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Amour, émeute et cuisine
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  • Quelques pensées sur la civilisation, considérée dans ses aspects politiques, "philosophiques", et culinaires, entre autres. Il y sera donc question de capitalisme, d'Empire, de révolte, et d'antiterrorisme, mais aussi autant que faire se peut de cuisine.
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7 août 2009

A bas l'Etat policier

A bas l'Etat policier - Jacques Bériac / Interprétée par Dominique Grange (mai 68) : Puisque la provocation Celle qu’on n'a pas dénoncée Ce fut de nous envoyer En réponse à nos questions Vos hommes bien lunettés Bien casqués bien boucliés Bien grenadés bien soldés Nous nous sommes mis à crier / A bas l'état policier A bas l'état policier A bas l'état policier / Parce que vous avez posté Dans les cafés dans les gares Des hommes aux allures bizarres Pour ficher pour arrêter Les Krivine les Joshua Au nom de je n’sais quelle loi Et beaucoup d’autres encore Nous avons crié plus fort / A bas l'état policier A bas l'état policier A bas l'état policier / Mais ce n’était pas assez Pour venir à bout de nous Dans les facs à la rentrée Vous frappez un nouveau coup Face aux barbouzes, aux sportifs Face à ce dispositif Nous crions assis par terre Des Beaux-arts jusqu’à Nanterre / A bas l'état policier A bas l'état policier A bas l'état policier / Vous êtes reconnaissables Vous les flics du monde entier Les mêmes imperméables La même mentalité Mais nous sommes de Paris De Prague et de Mexico Et de Berlin à Tokyo Des millions à vous crier / A bas l'état policier A bas l'état policier A bas l'état policier.

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28 octobre 2014

Communiqué de presse suite à la mort de Rémy

Bonjour,
Voici un communiqué de presse sur le crime policier de samedi soir dans la vallée du Testet (Tarn). Merci de faire circuler ce message au plus vite et de le mettre en ligne. La coordination a des difficultés avec le site internet, merci de nous aider à l'envoyer à tous les journalistes et toutes les rédactions possibles, avant que la vérité ne soit recouverte d'un épais brouillard de mensonges et de calomnies :

Communiqué de presse suite à la mort de Rémy

Rémy, 21 ans, est mort dans la nuit de samedi à dimanche à Sivens. Selon plusieurs témoignages convergents, il s'est écroulé à quelques mètres du camp retranché de la police, atteint par un tir au niveau de l'épaule, avant d'être immédiatement ramassé par la police. S'agissait-il d'un flash-ball ou, plus vraisemblablement, d'une grenade de désencerclement projetée à tir tendu ?

Seule la police le sait qui, jusqu'à présent, occulte la vérité de diverses manières. Elle prétend qu'il n'y a pas eu de blessé.e.s parmi les opposants alors que l'équipe médiacle de la coordination témoigne qu'il y en a eu de nombreux le samedi. La police affirme avoir "découvert un corps" en omettant de signaler la violence des affrontements à ce moment-là (la préfecture a affirmé que les affrontements se seraient arrêtés vers 21h et omis de dire qu'ils ont repris de plus belle vers minuit). Elle prétend n'avoir pu venir sur place le dimanche pour lancer l'enquête (une fois le crime accompli, la police a brusquement quitté les lieux sans, jusqu'à ce jour, tenté d'y revenir).

Nous exigeons que toute la lumière soit faite au plus vite sur cet homicide, par respect pour Rémy, sa famille et ses ami.e.s. Nous souhaitons aussi que les responsables de ce drâme soient poursuivis au plus tôt. Et pour nous, le responsable n'est pas seulement le robocop matricule xxx qui a appuyé sur la gâchette samedi soir - et encore moins Rémy. Il s'agit de savoir qui a construit cette situation de violence qui ne pouvait que tourner au drame. Que faisaient donc les forces de l'ordre samedi au Testet, alors que le préfet s'étaiet engagé à ne pas en poster pendant ce week-end, vu les milliers de manifestants attendus (7000) ? Il n'y avait aucun ouvrier à protéger, ni aucune machine à défendre : la seule qui n'avait pas été évacuée le vendredi avait été brûlée le soir même. Pourquoi donc avoir posté 250 gendarmes mobiles et CRS armés de grenades et de flash-balls pour garder un petit carré de terre entouré d'un fossé large de plusieurs mètres ? S'agissait-il de protéger les précieux grillages ? Ou bien de générer de la tension et de faire de la provocation ?

Les autorités savaient très bien ce qui allait arriver en laissant un engin au Testet le vendredi et en y postant une armada le samedi.

A l'heure actuelle où l'inanité du projet de barrage au Testet apparaît au grand jour, à l'heure où tous les mensonges et conflits d'intérêts dénoncés par les opposants depuis des mois ont été confirmés par les investigations des journalistes (Le Monde 24/10 et le Figaro, 26/10) et le rapport des experts ministériels rendu public aujourd'hui, le président du Conseil général et le Préfet du Tarn n'ont plus aucun argument en faveur du barrage si ce n'est de monter en épingle la prétendue violence des opposants. Ils avaient donc besoin de violence samedi. Ils l'ont provoquée. Elle a coûté la vie à Rémy.

Nous sommes sous le choc et adressons nos plus sincères condoléances à ses proches.

La coordination du 25 octobre

P.S. : Nous exigeons d'ores et déjà qu'une seconde autopsie indépendante soit effectuée et avertissons la préfecture que si le corps n'était pas conservé de sorte à ce que cette contre-expertise soit possible, ce serait une preuve de plus que les autorités veulent cacher la vérité. Nous dénonçons les tentatives de salir la mémoire de Rémy en prétendant que les causes de sa mort seraient liées à son "alcoolémie" ou à sa "violence".

4 novembre 2009

Tarnac : la contre-enquête qui dérange

La défense pointe les anomalies et les contradictions des procès-verbaux de la police.

    Une enquête au point mort. Et aujourd’hui, une contre-enquête. Depuis un an, l’enquête du juge antiterroriste Thierry Fragnoli sur les sabotages des lignes TGV dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 n’a pas permis de découvrir d’éléments matériels confirmant l’implication des neuf jeunes installés à Tarnac, en Corrèze. Ils sont tous, à ce jour, mis en examen pour «association de malfaiteurs, destructions et dégradations en relation avec une entreprise terroriste». Julien Coupat étant poursuivi pour «direction ou organisation» du groupe.

    L’enquête n’est pas allée au-delà des premières constatations qui incriminaient Julien Coupat : sa présence en compagnie d’Yildune Lévy à proximité d’une voie sabotée, la nuit des faits. Dans une note qui doit être transmise au juge aujourd’hui, les avocats de la défense, Mes Thierry Lévy, Jérémie Assous et William Bourdon, contestent désormais les premiers éléments recueillis. Les avocats rappellent que Yildune Lévy et Julien Coupat ont été «suivis de manière continue depuis leur départ de Paris dans la matinée du 7 novembre jusqu’à leur retour dans la capitale, dans la matinée du 8 novembre». «Leur participation à ces faits», qu’ils contestent, «ne devrait pas faire de doute». «Or non seulement le doute existe, notent-ils, mais les incohérences et les anomalies dont sont émaillées les constatations des enquêteurs amènent à s’interroger sur leur crédibilité

 

    Des traces de semelles et de pneus qui ne collent pas

    Dès le 8 novembre, un technicien en identification criminelle de la gendarmerie effectue des relevés. «Le site et les voies ferrées sont protégés par une clôture métallique mesurant environ deux mètres, surmontée par un fil de fer barbelé», note Cyril C. Les portails grillagés qui permettent d’accéder au site sont intacts. Mais à droite de l’entrée nord-ouest, le grillage garde «plusieurs traces d’effractions». Il a été sectionné. De l’autre côté de la voie, des traces d’escalade sont visibles.

    Le gendarme constate aussi «la présence de traces de pneumatiques laissées par un véhicule ayant effectué un demi-tour». Il mesure. Largeur du pneu : 153 millimètres ; distance séparant l’intérieur de deux côtés opposés : 1 190 mm. Or ces traces ne peuvent correspondre à la voiture utilisée par Coupat. Les pneus de la Mercedes 250 qu’il utilisait sont larges de 200 mm, et la distance entre les roues de 1 300 mm.

