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Amour, émeute et cuisine
Amour, émeute et cuisine
  • Quelques pensées sur la civilisation, considérée dans ses aspects politiques, "philosophiques", et culinaires, entre autres. Il y sera donc question de capitalisme, d'Empire, de révolte, et d'antiterrorisme, mais aussi autant que faire se peut de cuisine.
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insurrection
7 juillet 2009

Les bureaucrates se ramassent à la pelle !

(Jacques Le Glou/Prévert-Kosma/1973))

Oh, je voudrais tant que tout ça devienne Des jours heureux, et la misère finie.
Mais maintenant nous sommes des rebelles, Et l'on peut voir, dans le monde, aujourd'hui : Les bureaucrates se ramassent à la pelle, Tu vois, ça pourrait foutrement bien changer,
Les bureaucrates se ramassent à la pelle, Leurs syndicats et leurs partis aussi.

Et la grève sauvage les emporte,
Avec le pouvoir qui les suit.
Tu vois, il faut s'organiser
Pour ne plus jamais travailler.

C'est une pratique qui nous rassemble, J'les assassine En Argentine.
Nous survisons tous deux ensemble,
Tu les fous en l'air Sur le port d'Anvers.

Mais le crime rapproche ceux qui baisent, Tout doucement, en faisant du bruit. Et le temps ne saurait effacer Le pas des amants tous unis.

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6 juillet 2009

Fox News fait de la pub pour "L'insurrection qui vient"

A quelques semaines de la publication en anglais du livre, un chroniqueur de la chaine ultraconservatrice Fox News appelle à lire ce texte dangereux afin de «connaître l'ennemi».

Source : Libération.fr du 03/07/2009

9 juin 2009

Un spectre hante l'Europe... (par Benjamin)

"Il y a eu mille petits soulèvements, et tout cela fait une seule guerre, incessante entre nous-même et nos esclaves, une guerre silencieuse, une guerre honteuse dont personne ne parle et dont les historiens répugnent à faire le récit.Il y a déjà eu des guerres entre nations, entre cités, entre partis et même entre frères... mais cette foi c’est un monstre qui est en nous, dans nos tripes, et qui lutte contre tous les partis, toutes les nations, toutes les villes."

in Spartacus, Howard Fast (Cicero à Helena à propos du mystère de la révolte des esclaves).

    "Julien Coupat" libéré, c’est un point de focalisation de l’attention publique qui se défait… personne ne s’en plaindra à commencer par lui qui pourra peut-être ainsi espérer se défaire du costume absurde que tant de bonnes âmes se sont efforcées de lui tailler.

    Il n’a pas manqué de chroniqueurs en mal d’inspiration, de pseudo-journalistes en peine de scoops crapuleux pour boucler leurs fins de mois… Tout aura une nouvelle fois été convoqué depuis sa libération surprise. Tout. Le vieux fond poujado-frustré de certains journalistes de la presse d’opinion, tant en vogue sous le régime présent, n’aura pas manqué d’écrire parmi ses plus belles pages à notre propos. Il y a quelques semaines encore, certains reporters détritivores ont su lécher les mains des enquêteurs jusqu’à obtenir quelques « révélations exclusives » toutes droit sorties des archives secret-défense de la DCRI, doublant ensuite de leurs propres mensonges, les approximations et les amalgames grossiers des « agents des services » en goguette dans la campagne limousine. Et on aura aussi eu droit aux voix souffreteuse de certains épigones de la chronique journalistique et à leurs ratiocinations sur l’irresponsabilité de toute pensée qui n’épargne pas l’ambiance surannée de nos vieilles démocraties.

    On nous parle d’ « argent » en « contradiction avec (nos) propres idées », de « fils à papa qui n’assument rien », d’intellectuels « pas sympathiques », « pédants », ou manquant sérieusement d’ « originalité », ou bien encore qui ne « proposent rien » (en effet nous ne voulons pas offrir de programme à un quelconque suffrage…). Au delà de nous accuser de ne pas assumer « nos idées », on ose même nous reprocher, à nous, de faire trop de bruit, quand tant d’autres moins « biens nés » et moins bien entourés sont interpellés, tabassés, enfermés en silence…

    Je ne m’arrêterai pas sur chacun de ces morceaux de bravoure, ils valent à peine l’énergie que demande leur lecture.

