, ndt).

Chiara est à l’isolement. Cellule fermée. Promenade toute seule. Pas de socialisation.

Le courrier est censuré, retard de cinq ou six jours.

Les parloirs ont été autorisés à tou-te-s ceux/celles qui l’ont demandé, famille et compagnon-ne-s.

N’ENVOYEZ PAS DE TIMBRES, ILS NE LEUR SONT PAS REMIS.

Ils vont bien. Ils ont entendu les saluts et le rassemblement. Ils sont particulièrement enthousiastes par le bruit et le nombre de voix et de cris lors du rassemblement de samedi.

Pour leur écrire :

Chiara Zenobi
Niccolò Blasi
Claudio Alberto
Mattia Zanotti

c.c. via Maria Adelaide Aglietta 35
10151 Torino
ITALIA


Quelques actions de solidarité :

Giulianova (Teramo), 11 décembre 2013 : dans la nuit, le siège du parti démocrate recouvert de tags en solidarité avec les No Tav arrêtés. Sur les murs et les vitrines du local on pouvait lire : « Les terroristes c’est vous », « No Tav » et « Mattia, Claudio, Nicco et Chiara Libres ». De la peinture a également été répandue sur les serrures du local.

Piacenza, 13 décembre 2013 : dans la nuit, le siège des chasseurs alpins (militaires) a été recouvert de tags en solidarité avec les incarcérés.

Trento, 13 décembre 2013 : une trentaine de compagnons a bloqué pendant vingt minutes le Frecciargento (train à grande vitesse italien). La banderole déployée sur les rails disait « La lutte No Tav ne s’arrête pas. Liberté pour Chiara, Mattia, Nicco et Claudio ». Pendant le blocage interventions et distribution de tracts.

Turin, 14 décembre 2013 : grand rassemblement devant la prison. Environ 300 personnes sont venues exprimer pendant plusieurs heures leur solidarité à Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio, à grand renfort de slogans, pétards et feux d’artifice. Les 25 camionnettes de flics présentes les ont empêchées de s’approcher et le rassemblement s’est terminé par une manifestation aux alentours de la prison que les compagnon-ne-s emprisonné-e-s ont tout de même entendu.

Val Susa, 15 décembre 2013 : rassemblement puis manifestation d’environ 300 personnes dans la petite ville de Bussoleno. De nombreuses personnes sont intervenues au micro pour exprimer leur solidarité à Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio.

Toulouse (France), 17 décembre 2013 : blocage du péage de l’autoroute Toulouse/Paris (A620) en solidarité avec les arrêtés du 9 décembre. Mort à l’État qui affame, qui détruit, qui tue. Chiara, Claudio, Mattia, Niccolò, libre tout de suite, de nouveau à nos côtés dans la rue, sur les sentiers de la vallée et ailleurs. À eux va tout notre soutien.

Padoue, 18 décembre 2013 : dans la nuit, le siège du parti démocrate de Padoue a été recouvert de tags : « les terroristes c’est vous, liberté pour les No Tav ».

Reçu le 20 décembre 2013

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