    L’homme de la police scientifique découvre aussi «la présence sur ce même chemin de deux traces de semelles de chaussures». «Une trace indexée 13, longue de 245 mm» ; et une autre «indexée 14, longue de 200 mm». Or Coupat chausse du 45, ce qui correspond à une longueur de 307 mm, et Yildune Lévy du 39, soit 260 mm. Suivant les traces, le gendarme reconstitue «un cheminement montant» au sein de «l’emprise SNCF», ce qui lui permet de déduire l’itinéraire des saboteurs. Après être entrés par le portail nord-ouest et avoir circulé sur la voie, ils sont sortis en escaladant le portail nord.

    L’avis des avocats.«Les constatations du technicien ne sont pas compatibles avec celles de la surveillance. Les traces de pneumatiques et de semelles de chaussures ne peuvent correspondre ni aux pneus de la voiture surveillée ni aux chaussures des occupants

 

    Une filature en question

    Revenant sur la nuit du 7 au 8 novembre, Julien Coupat dira s’être «senti suivi» dès qu’il s’est «engagé sur des petites routes». «J’ai dû m’arrêter une dizaine de fois et faire autant de demi-tours, a-t-il dit. Il y avait quasiment un caractère de jeu à s’arrêter et à voir venir les voitures en reconnaissance.» Selon les policiers, le couple aurait circulé, le 7 au soir, sur la départementale 23 qui relie les villages de Dhuisy et de Germigny-sous-Coulombs (Seine-et-Marne) et qui passe sous la ligne TGV qui sera découverte sabotée. Après avoir mangé, et dormi quelques heures dans la voiture, au Trilport, à trente kilomètres de là, ils seraient revenus sur la même route. «Le 8 novembre, à 3 heures 50 minutes, constatons que le véhicule allume ses feux et démarre en direction de la Ferté-sous-Jouarre. Il chemine à allure normale sur la RN3, indique le procès-verbal de la SDAT. Le véhicule emprunte dans Dhuisy la direction Germigny, après un kilomètre il oblique à gauche dans la voie dans laquelle il avait été observé précédemment (près de la ligne TGV). Il est 4 heures.» Ce minutage sera repris dans d’autres procès-verbaux.

    L’avis des avocatsSelon le procès-verbal, il s’est écoulé dix minutes entre les deux points de stationnement.L’itinéraire emprunté entre les deux arrêts est également indiqué. Or la distance parcourue étant de 26,6 kilomètres, la vitesse moyenne de la voiture aurait dû être de 159,6 km/h. La voiture surveillée n’a pas pu parcourir la distance indiquée entre Trilport et le lieu des faits dans le laps de temps indiqué

 

    Des procès-verbaux discordants

    La voiture de Coupat, un vieux modèle de Mercedes, se serait donc arrêtée à proximité de la voie TGV. Coupat n’a pas confirmé ce lieu de stationnement lors de sa garde à vue. Et le juge ne l’a pas interrogé sur ce point. Coupat a déclaré être retourné à «l’un des endroits les plus reculés, à l’écart de tout, en pleine campagne», pour y «faire l’amour» avec son amie. La ligne à grande vitesse (LGV) est entourée de champs et surplombe l’horizon.

    A l’endroit où la route plonge sous la voie SNCF, il y a quatre lieux de stationnement possibles, deux de chaque côté de la LGV. Si la Mercedes s’est garée là, et les policiers suiveurs de l’autre côté de la voie, ils sont à quarante mètres tout au plus. Qu’ont-ils vu ? «A 4 heures 5 minutes, une approche piétonne des lieux nous permet de constater la présence du véhicule stationné tous feux éteints sur l’entrée de la voie de service, sise quelques mètres avant le pont de chemin de fer, indique sur procès-verbal le lieutenant de la SDAT. Il nous est impossible de distinguer si le véhicule est occupé ou non.» Un quart d’heure plus tard, la voiture repart. Les policiers semblent n’avoir rien observé.

    Pourtant, un gendarme, le lieutenant-colonel Eric G., chargé des constatations le jour des faits, dresse un procès-verbal contradictoire. Il note qu’un officier de police de la SDAT lui a déclaré dans la journée au téléphone «avoir suivi et observé un individu qui s’est stationné à l’intersection entre la D23 et la LGV Est pendant une vingtaine de minutes entre 4 heures et 4 heures 20». Mieux : «Cette personne a accédé à l’emprise sécurisée de la SNCF sans qu’il [le policier] puisse déceler ses agissements.» Cette déclaration, faite alors que les sabotages font déjà l’actualité des radios, ne sera pas été réitérée.

    L’avis des avocatsSi un individu - et pas un fantôme - avait été vu vers 4 heures du matin sur la voie ferrée à l’endroit du sabotage, cela constituerait un lien objectif entre la voiture des mis en examen et les faits. […] Le fait de ne pas mentionner cette information essentielle» est «de nature à faire douter de l’authenticité [du procès-verbal de police]

 

    le cafouillage sur la découverte de l’incident

    Après le départ de la voiture, les policiers de la SDAT auraient procédé à une «minutieuse recherche aux abords immédiats de la voie ferrée et du pont de chemin de fer», sans rien trouver. Ils seraient restés sur place trois quarts d’heure. «A 5 heures 10 minutes, constatons le passage sur la voie ferrée d’un TGV. Lorsque le train passe à l’aplomb exact du pont de chemin de fer se produit une gerbe d’étincelles accompagnée d’un grand bruit sec. Voyons la caténaire se détendre puis se retendre. Le train semble poursuivre son cheminement sans encombre.» Selon leur procès-verbal, les policiers demandent à leur état-major «d’aviser immédiatement les responsables de la SNCF». Mais ils quittent les lieux, attitude curieuse s’ils ont été témoins des faits. A 5 h 50, ils «donnent instruction» à l’équipe qui a continué la filature jusqu’au périphérique de «regagner le service». La SDAT ne semble prévenir personne immédiatement.

    De son côté, le conducteur du TGV d’ouverture de la ligne a «constaté un incident du pantographe» à 5 h 12. C’est à 8 h 22 que les services de la SNCF remarquent à Strasbourg un pendule [élément de fixation de la caténaire, ndlr] resté accroché sur le pantographe du train. A 10 h 36, les agents de maintenance sont prévenus. Et Patrick C., qui reçoit l’appel, est déjà sur la voie. Il est sorti vers 9 h 10 pour un TGV stoppé par un chevreuil… C’est donc lui qui arrive sur place à 11 h 46 seulement. Il constate que huit pendules sont décrochés, et un cassé, sur dix mètres.

    Dans la journée, les gendarmes découvrent que la police ferroviaire aurait appelé le central de sûreté vers 10 heures pour l’avertir d’un appel de l’officier de permanence de la police judiciaire à 7 h 50. «Une équipe PJ, en mission de surveillance», aurait «vu un individu piéton qui se trouvait sur la LGV à l’intérieur des emprises SNCF». Le commandement de surveillance SNCF se tourne vers le responsable de la régulation de la LGV Est. L’appel est enregistré vers 10 heures.

    «- Je t’appelle, j’ai la police qui nous a indiqué maintenant que vers 5 heures ce matin, il y aurait eu un équipage de la PJ qui aurait aperçu au niveau de Dhuisy […] une personne qui se serait avancée sur le pont, je pense qu’elle n’a rien jeté, parce que sinon on s’en serait rendu compte. C’est juste pour signaler ça, quoi : une personne a fait un aller-retour sur le pont et après, ils ont perdu la personne.

    - Ben là, écoute, je ne suis pas du tout au courant, mais vraiment pas du tout ! Ça c’est passé à 5 heures ?