    Ce dont il importe de parler à la suite de cette libération inopinée, ce n’est rien d’autre que ce que nous nous sommes efforcés de mettre en avant envers et contre toute focalisation exclusive sur le personnage « Julien Coupat », ou sur celui de « la bande de Tarnac ». Si toute cette foire doit avoir servi à quelque chose c’est à retourner l’opération de communication du pouvoir contre son principe même. Mais comment ?

    L’opération de sidération permanente qui est au cœur du style de gouvernement sarkosyste, sans être elle-même particulièrement novatrice sinon efficace, repose sur la stigmatisation de populations cibles qui sont désignées comme l’autre absolu du cœur virtuel de la « citoyenneté républicaine ». Ce cœur virtuel sans qu’il soit jamais désigné comme tel est sans conteste blanc, européen, chrétien, entrepreneur, respectueux des lois, de la propriété et de l’argent. Il n’est évidemment plus de bon ton de le scander tout haut, même si on semble s’en cacher de moins en moins. Cette identité se dit donc en creux, au fil des figures qui sont désignées comme son opposé, ses « ennemis intérieurs », on renouvelle bien le vocabulaire, moins les principes… il y a eu le « juif », « l’anarchiste », « le rital », « le blouson noir », « le fellaga », il y a aujourd’hui les « bandes de jeunes de cité », les « noirs et les arabes », les « clandestins », les « islamistes », les « anarcho-autonomes », les « pirates », les « étudiants ultras », les « grévistes-voyous ».

    Ces « figures » ne fonctionnent que tant qu’elles restent irrémédiablement séparées dans l’imaginaire collectif. Au delà de l’entreprise de terreur (ou d’ « intimidation » selon l’interprétation qu’on fait des textes européens) menée par le pouvoir pour maintenir en état de sidération l’ensemble de la population, ce que craignent les réseaux de pouvoir -sans lesquels Sarkozy n’est rien- c’est bien que l’hétérogénéité (réelle) des ennemis de l’état des chose présent, ne se constitue en puissance consciente de renversement. Non pas un quelconque revival du grand soir mais la constitution en des points divers de nouages qui alimentent une intelligence collective diffuse et constituent positivement les forces capables de survivre au délitement des formes politiques existantes. Les mots pour dire ces forces sont pléthore. Ou bien manquent encore cruellement. Ils sont au mieux ceux du passé, au pire ceux du pouvoir, de l’occident globalisé. Abstenons nous de vouloir épingler ces forces à notre tour.

    Ces forces que l’on sent palpables au détour de chaque tour dans les quartiers populaires, de chaque cafétéria de grande banlieue, dans les facs bloquées, les usines occupées, les foyers Sonacotra, les villages qui résistent à la touristification, les anciennes colonies, les hôpitaux psychiatriques… partout où la force des choses, la colère ou le bon sens mènent les uns et les autres à sentir ce qui les distingue radicalement de la figure du « bon citoyen » (français ou européen qu’importe)… au nom duquel on surveille, on « sécurise », on ment, on tabasse, on extorque, on vend des armes, des centrales nucléaires, on exploite, on acculture, on affame, on rend stérile, on expulse, on enferme, on tue.

    Ce que l’on veut conjurer par dessus tout c’est le spectre du soulèvement. Lent, progressif, par saccades mais soulèvement bien réel, de ce qu’on finira bien un jour par devoir re-nommer « peuple ». Pas celui dont on se réclame mais bien celui qui partout, tout le temps, échappe à la normalisation et au contrôle, surgit là où ne l’attend plus.

Benjamin

15 avril 2009

L'écoeurement, Alors la révolution

9 mars 2009

Communiqué à l'adresse des grévistes de l'outre mer

    Aux grévistes de l'outre mer, fraternellement :

    Les populations des anciennes colonies françaises subissent depuis des années une exploitation plus odieuse encore que celle qui sévit sur nos têtes métropolitaines. Ce ne sont pas seulement les békés, ces héritiers des grandes familles colonialistes du passé, qui soumettent durement les peuples de l'outre mer aux lois scélérates du règne capitaliste, puisqu'aussi bien l'État français et les industriels qui l'accompagnent n'ont jamais cessé de traiter ces départements et territoires comme de simples protectorats, où chacun devra être à la fois corvéable(1) à merci et consommateur de produits métropolitains surtaxés. A l'évidence, si un réel partage des richesses n'existe réellement nulle-part dans le monde, l'outre mer français s'en voit privé plus encore au moins que ne l'est la métropole. Dépossédés de l'essentiel de leurs terres, ses habitants se sont vus contraints en même temps de n'y plus rien cultiver d'autres que la banane(2), ou presque. Or une telle contrainte les condamne invariablement à importer la quasi totalité des produits de première nécessité, et à les payer à vils prix, comme nous le disions devant ça. La vie chère combattue par les grévistes concerne bel et bien principalement la nourriture, et non les diverses babioles plus ou moins technologiques qui envahissent inlassablement les temples de la marchandise.

