Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Amour, émeute et cuisine

Amour, émeute et cuisine
  • Quelques pensées sur la civilisation, considérée dans ses aspects politiques, "philosophiques", et culinaires, entre autres. Il y sera donc question de capitalisme, d'Empire, de révolte, et d'antiterrorisme, mais aussi autant que faire se peut de cuisine.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
21 février 2014

Flic de Paris

Flic de Paris - Jehan Jonas, 1967 : T'es qu'un flic de Paris, t'es qu'un flic de Paris / T'es la flicaille des gens honnêtes / Avec un oeil dans nos assiettes, / Tu fais l'beau aux sorties de l´usine / L'air aggripant de Steve Mac Queen / Les pigeons font sur nos toitures / C'que tu fais toi sur nos voitures, / Autant qu'ils visent les monuments / Que toi t'évites les gouvernants / T'es qu'un flic de Paris, t'es qu'un flic de Paris / T'as d'l'avancement qui s'croise les bras / Dans les idées lorsque t'en as, / Tu bouches à droite pour le turbin, / Tu votes à gauche pour t'faire du bien / Comme une Peau d'Âne qui aurait pas tout, / T'es d´la pèlerine et rien en d'ssous, / De la baudruche assermentée / Gonflée au vent de la société / Bref un flic de Paris, bref un flic de Paris / Dans le panier de la connerie / Tu vas taper sur les gars qui / N'ont pas voulu marcher tout droit / Et qu'ton odeur n´impressionne pas / Tu m'diras qu'tu fais ton boulot / Qu't'es pas payé pour le cerveau, / Heureusement qu'on t'paye pas pour ça / Parce que sinon tu boufferais quoi ? / P't-être les flics de Paris, p't-être les flics de Paris / Depuis qu't'as prononcé tes voeux / Tu as l'esprit qui boite un peu, / Moitié par les coups du regret, / Moitié par les coups d'beaujolais / Si tu fous tes amis au clou / Pour un danger qui t'serre le cou, / Garde le ridicule qu'on te donne, / C'est l'seul au moins qui n'tue personne / Même les flics de Paris, même les flics de Paris / Chez toi, quand on pose des questions, / C'est pas à coups d'conversation, / Même quand t'interroges le bon Dieu / Y ressort jamais avec des bleus / T'as la manière d'te rendre utile / En uniforme ou en civil, / T'as beau bouffer du Gargantua, / T'es jamais qu'un larbin de l'Etat / Et un flic de Paris, et un flic de Paris / Enveloppé de ta sépulture / On t'sortira d'la préfecture / Pour un p'tit coin à concessions / Où on f'ra pousser des bâtons / En attendant tu fais des p'tits, / Tu bouches le soleil de Paris / Pour que continue la synthèse / De cette spécialité française / Qu'est le flic de Paris, qu'est le flic de Paris.

Publicité
18 février 2014

L'Espagne s'embrase

Février 2014, l'Espagne s'embrase : Multiples manifestations et répression dans le silence des médias français...

voir l'article ICI !

9 février 2014

Grande manifestation contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes !

ob_483503_afficheverte-manif-2014-02-22

Grande manif le 22 février 2014 à Nantes, contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et son monde

 

IMPOSSIBLE D’ALLER A NANTES POUR LA GRANDE MANIF DU 22 FEVRIER ?

Des manifestations locales sont aussi organisées !

A LYON, le 22 Février: Journée de soutien à la lutte contre l'aéroport et contre tous les projets inutiles (TGV Lyon-Turin, A45, OL Land, nucléaire, OGM, gaz de schiste...)

- Rassemblement dès 10h30 place Bellecour, stands, prises de parole, pique-nique partagé...

- Déambulation à 14h à pied ou à vélo

- Soirée festive à la ZAD de Décines (OL-LAND) 18 h soupe populaire, concert... Cette action est organisée par les comités nddl38, nddlopposition42410, rhonenddl et leurs divers soutiens.

A ROANNE, également le 22 février : Pour ceux qui ne peuvent pas se libérer pour rejoindre NDDL, Vivre Bio en Roannais et la Confédération Paysanne de la Loire proposent une mobilisation locale en écho au grand projet inutile d'aéroport NDDL. Rdv sera donné à Mably Bonvert (vers Roanne) où un site agricole - en lutte, parmi plein d'autres - est menacé d'artificialisation.