    - Ouais, à 5 heures ! Il est temps qu’ils se réveillent, ils nous appellent cinq heures après, mais bon…»

    L’avis des avocatsLe signalement a été donné au plus tôt à 7 h 50 et plus vraisemblablement vers 10 heures. Les circonstances qui ont entouré le signalement de l’incident aux techniciens de la SNCF suscitent également de nombreuses interrogations. […] La PJ a tardé, sans raison connue, à informer les responsables de la SNCF

Karl Laske, dans Libération du 2 novembre 2009

4 juin 2016

Informations concernant Rennes, début juin 2016

N. B. Nous produisons ce second communiqué, un mois après le premier, avec ce double but inchangé : informer de ce qui se passe, ici à Rennes, tous les gens de l’entourage de Pontcerq, proche ou lointain ; appeler qui peut et veut, dans ce même entourage, à rejoindre ou soutenir par quelque biais que ce soit l’occupation à venir – d’où s’organiser.

 

Informations concernant Rennes, début juin 2016

La lutte contre la loi « travail » se poursuit, à Rennes comme ailleurs en France.
Le mouvement rennais tire sa force d’une rencontre entre le milieu autonome et le milieu syndical : des liens se créent – que la répression policière et judiciaire ne déchirera pas. Le lieu de cette rencontre a été la Maison du peuple, ancienne maison des Syndicats, occupée le 1er mai – et évacuée par le RAID le 13. Une nouvelle occupation a réussi le 27 – une manifestation de l’AG interpro parvenant à entrer de nouveau dans son lieu. Mais dimanche, nouvelle évacuation par la police. Depuis, mairie et préfecture ont pris la décision de murer l’endroit au parpaing. (La Maison du peuple, vide, fait un trou au milieu du centre de la ville.) Le pouvoir craint cette rencontre, rencontre de la nuit et du syndicat ; alors il explique que le syndicat est seul ; que l’autonomie est seule ; que la CGT est seule ; que le casseur, qui brise la vitrine de la banque, est seul ; que tout le monde est seul ; que la nuit même est seule. Mais personne n’est plus seul dans ce mouvement. Personne n’était seul dans la maison occupée. L’AG Interpro qui, faute d’autre lieu pour l’instant, en attendant tient séance au Thabor, parc de la ville, a tenté mardi dernier d’investir un nouveau lieu : un espace culturel, l’hôtel à projets Pasteur, sur les quais de la Vilaine : lieu semi-institutionnel dédié à « l’expérimentation artistique et politique ». Les artistes ont accueilli les manifestants – et les ont protégés et cachés, quand cela a été nécessaire. Car la police est entrée aussitôt : elle a frappé aussitôt – violemment, et a fait évacuer le lieu, aussitôt. La Mairie et la préfecture cherchent à empêcher qu’un lieu de rencontre se fasse : une scène, un Aventin. [« Des abeilles chassées d’une ruche qu'elles avaient enrichie de leur travail, forment une nuée vivante, qui va se condenser autour de l’autel de Jupiter Elicius, sur l’Aventin. » (Balanche-Plébifugue)]
La police frappe très dur (cela a surpris les artistes, présents à l’espace culturel Pasteur lors de la charge). Mais la Justice, derrière, ne lui cède en rien. Le sens de la mesure est perdu : à Rennes, vingt jeunes militants sont mis en examen (suite à une action dans le métro) ; quatre autres ont été interpellés dans un restaurant pour une cause absolument anodine : un camarade de 19 ans est en prison – trois mois fermes...
Nous, Pontcerq, simples fabricants de tracts et de livres, faisons circuler ces petits papiers volants, et d’autres bientôt – ou les collons dans les dos, pour qu’ils aillent où ils ont à aller. (série des libelles d’Hebel 1, 2, 3, 4, 5). [« Voilà les histoires de Hebel. Elles ont toutes un double fond. » (W. Benjamin)] Et puis aussi, nouvellement, l’étincelle folle de Pierre Roux, à jeter joyeusement. [« Décharge, point de lumière, âme d’être, cep, bataillon, levier, plumule, flèche d’or, pollen… ! »]
C’est en signe de soutien, ferme, enthousiaste, joyeux, décidé, à ce mouvement rennais !

PONTCERQ

13 mars 2009

Procès, et soirée de soutien, des personnes arrêtées lors des manifestations du mois de janvier 2009

    Souvenez-vous. Au mois de janvier, lors des journées contre l’antiterrorisme ont eu lieu deux manifestations. L’une le 24, à Barbès, l’autre le 31, devant la prison de la Santé.

    Encore une fois, car c’est une vieille habitude prise par la police française, des personnes ont été arrêtées de manière arbitraire, avant même le départ de la manif’ dans un cas, lors de la dispersion dans l’autre. L’une des personnes arrêtées le 31 janvier (dans le RER), passera en procès le 31 mars, devant la 23e chambre du tribunal de Paris. Les personnes arrêtées le 24 mars passeront en procès le 8 juin, devant cette même chambre.

    Enfin, à la CIP (quai de charente, Paris XIXe) une soirée est organisée en solidarité avec ces arrêtées (et pour questionner le dispositif répression-anti-répression - soutenir ceux qui ont soutenu celles qui ont soutenu, ....).

Source : http://www.soutien11novembre.org/

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13 mars 2009

Encore un déni de justice !

    Cette fois encore, la chambre de l'instruction a rejeté la demande de remise en liberté effectuée par Julien Coupat, honteusement inculpé pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Il va donc rester en détention à la prison de la Santé, où il est enfermé depuis quatre mois. Selon les propos de Me Irène Terrel, son avocate, "...il s'agit d'un déni de justice, d'un déni des principes du droit" [...], Julien Coupat est "le bouc émissaire d'un fiasco judiciaire", Et c'est le moins qu'on puisse dire, en effet, face à l'acharnement politico-judiciaire dont il est l'objet.

    La lutte continue, nous n'oublierons pas les prisonnières et les prisonniers pendant la grève générale et l'insurrection qui vient.

Comité Stéphanois contre les lois anti-terroristes et la civilisation spectaculaire-marchande

7 juillet 2009

Les bureaucrates se ramassent à la pelle !

(Jacques Le Glou/Prévert-Kosma/1973))

Oh, je voudrais tant que tout ça devienne Des jours heureux, et la misère finie.
Mais maintenant nous sommes des rebelles, Et l'on peut voir, dans le monde, aujourd'hui : Les bureaucrates se ramassent à la pelle, Tu vois, ça pourrait foutrement bien changer,
Les bureaucrates se ramassent à la pelle, Leurs syndicats et leurs partis aussi.

Et la grève sauvage les emporte,
Avec le pouvoir qui les suit.
Tu vois, il faut s'organiser
Pour ne plus jamais travailler.

C'est une pratique qui nous rassemble, J'les assassine En Argentine.
Nous survisons tous deux ensemble,
Tu les fous en l'air Sur le port d'Anvers.

Mais le crime rapproche ceux qui baisent, Tout doucement, en faisant du bruit. Et le temps ne saurait effacer Le pas des amants tous unis.

7 août 2009

Makhnovstchina

La Makhnovstchina - Anonyme (Folklore russe 1919) / Traduction de Etienne Roda-Gil en 1968 : Makhnovtchina, Makhnovtchina, Tes drapeaux sont noirs dans le vent. Ils sont noirs de notre peine, Ils sont rouges de notre sang. Ils sont noirs de notre peine, Ils sont rouges de notre sang. / Par les monts et par les plaines, Dans la neige et dans le vent, A travers toute l'Ukraine, Se levaient nos partisans / Au printemps, les traités de Lénine Ont livré l'Ukraine aux Allemands. A l'automne la Makhnovtchina Les avaient jetés au vent / Makhnovtchina, Makhnovtchina Tes drapeaux sont noirs dans le vent. Ils sont noirs de notre peine Ils sont rouges de notre sang / L'armée blanche de Déquinine Est entrée en Ukraine en chantant, Mais bientôt la Makhnovtchina L'a dispersé dans le vent. Makhnovtchina, Makhnovtchina, Armée noire de nos partisans, Qui voulaient chasser d'Ukraine A jamais tous les tyrans. Makhnovtchina, Makhnovtchina Tes drapeaux sont noirs dans le vent. Ils sont noirs de notre peine, Ils sont rouges de notre sang.

