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Amour, émeute et cuisine
Amour, émeute et cuisine
  • Quelques pensées sur la civilisation, considérée dans ses aspects politiques, "philosophiques", et culinaires, entre autres. Il y sera donc question de capitalisme, d'Empire, de révolte, et d'antiterrorisme, mais aussi autant que faire se peut de cuisine.
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4 avril 2020

L'autogestion en Algérie

Ahmed Mahsas, L'Autogestion en Algérie

L'autogestion en Algérie, Données politiques des ses premières étapes et de son application, de Ahmed Mahsas.*

4e de couverture : La lutte de libération sous toutes ses formes a mobilisé les masses populaires et élevé leur conscience politique. Ce potentiel précieux, résultat de sacrifices immenses, a permis de constituer dans la première étape de la libération l'ossature de l'organisation du pays. Mais la lutte pour le pouvoir et son corollaire, les crises successives, ont introduit dans les institutions des germes de contradictions qui affaiblissent la base du régime. Le succès de l'autogestion en Algérie dépendait de l'ensemble des éléments en interaction sur le plan national. Par un choix délibéré d'une approche critique des problèmes, l'auteur a tenté d'expliquer les faits négatifs rencontrés tant au niveau du secteur socialiste agricole qu'à celui des structures nationales. Le régime de Boumédiène a tenté jusqu'ici de nier les résultats positifs de l'expérience Ben Bella et de valoriser, de ce fait même, ses propres réalisations. "Si on peut, à juste titre, critiquer tel ou tel aspect de l'ancien régime et ses contradictions, on est en droit, écrit l'auteur, de démentir les allégations et les prétentions du régime actuel quant à ses réussites."

Extrait n°1 : Socialisme de mouvement, démocratie directe entre le sommet et la base, réduction des organismes intermédiaires ou de leur rôle, confiance dans une certaine spontanéité de la base, action et parfois activisme personnel, semblent les traits marquants de l'idéologie que Ben Bella imprimait au régime. Il est difficile de déterminer à quel niveau ces thèmes procédaient de la conviction doctrinale ou des nécessités de l'exercice du pouvoir.

Extrait n°2 : La spontanéité, lors même qu'elle se manifeste, n'est pas durable. Continuer de s'en inspirer comme semblait le faire le pouvoir, c'était exposer l'expérience naissante à de grandes difficultés.

Extrait n°3 : Leu conflit latent reposait officiellement sur le rôle du parti et de l'Etat, sur la prééminence à accorder à l'un ou à l'autre. Khyder revendiquait le rôle dirigeant du F.L.N. selon le programme de Tripoli. Ben Bella pensait (à l'époque) que le F.L.N. n'était qu'un rassemblement de masse à contenu idéologique limité et incapable de réaliser "les options". C'était donc à l'Etat qu'il revenait de diriger la vie du pays et de mettre en pratique ces dernières.

Extrait n°4 : Cependant l'ambition de réaliser un idéal doit être ajustée aux possibilités objectives du milieu.

*On trouvera, concernant la lutte des opprimés dans le monde, nombre de textes gratuits en ligne sur le site "Bibliothèque Jugurtha".

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2 avril 2020

Le salaire de la peur

Georges Arnaud, Le salaire de la peur

Le salaire de la peur, de Georges Arnaud.

Avertissement : Les apaches démodés se font tatouer au front le mot "Fatalitas". Mais le fatum latin n'a rien à voir dans cette hideuse et aveugle malchance par quoi ils aiment à expliquer leurs déboires. Le destin sait ce qu'il fait. Il est même méticuleux. 
Un tropical tramp, un jour ou l'autre, perd une jambe dans la gueule d'un requin ; contracte la lèpre ; vêtu d'un scaphandre, cherche des diamants dans un rio par six mètres de fond, avec, aux postes de sécurité, un équipier douteux. Ce n'est pas au hasard qu'on entre dans ces professions. Que de gens à qui une telle chose ne saurait arriver. 
Le destin prend son homme au berceau. 