9 février 2014

Grande manifestation contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes !

ob_483503_afficheverte-manif-2014-02-22

Grande manif le 22 février 2014 à Nantes, contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et son monde

 

IMPOSSIBLE D’ALLER A NANTES POUR LA GRANDE MANIF DU 22 FEVRIER ?

Des manifestations locales sont aussi organisées !

A LYON, le 22 Février: Journée de soutien à la lutte contre l'aéroport et contre tous les projets inutiles (TGV Lyon-Turin, A45, OL Land, nucléaire, OGM, gaz de schiste...)

- Rassemblement dès 10h30 place Bellecour, stands, prises de parole, pique-nique partagé...

- Déambulation à 14h à pied ou à vélo

- Soirée festive à la ZAD de Décines (OL-LAND) 18 h soupe populaire, concert... Cette action est organisée par les comités nddl38, nddlopposition42410, rhonenddl et leurs divers soutiens.

A ROANNE, également le 22 février : Pour ceux qui ne peuvent pas se libérer pour rejoindre NDDL, Vivre Bio en Roannais et la Confédération Paysanne de la Loire proposent une mobilisation locale en écho au grand projet inutile d'aéroport NDDL. Rdv sera donné à Mably Bonvert (vers Roanne) où un site agricole - en lutte, parmi plein d'autres - est menacé d'artificialisation.

 

AUTRE SOUTIEN

Le samedi 15 février le collectif stéphanois de soutien à la lutte de Notre-Dame-des-Landes s'associe avec le fameux p'tit resto de la Gueule Noire pour vous proposer un menu vegétalien (l'argent du repas servira a soutenir la lutte localement ou sur la ZAD).

RDV le 15 février à 12h à la Geule Noire, 16 rue du Mont à Saint-Etienne (adhésion au lieu et repas à prix libre).

Voir l'affiche ci-dessous.

Faites circuler l'info!

A bientôt donc!


Le collectif stéphanois de soutien à la lutte de Notre-Dame-des-Landes.

petit resto zad

8 février 2014

Cinquième festivité : Feu de tous les journalismes !

moniale copier

Cinquième festivité : En ces temps transparents, on "inventa" une arme plus horrifique et implacable encore que celles à feu qui étaient vendues un peu partout dans le monde par l'industrie marchande : celle du journaliste qui, tel un alarmant jeune puceau, ne devait plus cesser de feindre l'indignation et la surprise devant l'existence d'un tel commerce mortifère. Mais c'est qu'on voulait par là nous faire accroire ceci que le monde-marchandise ne saurait connaître cet obscène et mortel marché autrement qu'après avoir été corrompu ; quand c'est la mort et l'obscénité qui en était la nature même, et absolument. Le journaleux toutefois, jamais avare en discours affligés et si plein de compassion pour ses "frères" humains, ne devait jamais manquer non plus de continuer à faire savoir aussi à quel point il était étonnant de voir circuler tant d'armes militaires occidentales sur tant de théâtres de guerre pourtant tous plus ou moins également loin de l'occident. Mais s'imaginait-t-il donc qu'on trouvât maintenant si aisément à les vendre sur des zones pacifiées, ces armes, qu'il en était devenu inutile de les vendre là où elles découvraient toujours de quoi exercer leurs divers pouvoirs destructeurs. La puissance de la marchandise, même parvenue à son ultime degré d'accomplissement, n'offrait pas encore aux marchands de vendre un frigo à l'habitant du pôle nord sans que ce dernier ne montrât quelque "ingénieuse" et heureuse réticence.

cf : le documentaire "Des armes pour le monde", diffusé sur Arte, le mardi 4 février 2014.

lieutenants-et-journalistes-a-canjuers 00 copier

La Moniale, février 2014

Publicité
4 février 2014

Les Ignorants

Les-Ignorants (2011)

Les Ignorants, récit d'une initiation croisée, de Etienne Davodeau, 2011.

4ième de couverture : Etienne Davodeau est auteur de bande dessinée, il ne sait pas grand chose du monde du vin. Richard Leroy est vigneron, il n'a quasiment jamais lu de bande dessinée.

Mais ces deux-là sont pleins de bonne volonté et de curiosité. Pourquoi choisit-on de consacrer sa vie à écrire et dessiner des livres ou à produire du vin ? Comment et pour qui les fait-on ?

Pendant plus d'une année, pour répondre à ces questions, Etienne est allé travailler dans les vignes et dans la cave de Richard, lequel, en retour, s'est plongé dans le monde de la bande dessinée.