Version concert des Bérurier Noir

7 août 2009

La vie s'écoule, la vie s'enfuit

La vie s'écoule, la vie s'enfuit - sur la grève générale de l'hiver 1960-61 / Raoul Vaneigem & Francis Lemonnier  (1961) : La vie s'écoule, la vie s'enfuit Les jours défilent au pas de l'ennui Parti des rouges, parti des gris Nos révolutions sont trahies / Le travail tue, le travail paie Le temps s'achète au supermarché Le temps payé ne revient plus La jeunesse meurt de temps perdu / Les yeux faits pour l'amour d'aimer Sont le reflet d'un monde d'objets. Sans rêve et sans réalité Aux images nous sommes condamnés / Les fusillés, les affamés Viennent vers nous du fond du passé Rien n'a changé mais tout commence Et va mûrir dans la violence / Brûlez, repaires de curés, Nids de marchands, de policiers Au vent qui sème la tempête Se récoltent les jours de fête / Les fusils sur nous dirigés Contre les chefs vont se retourner Plus de dirigeants, plus d'État Pour profiter de nos combats.

20 octobre 2013

Les Prolétaires

Les Prolétaires - Gilles Servat (1972) : Y'a des pétroliers super / Qui foutent le deuil sur l'onde. / Avec 10 hommes d´équipage / On s'en va au bout du monde. / Avant, il en fallait 30 / C'était pas rentable / En voilà 20 au chômage ! / Les prix seront plus supportables. / Mais de tous ces matelots / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Mais de tous ces matelots / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Ils s'en iront à la ville a la la la lair / On les mettra à l'usine. / On manque toujours de prolétaires !

Assez travaillé pour soi / La petite exploitation, c'est pas rentable / 20 ans de retard. / Fort de la compétition. / Il y a trop d'agriculteurs. / C'est pas raisonnable. / Quelques millions au chômage : Et l'Europe verte sera viable. / Mais de tous ces paysans / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Mais de tous ces paysans / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Ils s'en iront à la ville tra la la la lair / On les mettra à l'usine. / On manque toujours de prolétaires !

Et toi, petit commerçant / Tu mourras d'la TVA. / Mais si on aide ces gens-là / La bombe, comment on la fera ? / Le petit commerce doit mourir / Il est pas rentable. / Va t'en au supermarché / Les prix seront plus supportables. / Mais de tous ces commerçants / Qu'est-ce qu´on va en faire ? / Mais de tous ces commerçants / Qu'est-ce qu´on va en faire ? / Ils s'en iront à la ville tra la la la lair / On les mettra à l'usine. / On manque toujours de prolétaires !

A Nantes, à Rennes ou à Brest / Du travail, il n'y en a guère. / Ils voudraient rester chez eux. / Alors comment faire ? / Déplacer toutes les usines ? / C'est complètement con ! / Eux ! Qu'ils viennent dans la capitale. / Pour le patron, c'est plus valable. / Mais de tous ces immigrants / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Mais de tous ces immigrants / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / S'ils viennent dans la capitale, tra la la la lair / Même en faisant plein de fonctionnaires / Y'aura toujours trop de prolétaires. / S'il y a trop de chômeurs / Y'aura du désordre. / Il faudra des policiers / Pour maintenir l'ordre. / Hitler le disait déjà : / "Un chômeur c'est pas rentable. / Un soldat, ça coûte moins cher. / Et c'est bien plus raisonnable." / Mais de tous ces policiers / Qu'est-ce qu´on va en faire ? / Mais de tous ces policiers / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Ils s'en iront à la ville, tra la la la lair / Taper sur les ouvriers / Taper sur leurs frères. / Ils s'en iront à la ville, tra la la la lair / Taper sur les ouvriers / Taper sur leurs frères !

23 octobre 2013

L'Armistice

L'Armistice - Alphonse Leclerc (1870), interprétée par Francesca SollevilleBismarck, qui n'est pas en peine / D'affamer les Parisiens / Nous demande la Lorraine / L'Alsace, et les Alsaciens / La honte pour nos soldats / Des milliards à son service

Ah! zut à ton armistice / Bismarck, nous n'en voulons pas !

On nous permettra du reste / Pendant vingt à vingt-cinq jours / De manger ce qui nous reste / De vieux chats, de rats, et d'ours / Mais plus le moindre repas / Après le vote au comice

Ah! zut à ton armistice / Bismarck, nous n'en voulons pas !

"Je faisais la guerre à l'Empire" / Disait le maître effronté / Et le valet, qui fait pire / Pourchasse la liberté / Tu nous croyais donc bien bas / Pour vouloir ce sacrifice!

Ah! zut à ton armistice / Bismarck, nous n'en voulons pas !

Bazaine* se rend: qu'importe ? / Nous conserverons Verdun / Nancy peut ouvrir sa porte / On s'illustrera à Châteaudun / À Toul, à Strasbourg tu n'as / Pas un homme pour complice

Ah! zut à ton armistice / Bismarck, nous n'en voulons pas !

Prends-nous par la famine / Viens, diplomate du Nord ! / Mais, rongés par la vermine / Nous résisterons encore / Mieux vaut un vaillant trépas / Qu'accepter un tel supplice !

Ah! zut à ton armistice / Bismarck, nous n'en voulons pas !

Nous nous levons tous en masse / Pour répondre à l'insolent / Pas un ne fait la grimace / Qu'il soit rouge, noir ou blanc / Fier de courir aux combats / Pour l'honneur et la patrie.

* Référence à François Achille Bazaine (1811-1888), commandant en chef de l'armée du Rhin lors de la guerre franco-prussienne de 1870 qui capitula le 28 octobre. cf : W.

1 novembre 2014

Rassemblement lundi 3 nov. 2014, à 18h devant la préfecture de Saint-Etienne

Ce mercredi 29 octobre, plus de 120 personnes se sont réunies devant la préfecture. Toutes venues pour dénoncer la mort de Remi Fraisse, tué par une grenade des forces de l’ordre, et pour exiger que justice soit faite.

Depuis des années des collectifs alertent sur la dangerosité des armes dites « non létales » utilisées par la police. Aujourd’hui plus personne n’est dupe : elles blessent, elles mutilent et elles tuent. Elles sont les instruments de la répression des contestations sociales, politiques et environnementales. Ce qui est arrivé à Remi Fraisse pourrait arriver à chacun d’entre nous. Il ne faut pas simplement « suspendre » leur utilisation, il faut l’interdire !

Cette semaine les manifestations de soutien se sont multipliées. La réaction qui éclate dépasse le caractère local et spécifique de la lutte contre le barrage de Sivens.

C'est pourquoi, à Saint-Etienne, nous appelons à un

rassemblement lundi 3 novembre à 18h devant la préfecture.

Lundi, plus que jamais, nous devons montrer notre solidarité, exiger que justice soit rendue et demander l'abandon du projet.

Amenez vos banderoles, vos slogans, vos cartons, vos marqueurs, vos instruments ou autres, et des bougies.

Faites passer l’info !

Le collectif stéphanois de soutien à la lutte de Notre Dame des Landes et contre les grands projets inutiles et imposés.

3 septembre 2016

A Notre-Dame-des-Landes, que résonnent les chants de nos bâtons !

Voici l'appel de toutes les composantes de la lutte pour le 8 octobre. Nous appelons les soutiens et comités de partout à s'organiser dès aujourd'hui pour le succès de cette mobilisation, en rediffusant cette information sur de multiples sites, listes et réseaux, et en se coordonnant pour faciliter des moyens de transports collectifs. Le site http://annonces-ndl.org, notamment, devrait être réactivé bientôt, des visuels arrivent : le 8 octobre 2016, faisons reculer le gouvernement !

Le 8 octobre 2016 à Notre-Dame-des-Landes

Que résonnent les chants de nos bâtons !

Manif – Construction – Fête

Acculé par les mobilisations massives des 9 janvier et 27 février, le gouvernement a organisé en juin une consultation biaisée. Se croyant forts du résultat de cette mascarade, les pro-aéroport et le premier ministre ont confirmé leur intention de procéder cet automne à l'évacuation et à la destruction de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, de ses cultures, de sa faune et de sa flore, de ses habitats et activités ainsi que des liens entre toutes celles et ceux qui se sont attaché.es à ce bocage. Ces déclarations font fi de la situation juridique du dossier puisqu'entre autres les autorisations de travaux ne sont toujours pas accordées.