A chacun de ces hommes est souvent ménagé un tête-à-tête avec sa propre mort. Elle porte des visages divers. Insidieuse, morne et terne aux jours de maladie et de misère ; muette, fluide aussi ; ou bien hurlante et ostentatoire. C'est, la nuit, un triangle du ciel où il n'y a pas d'étoiles. C'est aux bords d'une rivière claire comme celle d'Europe, le parasite mortel qui rongera les chairs. Peut-être autre chose. Le sujet de ce livre, par exemple. 
Ce n'est pas toujours la mort qui gagne. Mais, dès qu'elle redevient présente, le mot "là-bas" prend sa valeur. Oubliés, évanouis, gens et choses de là-bas : d'avant. Sur eux, les portes sont tirées. 
Alors, sans liens extérieurs, sans décors - du moins s'il en existe, n'ont-ils pas d'importance - la tragédie se noue entre l'homme et sa peur que, fuyant sa prison, il emmène avec lui, volens, nolens ; en bon français : Invitus invitam... Pour l'exprimer, les tramps ont rejeté les vrais mots ; ils emploient le blasphème et l'injure. De même, ils refusent de penser ; leur âme ne les intéresse pas. 
Parmis eux, l'homme intelligent, c'est celui qui tire au bon moment. La sensibilité a place au volant d'un camion. Il y a aussi un lyrisme de la pioche et de la battée. 
A ras de terre, ils vivent sous le soleil du tropique, d'une existence virile et triviale, en ombre chinoise. Ils ont dépouillé jusqu'à la sécheresse le faux pittoresque des prestiges empruntés.
Telle est la poétique du risque salarié.

Extrait n°1 : Ce qu'il y a d'empoisonnant, c'est de toujours regarder à ses pieds pour voir si on ne perd pas son chemin.

Extrait n°2 : La marihuana agissait. Jacques, depuis un quart d'heure, se prenait pour Franco. Il avait également décidé que l'indien à la pelade n'était autre qu'Evita Peron, l'épouse capiteuse du dictateur argentin.

Extrait n°3 : Le choix était pour eux bien simple : partir ou crever. Ils ne pouvaient partir, ils refusaient absolument de crever.

Extrait n°4 : Tant qu'il y a du squelette, il y a de l'espoir ; reste du moins une forme humaine. Un squelette, c'est une marchandise, négociable et tout, même transformable : on peut vendre, acheter, habiller un squelette. Il y a des marchands de squelettes, pour les étudiants en médecine et les Facultés. Tandis que cette boue qui se dispersera...

Extrait n°5 : Il est de cette race de types qui n'acceptent jamais ; qu'il faut assommer pour les porter à l'échafaud, qui, sur leur lit de mort, discutent le prix de leurs propres funérailles avec l'employé des Pompes funèbres.

31 mars 2020

La poétique de l'espace

Gaston Bachelard, La poétique de l'espace

La poétique de l'espace, de Gaston Bachelard.

4e de couverture : "Nous voulons examiner des images bien simples, les images de l'espace heureux. L'espace saisi par l'imagination ne peut rester l'espace indifférent livré à la mesure et à la réflexion du géomètre. Il est vécu. Et il est vécu, non pas dans sa positivité, mais avec toutes les partialités de l'imagination. Sans cesse l'imagination imagine et s'enrichit de nouvelles images. C'est cette richesse d'être imaginé que nous voudrions explorer."

Extrait n°1 : Les vraies maison du souvenir, les maisons où nos rêves nous ramènent, les maisons riches d'un fidèle onirisme, répugnent à toute description. Les décrire, ce serait les faire visiter. Du présent, on peut peut-être tout dire, mais du passé ! La maison première et oniriquement définitive doit garder sa pénombre.

Extrait n°2 : Quel bel exercice alors de la fonction d'habiter la maison rêvée que le voyage en chemin de fer ! Ce voyage déroule un film de maisons rêvées, acceptées, refusées... Sans que jamais, comme en automobile, on soit tenté de s'arrêter. On est en pleine rêverie avec la salutaire interdiction de vérifier.

Extrait n°3 : Qui enterre un trésor s'enterre avec lui. Le secret est une tombe et ce n'est pas pour rien que l'homme discret se vante d'être le tombeau des secrets.

Extrait n°4 : Le nid - nous le comprenons tout de suite - est précaire et cependant il déclenche en nous une rêverie de la sécurité. Comment la précarité évidente n'arrête-t-elle pas une telle rêverie ? La réponse à ce paradoxe est simple : nous rêvons en phénoménologue qui s'ignore. Nous revivons, en une sorte de naïveté, l'instinct de l'oiseau. Nous nous complaisons à accentuer le mimétisme du nid tout vert dans le feuillage vert. Nous l'avons vu décidément, mais nous disons qu'il était bien caché. Ce centre de vie animale est dissimulé dans l'immense volume de la vie végétale. Le nid est un bouquet de feuilles qui chante. Il participe à la paix végétale. Il est un point dans l'ambiance de bonheur des grands arbres.