Ils ont ouvert de nombreuses bouteilles et lu pas mal de livres. Ils se sont baladés, à la rencontre d'auteurs et de vignerons passionnés par leur métier.

Etienne Davodeau fait le pari qu'il existe autant de façons de réaliser un livre qu'il en existe de produire un vin. Il fait le constat que l'un et l'autre ont ce pouvoir, nécessaire et précieux, de rapprocher les êtres humains.

C'est le joyeux récit de cette initiation croisée que vous propose Les Ignorants.

 

Extrait n° 1

Les ignorants extrait 1

 

Extrait n°2

Les ignorants extrait 2

 

Extrait n°3

Les ignorants extrait 3

 

Extrait n°4

Les_ignorants_extrait_4

23 janvier 2014

In-corporation techno-tic

Formation et emploi
La somme des con-formés est égale à la masse des con-sommateurs. Cette masse est l'instrument de l'inertie du système.

1 - L'incapacité à dévisser un siphon s'apprend ; l'être ainsi apprêté est un consommateur. Au nom de l'égalité de tous face au savoir, on crée le socle commun dont la diffusion entraîne mécaniquement le recul de l'apprentissage par chacun de ce que les autres ne savent pas. Le socle commun diminue la somme totale des savoirs au sein de l'humanité.(1)
La « pollution » de chacun par des savoirs jugés universellement nécessaires entraîne une uniformisation générale, autrement dit l'épuration du tout.(2) L'universalisation des savoirs s'accompagne d'un morcellement des savoir-faire, lequel a pour fin que chacun soit toujours obligé d'en passer par la sphère marchande pour satisfaire le moindre de ses désirs ou besoins.(3)

2 - À l'école, le remplacement des travaux manuels par le cours de technologie montre assez déjà combien la société de consommation a besoin que les seuls savoirs pratiques enseignés aux futurs consommateurs soient ceux dont la mise en œuvre suppose des outils qu'ils ne posséderont jamais.(4)
Les enfants toucheront à toutes les technologies, sans jamais revenir sur aucune, si bien qu'ils oublieront immédiatement ce qu'ils ont fait.(5)
L'initiation à tout est de mise. Parce qu'il s'agit d'éveiller en lui de faux « désirs » tout en rabaissant l'estime qu'autrement il eût pu avoir de lui-même,(6) on souhaite que le consommateur sache ce qu'on sait faire, tout en lui interdisant de savoir le faire lui-même.
Un travailleur sans estime de soi se révèle toujours plus facilement exploitable à merci.
Le sans-emploi (l'inutile) se fait chercheur d'emploi (mendiant).
Dans le monde réellement renversé, il y a des bénéficiaires de l'Obligation d'Emploi,(7) cette sous-catégorie des obligés de bénéficier d'un emploi.(8)
Au cours d'une lutte massive et égoïste sur le marché du travail, l'inutile ne peut qu'apprendre à estimer qui serait généreusement susceptible de lui offrir un emploi (l'exploiteur), aussi sûrement qu'il apprend à combattre une bonne part de ses camarades inutiles (prolétaires).(9)
Les utiles (em-ployés), eux, haïssent les inutiles parce qu'ils sont assistés,(10) et haïssent les accédant à l'utilité, en tant que futurs occupants probables d'un poste équivalent au leur, mais dans des conditions inférieures qui menacent leur propre emploi ou au moins le peu de qualité de vie qu'un tel emploi leur offrait encore.
Ces mêmes utilisés n'oublient qu'assez rarement de faire à la fois le procès d'un supposé laxisme exercé envers ceux qui ne détiennent que leur puissance d'agir et osent en user, et l'apologie de la flexibilité de celui qui vend cette puissance.

Le sensible et l'in-formation
L'accélération des uns rend de plus en plus criante la relative lenteur des autres, et bientôt la plupart des Hommes ne serviront plus que de support agricole et industriel à la domination transhumaine informatisée.

1 – Des cinq ou huit sens que possède l'être humain, on ne sait en stimuler artificiellement que deux – l'audition moins que la vue. Les progrès de la technologie pour nous donner l'illusion d'autres stimuli n'avançant pas assez rapidement, on s'applique à en effacer l'existence au sein du réel ; par le lissage on nous retire le toucher, par l'irrigation et le sucre on nous prive du goût, par l'hygiène des odeurs, par la climatisation de la chaleur et du froid, par l'anesthésie de la douleur et de toute activité supposant un certain sens de l'équilibre ou une proprioception tant soit peu développée.