    Toutefois, le coût élevé de la survie en outre mer n'est pas l'unique difficulté soulevée par les grévistes. Quoi qu'en dise les médias de la métropole, la discrimination raciale reste un problème majeur sur ces territoires. Il est en effet patent que la « population noire » y subit une relégation sociale nettement plus importante que la « blanche » : sous-payée, dépossédée des ses terres, écartée de la presque totalité des centres de décisions, déplacée vers la métropole suivant les nécessités et exigences de celle-ci, toujours plus amputée de sa propre culture par les métastases d'une inique marchandisation de tout(3), cette population est renvoyée à sa propre négation – aussi a-t-elle joliment commencé de ne plus l'accepter.

    En dépassant l'égoïsme, en sortant des corporatismes et des catégories stupides où la domination spectaculaire-marchande les enfermait, les peuples de l'outre mer ont montré la voie. Les manipulations médiatiques, gouvernementales et policières n'y changeront plus rien. Par les efforts et les sacrifices qu'ils ont consentis, parfois pendant plus d'un mois, les françaises et français grévistes de l'outre mer nous ont rendu cette essentielle dignité dont des années de fatalisme nous avaient dépossédé. Ils nous ont démontré qu'un mouvement massif et durable pouvait encore offrir de nombreuses victoires sociales, puisque la plupart de leurs exigences ont fini par trouver des réponses favorables – même s'il reste à ce qu'elles soient appliquées. Il s'agit là pour nous, habitants de la métropole, d'un véritable message d'espoir. Nous les en remercions ici, et c'est encore trop peu. Sans vouloir écarter la spécificité de leur situation, nous avons aussi nos Békés et exploiteurs de toutes sortes, et la grandeur de leur lutte ne peut que nous encourager à la poursuivre ici et maintenant. Nul à présent ne pourra plus ni leur faire ni nous faire accroire que nos propres destins doivent toujours nous échapper en étant déposés entre les mains de quelques régnants pseudo-représentatifs. Il y a quelques mois seulement, Sarkozy affirmait encore sans sourciller mais en clignant de l'œil que lorsqu'il y aurait des grèves en France, personne n'en remarquerait plus l'existence. Or si une telle affirmation avait bel et bien pour elle de rassurer la frange la plus réactionnaire de son électorat, nous pouvons dire aujourd'hui grâce aux « ultra-marins »*, et quant à nous sans cligner de l'œil, qu'elle n'avait guère pour elle que cela : ces dernières semaines aux Antilles l'ont définitivement montré en reléguant pour longtemps aux oubliettes de l'Histoire cette cynique prétention sarkozienne, et nous en sommes ravis. Aussi souhaitons-nous manifester par ce communiqué notre inconditionnel soutien à tous ceux qui ont lutté en Guadeloupe et en Martinique, ou qui luttent encore à la Réunion, en Guyane, et ailleurs. Que l'État français ait trouvé bon d'envoyer 3500 policiers en Guadeloupe, par exemple, après avoir tenté dans un premier temps de laisser pourrir la situation(4), montre assez vers quelle violence il est prêt à s'engager lorsqu'il sent peser une menace sur l'industrie libérale dans son ensemble ; mais les guadeloupéens ont montré à leur tour, par leur détermination, qu'il était toujours encore possible de se battre pour une vie plus décente et plus digne, et d'emporter quelques victoires. En sorte que nous appelons tous les grévistes de l'outre mer à continuer la lutte, non seulement pour obtenir plus encore en ce qui concerne la survie, mais pour s'employer à créer une vie plus poétique qui reléguerait au loin le néant des seules relations marchandes. Nous réitérons ici l'affirmation de notre soutien inconditionnel, et nous nous engageons de notre côté à tout faire pour qu'en métropole aussi s'engage une vaste lutte : le mois de mai 1967 en Guadeloupe, qui s'était vu réprimé dans le sang, avait précédé celui de 1968 en métropole. Souhaitons qu'il en aille de même dans les jours prochains, sur une plus grande échelle et avec la victoire au bout.