Extrait n°5 : Quand je continue ainsi sans fin mes rêveries de philosophe indocile, j'en viens à penser que la voyelle a est la voyelle de l'immensité.

29 mars 2020

Quatrevingt-treize

Victor Hugo, Quatrevingt-treize

Quatrevingt-treize, de Victor Hugo.

4e de couverture : Le marquis de Lantenac, vieil aristocrate aux moeurs austères, est l'âme de l'insurrection vandéenne ; Cimourdain, issu du peuple, fait montre du stoïcisme intraitable des délégués de la convention ; Gauvain, neveu du marquis et fils adoptif de Cimourdain, est un noble qui a rejoint les rangs du peuple. A travers l'histoire de ces trois hommes condamnés à s'affronter, les péripéties sanglantes de la Révolution sont rachetées par l'intégrité morale de quelques-uns. Quatrevingt-treize, ou l'épopée de la Révolution française...

Extrait n°1 : Quelquefois il faut que la guerre enfonce les portes, quelquefois il faut qu'elle se glisse. La guerre civile doit toujours avoir dans sa poche une fausse clef.

Extrait n°2 : Défense lui étant faite d'aimer, il s'était mis à haïr. Il haïssait les mensonges, la monarchie, la théocratie, son habit de prêtre ; il haïssait le présent, et il appelait à grands cris l'avenir ; il le pressentait, il l'entrevoyait d'avance, il le devinait effrayant et magnifique ; il comprenait, pour le dénouement de la lamentable misère humaine, quelque chose comme un vengeur qui serait un libérateur. Il adorait de loin la catastrophe.

Extrait n°3 : La guillotine est une vierge ; on se couche sur elle, on ne la féconde pas.

Extrait n°4 : Une femme allaitait son nouveau-né, assise contre un pan de mur auquel était adossé son mari qui avait la jambé cassée et qui, pendant que son sang coulait, chargeait tranquillement sa carabine et tiirait au hasard, tuant devant lui dans l'ombre.

Extrait n°5 : La révolution extirpe la royauté dans le roi, l'aristocratie dans le noble, le despotisme dans le soldat, la superstition dans le prêtre, la barbarie dans le juge, en un mot, tout ce qui est la tyrannie dans tout ce qui est le tyran. L'opération est effrayante, la révolution la fait d'une main sûre.

27 mars 2020

Sur le concept d'histoire

Sur le concept d'Histoire, Benjamin

Sur le concept d'histoire, suivi de Eduard Fuchs, le collectionneur et l'historien et de Paris, la capitale du XIXe siècle, de Walter Benjamin.

4e de couverture : Au printemps 1940, quelques mois avant de se suicider, Walter Benjamin rédige une suite d'aphorismes denses et étincelants, bouleversants blocs de prose poétique au centre desquels rayonne Angelus Novus, le tableau de Klee, que le philosophe associe à l'Ange de l'Histoire. Réunis sous le titre "Sur le concept d'histoire", ces aphorismes sont le texte le plus commenté de Benjamin. Leur répondent ici deux autres essais : "Eduard Fuchs, le collectionneur et l'historien" (1937), et "Paris, la capitale du XIXe siècle" (1935), traversés par une même question : peut-on sauver le passé ?

Sur le concept d'histoire :

Extrait n°1 : Carc'est une image irrattrapable du passé qui menace de disparaître avec chaque présent qui ne s'est pas reconnu comme désigné en elle.

Extrait n°2 : Ce patrimoine ne doit pas seulement son existence aux peines des grands génies qui l'ont créé, mais aussi à l'indicible corvée qu'ont endurée leurs contemporains. Il n'est jamais une illustration de la culture sans être aussi une illustration de la barbarie.

Eduard Fuchs, le collectionneur et l'historien :

Extrait n°1 : L'historisme donne à voir l'image éternelle du passé ; le matérialisme historique, chaque expérience, toujours unique, qu'on fait de ce passé.