2 – Il est devenu inadmissible, à la campagne, de n'avoir ni autoroute ni haut-débit.(11) Une personne valide habitant en milieu rural, (in)soumise à la fracture numérique, se retrouve en situation de handicap.
Or la compensation du handicap suppose, pour que la personne handicapée n'ait aucun besoin d'amis, non seulement l'augmentation de ses capacités naturelles, mais aussi le lissage du monde afin que la situation de handicap soit elle-même liquidée. L'égalité des chances suppose que la boue, la neige, les travaux de voirie, mais également la montagne et la nuit,(12) soient normalisés afin de permettre « à l'envi » la circulation permanente de tous à une égale vitesse, que l'on voudra toujours plus élevée.
L'abolition de la nuit a d'ailleurs pour objet, entre autres, de forclore en nous toutes possibilités de développer un autre sens que celui de la vue.

3 – Pour assurer un transit fluide, régulier, prévisible, insoumis aux aléas mécaniques, les outils de notre mobilité nous sont bientôt retirés : l'électronique embarqué remplace la manivelle, les dynamos de moyeu conquièrent les vélos même non électriques, le covoiturage remplace le stop, l'autopartage la voiture familiale, et le leasing se substitue au garagiste. Pour que ça « aille », il faut constamment augmenter la puissance des laxatifs administrés.
Dans un monde visuel-virtuel, peu importe que l'on se déplace ou pas : l'augmentation concomitante de la vitesse de déplacement physique et des masses de données nécessaires à une illusion de plus en plus réaliste identifie toujours plus le déplacement physique à la transmission de données, sur un plan énergétique et aussi bien pratique.
La suppression des distances concourt à l'in-formatisation des hommes – et vice versa -, et en premier lieu celle des habitants riches des villes ayant accès aux moyens de transports performants ; l'idéal vers lequel tendre étant la téléportation.(13)
S'ils nous laissaient vivre, nous pourrions laisser les transhumains (in-formés) « transhumer » comme ils veulent, mais la tendance n'est malheureusement pas à la tolérance vis-à-vis des objecteurs de mobilité.(14)

4 – Le consommateur n'est jamais en empathie avec l'autre ; il est en empathie avec la marchandise.
Si les mannequins sont maigres, ce n'est pas parce qu'on exige d'eux qu'ils soient les représentants d'un certain sex-appeal, mais bel et bien les V.R.P. d'une esthétique de cintres. Si jadis la beauté de celui-là qui portait un vêtement visait encore à mettre en valeur ce dernier aussi sûrement que la beauté du vêtement cherchait à mettre en valeur celle de son porteur, tout de nos jours consiste à effacer l'humain.
En sorte que les mannequins, en tant qu'avant-garde efflanquée de l'être-humain informatisé, doivent nécessairement en présenter toutes les « informités » ; ils ne sont plus, en dernière analyse, que des supports publicitaires, et c'est en quoi au même titre que le tablettes informatiques ils se doivent d'être ultraplats.(15)

Croissance et mobilité
Inertie de l'accélération et pas de côté.

Dans le système capitaliste, l'intérêt des dettes doit être compensé par la croissance, et la survie d'un tel système suppose dès lors une constante accélération.(16)
L'utile doit rester employé pour demeurer consommateur : l'inertie d'une telle (im)posture ne peut guère faire autrement que le pousser à courir toujours plus vite pour sou-tenir la croissance et main-tenir son emploi.(17)
La professionnalisation de la solidarité n'est pas une solution à la disparition des liens,(18) ne serait-ce qu'en ceci qu'elle remplace l'autonomie par de la croissance et de l'emploi.(19)
Plus la masse des consommés (produits) est grande, plus aussi l'inertie du système est importante, et plus il nous faut de forces, de puissances, pour changer de cap.(20)
Pour provoquer un changement de direction dans un système, il est nécessaire d'exercer une force d'attraction, ou de répulsion de l'extérieur sur ce système. Il s'agit donc autant que faire se peut de quitter la masse des conformés, la somme des consommateurs des inutiles et des employés, en commençant par faire un pas de côté.
On nomme depuis quelques temps les employés collaborateurs ; l'injonction à s'insérer ne peut plus dès lors que nous inciter à résister par la désertion : le pas de côté, aujourd'hui, c'est le maquis.