Les porteurs du projet ne semblent pas avoir non plus mesuré la détermination de celles et ceux qui habitent ce bocage, des militant.es engagé.es à leurs côtés, le soutien dont ce mouvement bénéficie dans la région et bien au-delà, ainsi que l'implication des comités locaux. Ces 2000 ha de bocage et ce qui s'y vit sont aujourd'hui porteurs d'espoirs indéracinables face au saccage du vivant, des terres agricoles et à la marchandisation du monde. Il est impensable qu'ils disparaissent !

A l'initiative de l'ensemble du mouvement d'opposition au projet d'aéroport, nous marquerons donc le 8 octobre notre volonté commune d'empêcher toute agression contre la ZAD et tout démarrage des travaux. En écho à bien d'autres luttes paysannes, comme au Larzac, nous ferons résonner le sol de milliers de bâtons. Nous les laisserons sur place, en nous engageant ensemble à venir les reprendre, en cas d'intervention, et à défendre la ZAD, ses habitant.es, paysan.nes et l'avenir qui s'y construit.

Nous monterons également ensemble un hangar dont les éléments ont été fabriqués durant l'été sur la ZAD par des dizaines de charpentier.es. Cette oeuvre collective concrétisera notre volonté de nous organiser pour la résistance en créant un lieu qui sera une base d'appui en cas de tentative d'expulsion, autant qu'une structure commune pour le futur.

Convergeons vers Notre-Dame-des-Landes le 8 Octobre 2016

Rendez-vous à 10h dans le bocage, à pied, en tracteur ou à vélo.
Que chacun-e apporte son bâton, sculpté, décoré et le mette dans les roues du projet.
Tous et toutes ensemble, empêchons l'aéroport !


Plus d'infos sur les sites acipa-ndl.fr et zad.nadir.org

10 janvier 2017

Bonne nouvelle dans l'affaire dite de Tarnac ?

Huit ans après les sabotages, la Cour de cassation a tranché ce mardi : pour la justice, l’affaire de Tarnac n’est plus du terrorisme.

Ce qui pourrait passer pour une bonne nouvelle tient bien plus sûrement, en vérité, de la stratégie judiciaire la plus nauséabonde, puisqu'il y a fort à parier qu'en retirant la classification "terroriste" à l'affaire dite de Tarnac, la justice retire simultanément aux accusés la chance d'être jugé par une cour d'assise qui, au vu de la faiblesse et du ridicule du dossier, n'aurait pu que les relaxer pleinement. La cour correctionnelle, qui devrait à présent se voir chargée du dossier, pourra tout au contraire, elle, condamner assez lourdement les camarades corréziens. Etant sans jurés, la sentence d'une telle cour n'est en effet soumise pour l'essentiel qu'à l'avis et au bon vouloir d'un seul juge, lequel va le plus souvent dans le sens du parquet et du procureur, en particulier quand il peut s'agir pour lui de se mettre l'Etat à dos au cas où lui prendrait le bon goût de procéder autrement.

C'est donc à n'en pas douter parce que la domination ne veut pas se voir entièrement battue et moquée qu'elle a préféré aux assises le compromis de la correctionnelle, où la peine maximale encourue est beaucoup moins lourde, mais aussi beaucoup plus probablement prononcée.

A bas l'Etat, à bas la justice, à bas la police !

30 mai 2017

Tempête pour un verre d'eau

Tempête pour un verre d’eau

Publié le 29 mai 2017 sur Paris-Luttes.Info
18e arrondissement | justice | procès | police

Dimanche 28 mai 2007, sur un marché du 18e un camarade rencontre l’ancienne ministre du travail El khomri en pleine campagne pour les législatives, qui après avoir étouffé les travailleurs, s’attaque à nos quartiers. En ce dimanche caniculaire, il ose ce que beaucoup d’entre nous auraient rêvé de faire et la rafraîchit en lui lançant le contenu d’un verre.

Dimanche 28 mai 2007, sur un marché du 18e un camarade rencontre l’ancienne ministre du travail El khomri en pleine campagne pour les législatives, qui après avoir étouffé les travailleurs, s’attaque à nos quartiers. En ce dimanche caniculaire, il ose ce que beaucoup d’entre nous auraient rêvé de faire et la rafraîchit en lui lançant le contenu d’un verre. Une goutte d’eau qui sera qualifiée de violences volontaires avec arme par destination ! Et lui vaudra : une interpellation suivie d’une garde à vue, une nuit au dépôt, une première proposition de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité de 4 mois avec sursis dont 1 pour refus d’ADN et 105 heure de Tig, ramenée ensuite à 3 mois avec sursis et une amende pour l’adn​.

Deux propositions disproportionnées et bien sûr refusées par le camarade, qui est donc reconvoqué le 3 octobre 2017 à 9h devant le tribunal correctionnel de Paris.

Dommage pour El khomri qui voulait éviter toute publicité. N’hésitons pas chaque fois qu’on la croise à lui rafraîchir la mémoire, quitte à lui faire boire la tasse.

N’oublions pas qu’à quelques jours d’une élection l’objectif est toujours le même : faire croire que le problème c’est la sécurité. Les même épouvantails sont toujours agités : tous les plus précaires, migrant-e-s, vendeur-ses à la sauvette, toxicomanes...

Ne laissons pas cette logique sécuritaire envahir/étouffer nos quartiers.

Comme notre camarade, continuons a lutter.

7 juin 2017

COMMUNIQUÉ CONCERNANT DES ARRESTATIONS POLITIQUES DANS RENNES

COMMUNIQUÉ CONCERNANT DES ARRESTATIONS POLITIQUES DANS RENNES

6 juin 2017

Des arrestations politiques d’une très grande violence ont eu lieu dans plusieurs appartements, à Rennes, au matin du 30 mai dernier. Depuis, cinq militants politiques, qui ont refusé la comparution immédiate, sont en détention.

Nous, Pontcerq, faisons ce communiqué, ce mardi 6 juin, et relayons cette information autour de nous : pour la raison que ces arrestations ont eu lieu dans un silence presque total dans les médias.

Les journaux sont occupés ailleurs. Ou alors : on ne sait plus très bien situer, après bientôt deux ans d’état d’urgence et des milliers de perquisitions, ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. (On le sait pour la Turquie, la Russie, les autres pays.)

De telles opérations de police ciblées, précises, ne peuvent avoir été pensées et décidées qu’en haut lieu. Elles poursuivent un but évident : briser des groupes de résistance politique.

Les groupes auxquels on s’en prend aujourd’hui se sont battus par exemple contre la loi « travail » au printemps 2016. En les éliminant on ne cherche même pas à les punir : on les empêche préventivement de s’opposer à ce qui va venir1.

Ce qui se passe maintenant n’est plus seulement un spectacle écœurant d’intimidation : c’est réellement que quelque chose est en train, sous nos yeux, d'être expulsé, détruit, liquidé – de manière très décidée et froidement commandée, sous l’action de brigades policières : la possibilité d’une résistance politique.

Plusieurs de ces militants faisaient vivre à Rennes la Maison de la grève.

Nous déclarons notre soutien aux cinq personnes détenues, à leurs proches, à leurs camarades, à tous ceux de leur camp. Ainsi qu’à toutes les autres victimes, à Rennes et ailleurs en France, des méthodes ultra-violentes d’intimidation, d’incarcération politique2.

Nous sommes de leur camp contre un pouvoir aussi foncièrement policier, aussi foncièrement anti-politique.

Pontcerq,
Rennes, le 6 juin 2017
(Au cours de l’état d’urgence, en France, pour la cinquième fois prolongé)


1 - Un nouveau président de la République (Emmanuel Macron) a été récemment élu. On sait les réformes dont il a l’intention, en particulier dans ce domaine du code du travail.

2 - Le préfet de région, qui s’est occupé de la répression des mouvements politiques à Rennes jusqu’au printemps 2016 (Patrick Strzoda), a été nommé depuis Chef de cabinet du président de la République Emmanuel Macron ; il est passé entre-temps par le ministère de l’Intérieur. Les priorités policières du nouveau pouvoir sont évidentes. Certains « foyers » doivent être liquidés « avant l’été » (des réformes viennent).