Extrait n°2 : Au slogan "travail et éducation" sous lequel les associations loyales envers l'Etat de Schulze-Delitzsch avaient mené la formation des ouvriers, la social-démocratie opposa le slogan "le savoir, c'est le pouvoir". Mais elle n'en vit pas la double signification. Elle pensait que ce même savoir qui consolidait la domination de la bourgeoisie sur le prolétariat permettrait à ce dernier de s'en libérer. En réalité, un savoir dépourvu d'accès à la pratique et incapable d'enseigner quoi que ce soit au prolétariat, en tant que classe, sur sa situation, ne pouvait nuire à ceux qui l'opprimaient.

Paris, la capitale du XIXe siècle :

Extrait n°1 : Dans le rêve, au sein duquel chaque époque voit surgir, sous forme d'images, celle qui va lui succéder, celle-ci apparaît unie à des éléments de l'histoire originelle, c'est-à-dire d'une société sans classe.

Extrait n°2 : Au fur et à mesure du développement des moyens de transports, la portée informative de la peinture diminue. En réaction à la photographie, elle commence par souligner les éléments colorés de l'image. Lorsque l'impressionnisme cède la place au cubisme, la peinture s'est créé un autre domaine dans lequel la photographie ne peut, dans un premier temps, la suivre.

Extrait n°3 : Le flâneur se tient encore au seuil, aussi bien de la grande ville que de la classe bourgeoise. Ni l'une ni l'autre ne l'a encore terrassé. Il n'est chez lui ni dans l'une, ni dans l'autre. Il va chercher asile dans la foule.

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26 mars 2020

Le capitalisme de la séduction

Le capitalisme de la séduction, Clouscard

Le capitalisme de la séduction, critique de la social-démocratie libertaire, de Michel Clouscard.

4e de couverture : La crise actuelle s'avère l'ultime expression de la négation du procès de production : prévalence des actionnaires sur les producteurs, prépondérence des services en Occident et "usine du monde" délocalisée partout ailleurs etc. Si cette négation tyrannique a été intériorisée même par ses victimes, c'est qu'elle est au résultat de ce long dressage que réalisa le "libéralisme libertaire", dont Michel Clouscard a le premier théorisé le concept.

Pour faire pièce au progressisme issu de la Résistance, il s'agissait pour le capitalisme, avec le Plan Marshall, de créer un modèle "permissif pour le consommateur", mais toujours aussi "répressif envers le producteur". Ce fut alors d'une part l'initiation d'un "marché du désir", dont le Mai 68 sociétal a été ensuite le promoteur décisif, et qui eut tôt fait de réduire le désir au marché, et d'autre part le surgissement de nouvelles couches moyennes, tampon entre le capital et le travail et cibles de ce marché. Le modèle de consommation libidinal, ludique et marginal pour le happy few fut alors décrété seul horizon d'émancipation. "Tout est permis mais rien n'est possible."

Relire cette oeuvre monumentale, c'est donc se réapproprier notre histoire jusqu'à la crise actuelle.

Extrait n°1 : Ce qui était censé être l'opposition au pouvoir va devenir l'alibi même du pouvoir. C'est le principe du pourrissement de l'histoire. Et le triomphe de la "bête sauvage" : la société civile.

Extrait n°2 : La farouche guerre des sexes n'est qu'une querelle de consommateur.

Extrait n°3 : Tous, ayant voulu le même modèle sélectif, se retrouveront dans la même culture de masse. Celle-ci, fondamentalement snob, se dira populaire.

Extrait n°4 : Le droit à la différence - ce fameux droit à la différence revendiqué avec tant de passion par les doctrinaires du libéralisme - va permettre de situer les nouvelles hiérarchies sociales. Celles du potlatch de la consommation mondaine. Différences qui ont fonction idéologique de "dépasser" les hiérarchies du procès de production : les classes sociales. Droit à la différence qui prétend rendre subsidiaire le critère de classification selon ces classes sociales. Des stratifications d'une autre époque, révolue, nous dira-t-on.

Nous avons déjà constaté que les différences définies par le procès de consommation n'étaient que des corporatismes de consommateurs. Le droit à la différence se révèle n'être qu'une stratégie de diversion, de séduction, d'intégration.

25 juin 2019

La poétique de la rêverie

Bachelard, la poétique de la rêverie

La poétique de la rêverie, de Gaston Bachelard.