La Capuchine 03 copier

La Capuchine, janvier 2014

20 janvier 2014

Essai sur les données immédiates de la conscience

Essai sur les données immédiates de la conscience (1889)

Essai sur les données immédiates de la conscience, de Henri Bergson, 1889.

Extrait n°1 : Décidés à interpréter les changements de qualité en changements de quantité, nous commençons par poser en principe que tout objet a sa couleur propre, déterminée et invariable. Et quand la teinte des objets se rapprochera du jaune ou du bleu, au lieu de dire que nous voyons leur couluer changer sous l'influence d'un accroissement ou d'une diminution d'éclairage, nous affirmerons que cette couleur reste la même, mais que notre sensation d'intensité lumineuse augmente ou diminue.

Extrait n°2 : Quant à l'intervalle lui-même, quant à la durée et au mouvement, en un mot, ils restent nécessairement en dehors de l'équation. C'est que la durée et le mouvement sont des synthèses mentales, et non pas des choses ; c'est que, si le mobile occupe tour à tour les points d'une ligne, le mouvement n'a riend de commun avec cette ligne même ; c'est enfin que, si les positions occupées par le mobile varient avec les différents moments de la durée, s'il crée même des moments distincts par cela seul qu'il occupe des positions différentes, la durée proprement dite n'a pas de moments identiques ni extérieurs les uns aux autres, étant essentiellement hétérogène à elle-même, indistincte, et sans analogie avec le nombre.

Extrait n°3 : En d'autres termes, la question de la liberté sort intacte de cette discussion ; et cela se comprend sans peine, puisqu'il faut chercher la liberté dans une certaine nuance ou qualité de l'action même, et non dans un rapport de cet acte avec ce qu'il n'est pas ou avec ce qu'il aurait pu être.

Extrait n°4 : Mais les moments où nous nous ressaisissons ainsi nous-mêmes sont rares, et c'est pourquoi nous sommes rarement libres. La plupart du temps, nous vivons extérieurement à nous-mêmes, nous n'apercevons de notre moi que son fantôme décoloré, ombre que la pure durée projette dans l'espace homogène. Notre existence se déroule donc dans l'espace plutôt que dans le temps : nous vivons pour le monde extérieur plutôt que pour nous ; nous parlons plutôt que nous ne pensons ; nous "sommes agis" plutôt que nous n'agissons nous-mêmes. Agir librement, c'est reprendre possession de soi, c'est se replacer dans la pure durée.

10 janvier 2014

Quatrième festivité : Café de Pays

Léolo AEC copier01

Quatrième festivité : "«L'Urssaf» un jour s'aperçut avec étonnement de ceci qu'il arrivait qu'un arpenteur de bars trouvât parfois bon de « rapporter » lui-même «son verre vide au comptoir», afin le plus souvent d'en commander un autre en «jouant des coudes». Estomaqué par cette incroyable découverte, considérant qu'il s'agissait bel et bien là de «travail dissimulé» et fort d'avoir pénétré ici l'un des plus ténébreux mystères abrités par tous ces lieux d'abjection depuis trop longtemps «tapis dans l'ombre» - telles des épiceries de sinistre mémoire -, l'organisme de collecte des cotisations sociales jugea fort judicieux d'exiger que «les gérants» d'un bistrot breton s'acquittassent «d'une amende qui, après pénalités», atteignit quand même «la coquette somme de 9000 euros» ; j'en profitai aussitôt quant à moi pour attaquer aux prud’hommes un vieil ami limonadier qui me devait plusieurs années d'un «travail» assidu sur son zinc."

Cf Le Monde/Big-Browser du 18 décembre 2013

Léolo, janvier 2014

9 janvier 2014

Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary

Lettre ouverte

Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, de Guy Hocquenghem, 1986.

Extrait n°1 : Cher ex-contestataires, Le retour de la droite ne vous rendra pas votre jeunesse. Mais c'est bien la gauche au pouvoir qui vous l'a fait perdre. Définitivement. Ce fut sous Mitterrand que vous vous êtes "normalisés" ; et sous Fabius que vous avez viré votre cuti. Pour devenir les néo-bourgeois des années 1980, les maos-gauchos-contestos crachant sur leur passé ont profité de l'hypocrisie nationale que fut le pouvoir socialiste. Sous lui, ils s'installèrent dans tous les fromages. Plus que personne, ils s'en goinfrèrent. Deux reniements ainsi se sont alliés : celui des "ex" de Mai 68 devenus conseillers ministériels, patrons de choc ou nouveaux guerriers en chambre, et celui du socialisme passé plus à droite que la droite. Votre apostasie servit d'aiguillon à celle de la gauche officielle. Mai 1968-mai 1986 : vos carrières ont atteint leur majorité. Le moment est venu d'en faire le bilan.