    Le monde entier est un Béké-Land, il nous appartient d'en sortir tous ensemble, par le haut et radicalement.

Communiqué commun du collectif des étudiantes & étudiants en grève de l'université Jean Monnet à Saint-Étienne (42) et du comité stéphanois contre les lois anti-terroristes et la civilisation spectaculaire-marchande

__________________________________________________________________

Notes :

1 – Le fait que le taux de chômage soit très élevé dans ces territoires – près de 50% de chômeurs chez les jeunes guadeloupéens, par exemple – rend la mise en place d'une telle exploitation plus facile encore. Nous savons bien que les capitalistes n'aiment rien tant qu'être en présence d'une grande armée salariale de réserve (les chômeurs), sans laquelle ils ne seraient guère en mesure de maintenir longtemps les salaires des travailleurs au plus bas.

2 – Notons que cette mono-culture s'avère être aussi un désastre écologique, en particulier au regard du fait que la banane est un fruit qui ne supporte pas longtemps d'être exploité industriellement - en quoi d'ailleurs nous lui reconnaîtront un certain savoir-vivre. En effet, les bananes produites ainsi finissent par attraper de graves maladies, telles que la cercosporiose noire ou la maladie de panama qui exigent l'emploi d'une grande quantité de fongicides pour être évités, quand cela demeure possible.

3 – L'annihilation des cultures et des particularismes locaux est l'un des moyens qu'emploie pleinement le capitalisme pour détruire les fraternités et les solidarités qui pourraient çà et là lui résister. La « culture marchande », pour le dire simplement, provoque immanquablement une individualisation égoïste et sans phrase qui nie paradoxalement toutes les singularités et laisse chacun à l'isolement, sans identité, sinon celle d'être soi-même à la fois une entreprise et la marchandise qu'elle doit produire et vendre sur le marché : ici nul ne reconnaîtra plus ses frères, tous devront universellement se nier.

4 – La tactique consistant à laisser « moisir » une situation de crise, jusqu'à ce qu'elle s'essouffle, est devenue fort courante en ces temps désastreux. Le cynisme de Sarkozy lui est étroitement lié – qu'espère-t-il d'autre en effet que cet essoufflement quand il fait tout pour que les diverses crises existantes restent invisibles aux yeux du plus grand nombre. Les grèves étudiantes actuelles, par exemple, sont confrontées à cette même tactique du pouvoir qui les laisse presque entièrement ignorées du reste de la population.

* Ultra-marins : Habitants de l'outre mer.

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15 janvier 2009

Soirée de soutien aux insurgés grecs et aux inculpés de Tarnac

Soirée organisée dans le cadre des "10 jours contre les lois anti-terroristes".

10 janvier 2009

Appel des insurgés grecs

PLUS RIEN NE SERA JAMAIS COMME AVANT ...

PLUS RIEN ...

    Le 6 décembre, à 21 heures, un membre des forces spéciales de la police a arrêté son véhicule, visé un gamin de quinze ans et l'a abattu dans le quartier d'Exarchia, à Athènes. Ce meurtre n'est pas un cas exceptionnel ou isolé de violence policière. Le matin du même jour, des travailleurs immigrés qui faisaient la queue pour déposer une demande d'asile au poste de police situé sur l'avenue Petrou Ralli ont été attaqués par des flics anti-émeute. Suite à cette agression, un Pakistanais a été victime d'un grave traumatisme crânien et lutte depuis pour sa vie dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital Evangelismos. Ce ne sont là que deux cas pris parmi des dizaines d'autres similaires au cours des dernières années. La balle qui a transpercé le cour d'Alexis n'est pas une balle perdue tirée par un flic et qui aurait atteint le corps d'un adolescent «indocile». Elle résulte d'un choix : celui de l'État qui, par la violence, veut imposer la soumission et l'ordre aux milieux et aux mouvements qui résistent à ses décisions. Un choix qui vise à menacer tous ceux qui veulent résister aux nouvelles dispositions prises par les patrons dans le domaine du travail, de la sécurité sociale, de la santé publique, de l'éducation, etc. Ceux et celles qui travaillent doivent s'épuiser pour gagner une misérable paye mensuelle de 600 euros. Ils doivent bosser jusqu'à épuisement chaque fois que le patron a besoin d'eux, accepter d'effectuer des heures supplémentaires non rémunérées et d'être mis à pied chaque fois que les entreprises sont « en crise ». Et enfin, ils doivent se tuer au boulot chaque fois que l'intensification de la production l'exige, tout comme ces cinq dockers qui sont morts dans les chantiers de Perama, il y a cinq mois. Si ce sont des travailleurs immigrés, et qu'ils osent demander quelques euros de plus, ils seront tabassés et vivront sous un régime de terreur, tout comme les travailleurs et travailleuses agricoles employés dans les serres de fraises de Nea Manolada, dans l'ouest du Péloponnèse.