Nota bene :
La violence de l’opération de police a été racontée dans lundimatin (revue en ligne). Les raisons alléguées par la police pour l’arrestation des sept personnes le mardi 30 mai ont été exposées dans lundimatin : ces raisons ne sont pas tenables. Il est imprudent – objectera-t-on – de s’en tenir à ce que dit lundimatin, aux seuls dires de lundimatin : mais aucun autre média n’a parlé. Que d’autres enquêtent aussi, s’ils peuvent… Dans un cas comme celui-là, tellement violent, la preuve est bien à faire de l’autre côté ; du côté de ceux qui ont tiré les armes, et qui continuent à les tirer.

24 octobre 2017

Retour du "retour de l'ultragauche"

RETOUR DU « RETOUR DE L’ULTRAGAUCHE »

Julien Coupat répond aux inquiétudes du Parisien

paru dans lundimatin#119, le 23 octobre 2017

Mercredi 18 octobre, Le Parisien titrait en Une « Enquête sur les militants de la violence ». Si l’enquête (accessible à la fin de cet article), elle-même intitulée « Inquiétante ultragauche », égraine les habituels poncifs policiers, elle laisse aussi la part belle à quelques scoops et nouveautés. En effet, un sous-titre tire la sonnette d’alarme : « De plus en plus de femmes », une exergue particulièrement inspirée et anxiogène signée « Un policier » l’affirme : « On voit qu’ils sont prêts à aller de plus en plus loin. » Quant à Julien Coupat, une source policière le dénonce sans détour : il se serait rendu à une manifestation en taxi. Contacté par téléphone, ce dernier nous a pourtant juré n’avoir pas utilisé ce mode de transport depuis au moins 5 ans. Anticipant le prochain rapport de la DGSI qui l’accuse de prendre des Uber, il a jugé bon de répondre publiquement à tant de diffamation.

Cher Eric Pelletier,

Je découvre avec amusement votre dernière « enquête » dans Le Parisien. Vous n’apprenez donc rien de l’expérience. Il y a dix ans vous vous faisiez enfumer par les services de renseignement, qui prétendaient détenir des clichés de saboteurs en train de poser des crochets sur les caténaires de lignes TGV, et vous en êtes encore à relayer leur communication maladroite au sujet d’une supposée « ultra-gauche » et leurs risibles affabulations à mon endroit. S’ils ne parviennent pas toujours à me filer comme ils l’entendent, ce n’est pas que j’irais désormais aux manifestations en taxi, mais parce que leurs techniques de filature sont prévisibles, et grossières. Tout comme leur façon de construire le profil de la menace sociale est sans imagination. Malgré l’immensité des moyens qui leur sont alloués, c’est toujours le même scénario mal ficelé, avec ses personnages attendus et ses effets controuvés, que l’on ressort du même tiroir poussiéreux. Mais le plus désopilant est certainement qu’il y ait encore des plumitifs de votre espèce pour faire semblant d’y croire, et en faire l’article.

Il y a dix ans, la révolte contre le CPE politisait une entière génération de jeunes gens, qui n’ont pas tous fini au cabinet d’Anne Hidalgo, et Nicolas Sarkozy arrivait au pouvoir cerné de la haine irréductible de cette génération et bien au-delà. À présent, c’est le conflit parti de la loi Travail en 2016 qui a produit une nouvelle génération d’irréconciliables, et voue Emmanuel Macron à une identique détestation. Il y a dix ans, les services de renseignement n’avaient rien trouvé d’autre pour contrecarrer cette dissidence et pour protester de leur utilité, que de créer de toutes pièces la grande menace de « l’ultra-gauche ». Et l’on avait vu fleurir ce genre spécial d’articles de presse dont la vocation est de préparer les esprits à de judicieuses vagues d’arrestations. Le Figaro avait inauguré la salve d’un « L’extrême gauche radicale tentée par la violence » ; Le Monde avait suivi d’un « Les RG s’inquiètent d’une résurgence de la mouvance autonome » ; Hervé Gattegno, dans Le Point, avait commis un mémorable « Les nouveaux combattants de l’ultra-gauche ». Et vous en êtes encore, en 2017, à titrer au Parisien « Enquête sur les militants de LA VIOLENCE » et, pour vous, à signer un « Inquiétante ultra-gauche » où l’on apprend, entre autres motifs d’effroi, qu’il s’y trouverait « de plus en plus de femmes ». Comme on citait L’insurrection qui vient en 2007 en guise de pièce à conviction, vous citez à présent Maintenant, le dernier volume du Comité Invisible. Vous égrenez les foyers de « l’ultra-gauche » en France, et ce sont curieusement les mêmes villes qu’il y a dix ans et les mêmes platitudes censées terrifier que vous alignez avec ce même aplomb dans l’ignorance que procure une trop longue et trop intime fréquentation des sous-doués de Levallois-Perret. Des sabotages comme il s’en produit tous les jours sont arrachés à leur contexte et agrégés en une seule menaçante menée. Et puis l’inévitable policier qui se demande innocemment « Jusqu’où iront-ils ? » en préparant ses formulaires de perquisition et disserte sur Action Directe. À peine note-t-on une légère évolution dans le chiffrage fantaisiste de la « nébuleuse d’ultra-gauche » : on est passé en une décennie de « un à deux milliers » à « deux mille ». L’inquiétude est à son comble. Et puisque le nouveau régime ne craint pas de se dire « et de gauche et de droite » dans la meilleure veine personnaliste des années 1930, on communique opportunément sur une vague d’arrestations dans « l’ultra-droite » avant de procéder à des arrestations dans « l’ultra-gauche ». Dix ans ont passé, mais soyez certain que la nouvelle manœuvre de vos amis des services finira comme la première – en farce. Car l’ « ultra-gauche » n’existe pas plus qu’hier, en dehors des fichiers du renseignement.

S’il faut ressortir du placard à balais l’épouvantail fatigué de « l’ultra-gauche », c’est pourtant bien qu’il y a une menace, mais une menace tout autre. La menace réelle qui pèse sur le régime, c’est son impopularité manifeste, l’aveuglante clarté des fins qu’il poursuit, son absence de base sociale à l’exception des 15 % de managers et d’apprentis managers qui voudraient désespérément croire en Macron. Que, malgré des BMW de cadres brûlées, le mot d’ordre de « chasse aux DRH » dans le bois de Boulogne ait au fond fait sourire tout le monde en dit long sur l’inévitable dégringolade qui attend le règne d’Emmanuel Macron et de ses encombrants alliés. Même si son temps est sans doute passé, il est hautement significatif que le « cortège de tête » des manifestations soit devenu le dernier lieu où l’on cause et s’amuse à Paris. Que l’on croise désormais dans cet espace éphémère, créé il y a deux ans par quelques centaines de lycéens cagoulés, syndicalistes, étudiants, autonomes, salariés, artistes, précaires et jusqu’aux militants de la « France Insoumise », annonce sensiblement de quelle manière, pas nécessairement pacifique, sera enterré le régime macroniste dès que les failles de la retorse communication gouvernementale se seront élargies en lézardes. La politique est morte, et ce n’est pas le vieux despotisme économique qui peut lui succéder.

En dix ans, nos pires pronostics sur les ravages du capitalisme se sont vus, en tout domaine, confirmés. On en est à peupler les jardins publics de pokemons afin de faire oublier qu’il n’y a plus de libellules ni de papillons à chasser. On en rajoute dans l’injonction à travailler d’autant plus que le travail disparaît. Cette société fait face à une désaffection silencieuse, mais massive. Les figures du pouvoir ne peuvent plus cacher leur caractère psychotique. Si vous appreniez un peu de l’expérience, si vous étiez un peu adulte, vous vous aviseriez que les conflits existent, que ceux qui jugent qu’il y a quelque urgence à mettre un terme au désastre en cours et agissent en conséquence, ne sont peut-être pas des fanatiques de la « violence », mais des gens plus courageux que vous, et moins disposés au mensonge. En dix ans, vous avez changé de patron, mais non point de méthode. Vos « enquêtes » portent si loin le respect de votre unique « source » qu’elles pourraient aussi bien être écrites par elle, au siège de la DGSI. Autrefois, je vous aurais peut-être envoyé un droit de réponse que vous n’auriez pas publié. Mais il y a désormais d’autres canaux de diffusion autrement plus efficaces que les journaux. Plus personne ne vous croit, et bientôt plus personne ne vous lira. L’ « opinion » que vous croyez faire, n’existe tout simplement plus. Il n’y a plus que la bulle médiatique dans laquelle vous surnagez, et la longue chaîne de dépendances et de surveillance par quoi cette société croit tenir ses sujets.