4ième de couverture : "Dans les heures de grandes trouvailles, une image poétique peut être le germe d'un monde, le germe d'un univers imaginé devant la rêverie d'un poète. La conscience d'émerveillement devant ce monde créé par le poète s'ouvre en toute naïveté. [...] L'exigence phénoménologique à l'égard des images poétiques est d'ailleurs simple : elle revient à mettre l'accent sur leur vertu d'origine, à saisir l'être même de leur originalité et à bénéficier ainsi de l'insigne productivité psychique qui est celle de l'imagination." / Gaston Bachelard (1882-1962) : Professeur de philosophie à la Sorbonne après avoir enseigné avec passion la physique et la chimie au lycée, Gaston Bachelard, figure emblématique majeure de l'épistémologie française, s'est affirmé par un pan entier de son oeuvre "poétique" comme un grand "rêveur de mots".

Extrait N°1 : Le rêveur de la nuit ne peut énoncer un cogito. Le rêve de la nuit est un rêve sans rêveur. Au contraire, le rêveur de rêverie garde assez de conscience pour dire : c'est moi qui rêve la rêverie, c'est moi qui suis heureux de rêver ma rêverie, c'est moi qui suis heureux du loisir où je n'ai plus la tâche de penser.

Extrait n°2 : Nous croyons pouvoir montrer aussi que les mots n'ont pas exactement le même "poids" psychique selon qu'ils appartiennent au langage de la rêverie ou au langage de la vie claire - au langage reposé ou au langage surveillé - au langage de la poésie naturelle ou au langage martelé par les prosodies autoritaires. Le rêve nocturne peut bien être une lutte violente ou rusée contre les censures. La rêverie nous fait connaître le langage sans censure.

Extrait n°3 : Les grandes personnes écrivent trop facilement des contes pour les enfants. Elles font ainsi des fables d'enfantillages. Pour entrer dans les temps fabuleux il faut être sérieux comme un enfant rêveur.

Extrait n°4 : Et si nos songes nourrissent un peu nos actes, il y aura toujours un bénéfice à méditer sur nos plus anciens songes dans l'atmosphère de l'enfance.

Extrait n°5 : Et voici pour nous, entre rêve nocturne et rêverie, la différence radicale, une différence relevant de la phénoménologie : alors que le rêveur de rêve nocturne est une ombre qui a perdu son moi, le rêveur de rêverie, s'il est un peu philosophe, peut, au centre de son moi rêveur, formuler un cogito.

23 juin 2019

L'homme qui rit

L'homme qui rit, victor hugo net

L'homme qui rit, de Victor Hugo.

4ième de couverture : [...] Lorsqu'il publie L'homme qui rit en 1869, Hugo le présente comme le roman de l'aristocratie, premier volume d'une trilogie consacrée à une histoire de la Révolution que Quatrevingt-Treize achèverait. Dénonciation du despotisme de l'aristocratie, méditation historique et métaphysique, c'est aussi une oeuvre foisonnante et baroque, où Hugo nous donne à réfléchir sur la misère et sur le peuple, sur l'amour et sur le désir, aussi bien que sur le Mal.

Extrait n°1 : C'était une minute d'anxiété préalable où il semble que les éléments vont devenir des personnes, et qu'on va assister à la transfiguration mystérieuse du vent en aquilon. La mer va être Océan, les forces vont se révéler volontés, ce qu'on prend pour une chose est une âme. On va le voir. De là l'horreur. L'âme de l'homme redoute cette confrontation avec l'âme de la nature.

Extrait n°2 : L'antique comparaison de la chair avec le marbre est absolument fausse. La beauté de la chair, c'est de n'être point marbre ; c'est de palpiter, c'est de trembler, c'est de rougir, c'est de saigner ; c'est d'avoir la fermeté sans avoir la dureté ; c'est d'être blanche sans être froide ; c'est d'avoir ses tressaillements et ses infirmités ; c'est d'être la vie, et le marbre est la mort.

Extrait n°3 : Les lords ont des bêtes féroces à eux qu'ils mettent dans leurs armoiries. Comme Dieu n'en a pas fait assez, ils en inventent.

Extrait n°4 : - Oui, murmura Gwynplaine pensif, c'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches.