...NE SERA JAMAIS...

    Ceux et celles qui étudient doivent passer leur temps dans des salles de classe minables et payer des cours particuliers pour se « préparer » de façon intensive aux examens annuels. Les enfants et les ados doivent oublier de jouer avec les autres dans la rue et de se sentir insouciants, afin de se gaver d'émissions de télé-réalité et de jeux électroniques, depuis que les espaces publics gratuits ont été transformés en galeries marchandes, ou parce que les enfants ne disposent plus d'assez de temps libre pour s'amuser. Quant aux étudiants des universités, celles et ceux qui suivent ce processus naturel d' « évolution » vers la réussite, ils découvrent que les prétendues «connaissances scientifiques» sont en fait orientées vers la satisfaction des besoins des patrons. Un étudiant doit continuellement s'adapter à de nouveaux cursus et récolter le plus grand nombre de « certificats » possible afin d'être finalement récompensé par l'attribution d'un diplôme qui ne vaut guère plus qu'un rouleau de papier-toilette, mais a encore moins d'utilité que celui-ci. Un diplôme qui ne garantit rien de plus qu'un salaire mensuel de 700 euros, souvent sans droit aux assurances sociales ou à la couverture maladie. Tout cela se déroule alors que des millions d'euros atterrissent dans les poches d'entreprises religieuses et d'athlètes olympiques dopés et payés des sommes extravagantes pour « glorifier la patrie». Un argent qui finit dans les poches des riches et des puissants. Des pots-de-vin sont versés aux « copains » et des journalistes corrompus se livrent à de sordides marchandages afin de couvrir des scandales impliquant le gouvernement. Alors que des dizaines de personnes périssent dans des incendies de forêts pour permettre au grand capital de transformer ces zones en sites touristiques et que des travailleurs crèvent dans les chantiers de construction et dans les rues et que leurs décès sont classés comme de simples « accidents du travail». Alors que l'Etat distribue de l'argent aux banques pour les aider, qu'il nous enfonce dans un océan de dettes et de prêts et qu'il augmente la fiscalité directe pour tous les travailleurs. Alors que la stupidité des stars de télévision richissimes devient parole d'évangile pour un nombre croissant d'exploités. La balle qui a transpercé le cour d'Alexis a frappé le cour de l'exploitation et de la répression pour une partie importante de cette société qui sait qu'elle n'a rien à perdre en dehors de l'illusion que les choses pourraient s'améliorer. Les événements qui ont suivi l'assassinat d'Alexis ont prouvé qu'une grande partie des exploités et des opprimés ont sombré dans ce marécage jusqu'au cou. Ce marais a débordé et menace de noyer les patrons et les politiciens, les partis et les institutions étatiques. Il est temps de nettoyer ce monde répugnant fondé sur l'exploitation de l'homme par l'homme et le pouvoir de quelques-uns sur la majorité. Nos cours débordent de confiance alors que les patrons tremblent de peur. La destruction des temples de la consommation, la réappropriation des biens, le «pillage» de toutes les choses qui nous sont dérobées alors qu'on nous bombarde de publicités correspondent à la prise de conscience que toute cette richesse est nôtre, parce que nous la produisons. «Nous», dans ce cas, désigne toutes les personnes qui travaillent. Cette richesse n'appartient pas aux propriétaires des magasins, ni aux banquiers, cette richesse est notre sueur et notre sang. C'est notre temps que les patrons nous volent tous les jours. Nous tombons malades quand nous prenons notre retraite. Nous nous disputons avec nos partenaires et nous n'avons même plus la force de rencontrer un couple d'amis, un soir de week-end. Nous sombrons dans la solitude et l'ennui chaque dimanche après-midi, et nous avons le sentiment d'étouffer tous les lundis matin. Exploités et opprimés, immigrants ou Grecs, travailleurs, chômeurs, étudiants ou lycéens, on nous somme aujourd'hui de prendre position face au faux dilemme posé par les médias et par l'Etat: sommes-nous du côté des porteurs de capuche ou du côté des propriétaires de boutiques ? Ce dilemme n'est qu'un leurre. Parce que le véritable dilemme que les médias ne veulent pas vous exposer est le suivant: êtes-vous pour les patrons ou les travailleurs? Pour l'État ou la révolte? Et c'est une des raisons pour lesquelles les journalistes s'appliquent à diffamer le mouvement, à dénoncer les « porteurs de capuche », les « pillards », etc. Ils veulent semer la peur parmi les opprimés pour une raison simple: la révolte rend leur position - et celle de leurs patrons - très précaire. La révolte prend pour cible la réalité qu'ils créent, elle lutte contre le sentiment que «tout va bien», elle combat toute séparation entre une «révolte sentimentale et juste» et de prétendus «éléments extrémistes» et elle s'oppose finalement à toute distinction entre des «hors-la-loi» et des manifestants pacifiques. Face à ce dilemme, nous avons une réponse: nous sommes du côté des « porteurs de capuche ». Nous sommes les « encapuchonnés ». Non pas parce que nous voulons cacher notre visage, mais parce que nous voulons nous rendre visibles. Nous existons. Nous ne portons pas des capuches par amour de la destruction, mais parce que nous sommes motivés par le désir de prendre notre vie en mains. Nous voulons construire une société différente sur la tombe des marchandises et des pouvoirs . Une société où tout le monde prendra des décisions collectives dans les assemblées générales des écoles, des universités, des lieux de travail et des quartiers, sur tout ce qui nous concerne, sans que nous ayons besoin de représentants politiques, de dirigeants ou comissaires politiques. Une société où tous ensemble nous guiderons notre destin. Une société où nos besoins et nos désirs dépendront seulement de nous, et non d'un député, d'un maire, d'un patron, d'un prêtre ou d'un flic. Notre espoir d'une telle vie est né une nouvelle fois sur les barricades érigées partout en Grèce et dans la solidarité dont le mouvement a bénéficié à l'étranger. Il nous reste à faire de cet espoir une réalité. La possibilité d'une telle vie est maintenant mise à l'épreuve par les assemblées qui se tiennent dans les bâtiments municipaux, les sièges des syndicats et les bâtiments des universités occupés à Athènes et ailleurs en Grèce, assemblées où chacun peut exprimer librement ses opinions et discuter des formes d'action collective, sur la base de ses désirs et besoins. Le rêve de cette nouvelle vie a commencé à prendre forme.