Il y a cent cinquante ans un analyste raffiné du règne de Napoléon III lui prêtait ces propos : « User de la presse, en user sous toutes ses formes, telle est, aujourd’hui, la loi des pouvoirs qui veulent vivre. C’est fort singulier, mais cela est. (…) Dans les pays parlementaires, c’est presque toujours par la presse que périssent les gouvernements, eh bien, j’entrevois la possibilité de neutraliser la presse par la presse elle-même. Puisque c’est une si grande force que le journalisme, savez-vous ce que ferait mon gouvernement ? Il se ferait journaliste, ce serait le journalisme incarné. » (Maurice Joly, Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu) C’était il y a cent cinquante ans. The times, they are a changing, Pelletier.

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1 juillet 2018

Communiqué de quelques chouettes hiboux de Bure suite à la vague de perquisitions et d'arrestations

Communiqué de quelques chouettes hiboux de Bure suite à la vague de perquisitions et d’arrestations

 

Bure, le 28 juin 2018

« On est à Bure, on fait ce qu’on veut ! » (entendu lors d’une perquisition du 20 juin 2018 de la bouche d’un gendarme)


Entre le mercredi 20 et le jeudi 21 juin 2018, 14 perquisitions ont eu lieu dont 12 simultanées dans des lieux de vie de militant.e.s anti-CIGEO. Ces perquisitions, parfois menées dans la plus complète illégalité, (en l’absence de mandat présenté aux occupant.e.s,) semblaient cibler des personnes particulières afin qu’elles soient auditionnées ou placées en garde à vue. Ainsi plus d’une douzaine de convocations pour des auditions ont été distribuées, et 9 interpellations ciblées ont eu lieu. Après des gardes à vue de 36 à 60h, 2 personnes sont relâchées sans suite pour le moment, 2 personnes obtiennent le statut de témoin assisté et 5 personnes sont mises en examen avec un contrôle judiciaire. Ce contrôle comprend des interdictions de territoire, des interdictions de se voir entre personnes concernées par l’instruction et une interdiction de quitter le territoire national.

L’État et son lobby nucléaire ont montré une fois de plus que la seule réponse qu’il savent apporter aux critiques légitimes des opposant.e.s à CIGEO, la méga poubelle de Bure, est une réponse répressive. Cet acharnement répressif se manifeste au travers de l’ouverture d’une instruction pour association de malfaiteurs, pilotée par le juge d’instruction Kevin Lefur . Ce dernier, obéissant aux logiques des nucléocrates, peut ordonner des perquisitions de tous lieux et des arrestations, des écoutes et des filatures de toute personne étant liée de près ou de loin avec la lutte contre CIGEO, et ce jusque la fin de l’instruction qui devrait durer au moins un an et s’étendre plus probablement sur plusieurs années. Une première vague de perquisitions avait déjà eu lieu dans ce même cadre le 20 septembre 2017.
La peine, c’est la procédure

Quand l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) et l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) pointent du doigt les risques énormes liés au projet CIGEO, quand près de 3000 personnes se retrouvent dans les rues de Bar-le-Duc pour dénoncer ce projet absurde, demander la fin du nucléaire et affirmer leur solidarité aux militant.e.s locales, l’État abat sa dernière carte pour imposer sa poubelle nucléaire : la répression. Pour les personnes vivant à Bure et dans les environs, la vie est déjà rendue complexe par une présence policière accrue : plusieurs patrouilles par heure, contrôles et fouille de véhicules et des personnes… Sortir sans sa carte d’identité, c’est risquer une vérification d’identité de 4h ; laisser traîner un couteau suisse (et même une pelle à tarte) dans la portière de sa voiture, c’est risquer une garde à vue et des poursuites pénales pour transport d’arme. Quand on parle d’État d’exception à Bure, on fait état de toutes ces mesures qui rendent pénible la vie au quotidien afin que ce bout de territoire se vide toujours plus de ses habitant.e.s et surtout de ses opposant.e.s à la poubelle nucléaire.

L’’instruction ouverte pour association de malfaiteurs décuple les activités répressives contre les militant.e.s, et, en brisant des vies, tente de broyer cette lutte. Ainsi, des personnes installées depuis des années, se retrouvent avec des interdictions de territoire qui les privent de leur vie sociale tissée sur la durée. Des personnes qui luttent depuis des années contre ce projet se retrouve dans l’interdiction de se voir, cassant toute possibilité d’organisation politique. En recherchant jusqu’aux personnes participant aux approvisionnement de nourriture et en mettant en place des filatures et des écoutes généralisées, l’État diffuse la peur parmi tou.te.s les opposant.e.s et tou.te.s les habitant.e.s. La défense collective contre cette attaque judiciaire est d’autant plus compliquée que les personnes concernées n’ont pas le droit de se voir et que le dossier d’instruction est protégé par le « secret d’instruction ». La procédure en cours est chronophage, mobilise des personnes pour la parer, diabolise les mis.e.s en examen aux yeux de voisin.e.s et des personnes qui découvrent les chefs d’inculpation. Elle prend ce temps si utile pour lutter. Cette instruction a pour unique but de paralyser la lutte et d’imposer le projet mortifère de la poubelle nucléaire à Bure.

Mais la lutte n’est plus une lutte locale : avec des comités de soutien et d’action qui se forment et se consolident partout en France et au delà, la résistance prend une tournure internationale. Ainsi, 55 rassemblements ont eu lieu mercredi 27 juin 2018. Ielles veulent museler l’opposition locale à CIGEO, mais ielles n’ont pas compris que cette opposition est totale ! Les comités de soutien et d’action, les milliers de personnes présentes lors de la manifestation du 16 juin à Bar-le-Duc, sauront boycotter la concertation organisée par les pouvoirs publics autour du nucléaire à la rentrée pour organiser leurs propres concertations autogérées ; sauront suivre l’exemple des MONSTRES de CIGEO (campagne lancée sur le site lesmonstresdecigeo.noblogs.org) et prendre pour cible partout où ils sont atteignables les sous-traitants et soutiens de CIGEO ; et saurons enfin se retrouver nombreu.x.ses du 3 au 10 septembre autour de Bure pour une semaine d’ateliers et de mobilisation afin de stopper la construction de la voie ferrée qui servira aux transport des déchets, l’installation du transformateur électrique qui alimentera CIGEO et le défrichement du bois Lejus.

Plus d'info sur : Expansive.info

24 juillet 2018

Ecologie : maintenant il faut se battre

Ecologie : maintenant il faut se battre

lecture/spectacle (2018)

avec des textes de Paul Watson, Derrick Jensen, Hervé Kempf, Pierre Ronsard, Vandana Shiva, Armand Farrachi, Fabrice Nicolino, Pierre-Emmanuel Neurohr et Lierre Keith

lus et interprétés par Audrey Vernon et Marianne Denicourt, avec Yves-Noël Genod, Geofroy Rondeau, Yacine Belhousse, Thomas Vandenberghe, Giorgia Sinicorni et David Azencot

24 juillet 2018

Appel à soutien

APPEL à SOUTIEN !

LA BORIE SERA EXPULSABLE À LA FIN DE L'ÉTÉ !


Berceau d'une lutte mémorable dans les Cévennes contre un grand projet de barrage dans les années 80, ce lieu d'habitation et d'expériences politiques et humaines diverses est occupé depuis une trentaine d'années. Cet endroit, de nature préservée, à la biodiversité fourmillante, tenu et entretenu depuis toutes ces années par des personnes aux histoires éclectiques, à l'encontre des tentatives de réappropriation municipales ou privées, risque d'être expulsé !