Extrait n°5 : D'instinct le peuple de Southwark évitait, nous l'avons dit, cette rue entre prison et cimetière. Jadis elle avait été barrée la nuit d'une chaîne de fer. Très inutile ; car la meilleur chaîne pour fermer cette rue, c'était la peur qu'elle faisait.

27 mai 2019

Aimer hier

Anders, Aimer hier

Aimer hier, de Günther Anders.

4ième de couverture : Si l'on connait le penseur de la déréalisation du monde, de la déshumanisation du quotidien, de la marchandisation générale, les lecteurs français n'ont pas eu encore accès aux écrits plus personnels rédigés par le philosophe allemand en exil.
Les textes qui composent ce volume, extraits de ses journaux intimes de New York des années 1947-1949, ont pour objet des seniments, les siens et ceux de ses compagnons de destin. Anders pour autant ne se livre pas en ces pages à l'exploration de sa vie intérieure, ni ne découvre des strates de son moi par goût de la confession. Les réactions émotionnelles qu'il consigne pour lui des exemples caractéristiques traduisant l'existence de fossés tant générationnels qu'intra ou interculturels, qu'il appréhende dans une perspective historique.
Anders a fait valoir, dans le premier volume de L'Obsolescence de l'homme, l'intérêt d'un histoire du sentiment ; les pages qui suivent portent l'esquisse d'un tel projet, et l'amour en constitue le fil rouge.

En 1979, Anders déclarait dans un entretien avec Mathias Greffrath : "[...] j'ai tenu un journal sur le fait amoureux en Amérique. au moment où je l'ai écrit, il s'appelait Lieben heute (Aimer aujourd'hui). Maintenant, je l'ai rebaptisé Lieben gestern (Aimer hier). Et s'il paraît un jour, il faudra sans doute qu'il s'appelle Lieben vorgestern (Aimer avant-hier)..."

Extrait n°1 : Que cette réhabilitation de l'amour, cette confusion entre un bouillonnement et une activité, cet usage d'une notion issue du travail ("la performance") pour désigner un sentiment, fasse l'effet d'une falsification aux yeux de ceux qui travaillent, en particulier de ceux qui, à force de travail, n'ont jamais pu accéder à l'amour, n'est pas seulement compréhensible, mais légitime.

Extrait n°2 : La conscience d'avoir partagé avec l'autre des expériences et des dangers confère un sentiment de proximité que les liens érotiques, si forts soient-ils, peuvent difficilement concurrencer.

Extrait n°4 : Désormais, la situation amoureuse est en contradiction avec la "réalité". Le sentiment d'une "discordance" dans les actes se fait jour.

Extrait n°5 : il est évident que l'amour représente, en soi, une ruse de la nature, une astuce qui permet de fixer sur un objet d'amour précis la pulsion "universelle".

22 mai 2019

Philosophie

Karl Marx, Philosophie

Philosophie, de Karl Marx.

Avec : Argent, Etat, prolétariat / Economie et philosophie / De l'abolition de l'Etat à la constitution de la société humaine / La Sainte Famille ou critique de la critique / L'idéologie allemande / La manifeste communiste / De la critique de l'économie politique / Du Capital.

Extrait n°1 : On verra alors que, depuis longtemps, le monde possède le rêve d'une chose dont il lui suffirait de prendre conscience pour la posséder réellement. On s'apercevra qu'il ne s'agit pas de tirer un grand trait suspensif entre le passé et l'avenir, mais d'accomplir les idées du passé. On verra enfin que l'humanité ne commence pas une oeuvre nouvelle, mais qu'elle réalise son oeuvre ancienne avec conscience.

Extrait n°2 : Dans l'Etat germano-chrétien, le pouvoir de la religion est la religion du pouvoir.

Extrait n°3 : La misère religieuse est tout à la fois l'expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elle est l'esprit d'un état des choses où il n'est point d'esprit. Elle est l'opium du peuple.

Extrait n°4 : De même que la philosophie trouve dans le prolétariat ses armes matérielles, de même le prolétariat trouve dans la philosophie ses armes spirituelles [...]

Extrait n°5 : Là où il existe des partis politiques, chacun voit la cause de tout mal dans le fait que son adversaire est au gouvernail de l'Etat, et non pas lui. Même les politiciens radicaux et révolutionnaires cherchent la cause du mal non dans la nature de l'Etat, mais dans une forme spécifique de l'Etat, qu'ils veulent remplacer par une autre forme d'Etat.

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