Extrait n°2 : Bref, vous vous reconvertirez sans peine, je vous fais confiance. Libération, cette Pravda des nouveaux bourgeois, saura aussi bien câliner les nouveaux gouvernements que l'ancien ; l'important, pour vous, n'est pas d'être de droite ou de gauche, mais d'être du côté du manche. D'où votre goût, à présent, pour le consensus des réactions, PS, RPR ou UDF. On ne tire pas sur une ambulance, mais on autopsie un cadavre. Pour disséquer la dictature défunte des opportunismes conjugués, entre Fabius et ex-maos, qui nous a gouvernés depuis cinq ans, j'ai patienté jusqu'à la fin de la comédie. Pour éviter de participer à la redistribution des cartes, évidente depuis des mois, j'ai préféré attendre qu'elle soit accomplie. Je ne voulais entrer en aucune querelle politicienne, ni aider, si peu que ce fût, à un retour des droitistes. Les alternances politiques m'indiffèrent. Ce qui est en question ici ne s'y ramène pas. Ce serait plutôt une question de génération. "Une génération [... qui] inaugure la rencontre entre la gauche et le capitalisme, [...] entre la technologie et le rêve, [...] entre le business et la création", comme l'écrivait un de vos journaux subventionnés (Globe). "Individualisme et réussite [...], responsabilité de génération", fanfaronne de son côté Actuel.

Extrait n°3 : Si je ne fais pas de procès politique, c'est parce que j'ai trop bien connu, à mes dépens, les procès politiques menés au nom du Prolétariat et de la Cause du peuple. Je n'ai jamais cru à la ligne juste ; toujours trop à gauche, ou trop à droite, toujours suspect d'esthétisme fascisant, j'étais, cher enfant, trotsko-surréaliste quand eux étaient stalino-althussériens, anarchiste spontanéiste quand ils étaient maoïstes d'acier. Je sais, c'est du passé, et peu importent ces vieilles étiquettes. Elles veulent tout de même dire ceci : mon arme, c'est le style libertaire dans l'action et la réflexion, qui s'éloigne nécessairement, pour moi, de la politicaille renégate comme de l'esthétisme rétro (voir L'Âme atomique, en collaboration avec René Schérer, pour ceux qui veulent vraiment savoir "d'où je parle" philosophiquement). Les procès, les exclusions, je connais, je me les suis tous tapés. Exclu de chez les trotskistes, les maos me cassaient la gueule ; des procès, tiens, en 1978 on m'en fit encore un, très officiel, à Libé, pour avoir écrit un papier dans Le Figaro-Magazine (où je racontais l'extermination des homosexuels en camps nazis). Alain Finkielkraut et Julien Brunn, dans des livres que tu n'as pas lus et qu'on a déjà oubliés, m'ont traité longuement d'antisémite agent de la nouvelle droite. L'inévitable Angelo Rinaldi m'a comparé à Lucien Rebatet pour un livre... écrit contre le racisme (La Beauté du métis).

Extrait n°4 : En France, les gens de culture ne sont jamais loin du merdier politicien, du pot de chambre de leurs maîtres. Littérature et culture paranoïaques, rêves de pouvoir mégalomaniaques, ces caractéristiques bien françaises, notre génération les a portées au point d'incandescence. Minuscules coups d'Etat qui ont la méchanceté des grands, le ridicule en plus, les révolutions culturelles françaises font se succéder, en littérature, en théâtre, en philosophie et même dans le monde des "variétés", des baudruches autoritaires. Finalement, camarades artistes, un ruban rouge à la boutonnière paiera cette agitation permanente au service du pouvoir. Vos frustrations d'ex-gauchistes sevrés de révolution ne pouvaient connaître qu'un exutoire : le partage des postes, l'intégration aux cercles de la puissance publique, l'entrée des artistes renégats de l'art dans le club très fermé des gouvernants et des manipulateurs despotiques. Tout comme, dit-on, on ne croit pas en Dieu au Vatican, l'endroit de France où on croit le moins à l'art est ce monde des artistes stipendiés, politiciens longtemps refoulés, issus de Mai 68, qui ne croient qu'au Pouvoir, jamais à l'imagination.

Publicité
Publicité