... COMME AVANT.

    Que nous reste-t-il à faire pour voir ce rêve réalisé? Nous devons nous organiser là où nous étudions, travaillons ou habitons. Sur nos lieux de travail nous pouvons discuter de nos problèmes quotidiens et créer des noyaux de résistance contre la terreur des patrons. Dans nos écoles nous pouvons participer aux occupations et les soutenir, animer des groupes de contre-information, organiser des conférences et des ateliers de discussion, nous interroger sur la suprématie du savoir, produire de nouvelles connaissances pour satisfaire nos besoins et non ceux du Capital. Dans les quartiers et les immeubles, nous pouvons parler à nos voisins, organiser des rencontres et créer des comités, partager des connaissances et des compétences, décider collectivement d'actions. Nous pouvons participer à des marches et des manifestations, nous tenir les coudes, briser la peur que propage l'État, aider les lycéens qui sont aujourd'hui les premières victimes des attaques de l'État. Nous sommes solidaires de tous ceux qui ont été arrêtés durant la révolte, qu'ils soient grecs ou immigrés, qu'ils se trouvent en Grèce ou à l'étranger. La plupart sont maintenant poursuivis grâce à toutes les astuces juridiques qui font partie de l'arsenal de la lutte contre le terrorisme parce qu'ils s'opposent aux diktats de l'État.

Tout commence maintenant.

Tout est possible.

Mouvements pour la généralisation de la révolte

3 décembre 2008

Soirée de soutien aux inculpés du 11 novembre

3 décembre 2008

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