Un jugement lourd est tombé - confirmant notre opinion sur l'infect visage de l'institution judiciaire - et les possibilités de recours sont très minces. Le jugement annonce l'obligation à quitter les lieux au 14 août et à partir de cette date une astreinte de 700 euros par jour pour les 3 personnes assignées et une intervention des forces de l'ordre possible à partir du 14 septembre. La manière dont le jugement est rédigé implique que nous n'avons très peu de certitudes d'obtenir des délais supplémentaires, malgré les tentatives de recours que nous allons effectuer. Nous considérons qu'il faut donc prendre en compte cette décision au pied de la lettre, et se préparer à son exécution dans ces termes, au vu du contexte exécrable et des comportements va-t-en-guerre des personnes de pouvoir, dans notre commune, comme ailleurs.

Nous avons décidé de nous opposer à cette expulsion et nous souhaitons garder ce lieu ouvert et continuer à vivre ici le plus longtemps possible. Nous devons également faire face à des réactions menaçantes de certain-es habitant-es du coin plutôt réactionnaires (insultes, menaces de représailles physiques et de destruction, saccage d'un vehicule, coups de feu en pleine nuit, agressions physiques).

C'est pourquoi, certain-es habitant-es de la Borie au quotidien ou par intermittence, nous lançons un appel urgent à différents types de soutien :

1 - En venant passer les prochains mois (ou plus) à la Borie pour préparer la résistance à l'expulsion en discutant, proposant, vivant, ou en construisant des choses avec nous, pour envisager comment faire barrage à l'arsenal repressif.

La Borie étant aussi depuis longtemps un lieu de réflexions et de pratiques de résistance à la psychiatrisation de nos existences, nous avons fait le choix d'etre un espace d'accueil et de soin, plutot que de tout miser sur la « valeur travail » et le productivisme. Aujourd'hui, sur nos souffrances et galères quotidiennes déjà complexes, se rajoute cette décision extrêmement sévère qui nous laisse très peu de temps pour nous retourner. Les personnes motivées et encourageantes sont donc les bienvenues.

Nous souhaitons que cette période puisse permettre d'élaborer des stratégies communes en accord avec les valeurs que nous portons, pour que cette bataille soit déterminée, féministe, queer, anti-coloniale, anti-capitaliste,... et qu'elle soit en résistance aux comportements racistes, sexistes, psychophobes ou validistes... donc respectueuse des réalités de chacun-e. En effet, il est indispensable que nous soyons nombreux-ses pour atténuer cette pression mais nous ne laisserons pas cette lutte devenir un étalage de virilisme guerrier où les personnes qui se sentent dans des capacités et envies différentes se sentiraient exclues ou dévalorisées. Nous aimerions que cet été puisse permettre aussi aux personnes qui le souhaitent de vivre des moments de partage sur tous les outils d'auto-défense existant face à cet état policier, et que les différentes luttes puissent trouver un écho et un espace d'expression. Nous vous accueillerons à bras ouverts, et en autogestion : beaucoup de choses seront à construire, si nous sommes aussi nombreux-ses que nous l'espérons.

2 - En nous rejoignant lors des Assemblées Generales des Luttes. La première étant à Saint-Jean-du-Gard, au parc derrière l'Aquarium (le Bois des Plumes), le 7 juillet vers midi, pour un pique-nique partagé avant de discuter à 14h. Pour évoquer non seulement les résistances face au projet d'expulsion de La Borie, mais aussi les contestations concernant l'ensemble des opérations de chasse aux pauvres, aux habitats précaires, à la gentrification touristique de nos communes, etc. L'atmosphère de guerre sociale nous étouffe, parlons-en, et organisons-nous !

3 - En organisant, là où vous êtes, des évènements de soutien (concerts, cantines, actions, et autres) afin de faire du bruit autour d'un très vieux squat qui pourrait sentir sa fin venir, et éventuellement faire aussi des sous pour les frais de justice déjà élevés. Nous pensons pouvoir évaluer les frais d'ici peu en fonction des recours potentiels. Car, non seulement on se fait dégager mais en plus il va falloir raquer.

Nous proposons d'ores et déjà le 14 août, pour une autre Assemblée Générale des Luttes, suivie d'un concert de soutien à La Borie. Pour toutes celles et ceux qui ne peuvent pas venir (individus, collectifs, réseaux...) l'idée est d'organiser localement un évènement de soutien ce même jour, ayant pour objectif de diffuser de l'information sur la situation, ainsi que de collecter des sous pour assurer notre défense. Cette date correspond à la fin du délai de 2 mois qui nous a été accordé avant de devoir quitter les lieux... un délai dérisoire au regard des trente années d'occupation des lieux !!

Et le 15 août, nous manifesterons dans les rues de St-Jean-du-Gard, pour faire entendre notre détermination à vivre sur les terres de La Borie, et plus largement à résister à toutes les logiques d'appropriation du vivant.

Entravons les velléités politiques des municipalités visant à nettoyer au karcher les zones habitées, à des fins touristiques, pour vendre aux visiteur-euses high standing des régions muséifiées sans pauvres ni crasseux-ses, sans constructions précaires, ou qui spéculent sur la vente des terres à de gros propriétaires déjà nantis.

4 - En faisant tourner l'info que nous cherchons des lieux de repli dans le coin ou plus loin pour nos affaires, nous-mêmes, nos casseroles et nos valeurs...

5 - En proposant ou en venant aussi passer des moments de joie et de partages comme des concerts, des ateliers, des chantiers, des fêtes, etc.

Ce message peut être diffusé de manière large, et plus particulièrement dans les réseaux d'ami-es, de militant-es, de sympathisant-es, sur les listes mails et réseaux anti-autoritaires, autonomes, féministes...

Pour nous contacter : nonauxexpulsionslaborie@riseup.net
La Borie en luttes : https://laborie.noblogs.org/

Si vous voulez venir ou organiser un truc ici et que vous connaissez pas bien l'endroit, écrivez-nous ! On pourra vous donner un peu plus de précisions sur comment venir, sur les différents espaces (certains sont des habitations, d'autres des cultures, certains sont tranquilles, d'autres plus collectifs, etc.). C'est plutôt cool de venir ici sans animaux de compagnie (y en a déjà plusieurs et ça peut faire trop pour certains-es). Les comportements relous, sexistes, racistes, homophobes, etc. ne sont pas les bienvenus.

22 janvier 2019

Gilets jaunes clip officiel D1ST1

Gilets jaunes

clip officiel D1ST1 (2019)

La rage du peuple J'la vois tous les samedi On n'a plus un franc plus d'quoi remplir un caddy Chaque fin de mois on crève la dale J'te parle pas d'appétit Il suffisait de quelques gilets jaunes pour que petit à petit on s'bouge On s'mobilise Que la France s'organise qu'on soit tous dans les rues et puis que l'Elysée balise On veut pouvoir créer des lois Ou bien les contester Le boycott dans les médias nous empêche de manifester Ils disent que le mouvement s'essouffle Alors qu'on crève tous de faim Pour comprendre qu'ça va péter y'a pas besoin d'être devin On bloque les raffineries Les péages Les flics nous dégagent Et j'peux te dire qu'ils ont la rage Ils poussent des cris quand ils nous chargent Et le samedi au centre-ville Tout c'que j'vois ça me régale J'vois tout le monde s'organiser Même si tout l'monde est dans le mal J'vois tous les gens Casqués Equipés d'un masque à gaz Prendre des boucliers Venez on les écrase J'vois des anciens des jeunes Des femmes Des tirs de fumigènes Des barricades Des flammes De l'autre côté J'vois que des civils Des flics des CRS nous chasser de la ville Ils veulent pas qu'ça s'envenime Ils veulent pas que ça se sache Qu'une fois la nuit tombée Ca devient une partie de cache-cache Ils attendent bien qu'on soit tous regroupé Enfants en bas age personnes agées Ils en profitent pour tout gazer / ... / Dans les placards des gilets jaunes y'a que des battes Derrière les barricades les vitrines de banques éclatent Ils nous prennent en étau Nous coincent dans des petites rues Escaladent les jardins des voisins Pendant qu'ils nous tirent dessus C'qui s'passe c'est fou J'sais pas si tu réalises Ils tirent sur nous mais aussi sur les médics et les journalistes Et moi j'te dis qu'ta hure C'est pas la tienne c'est la notre Mais que ta dictature On n'en veut plus chez les votres Et quand tu t'trouves là planté devant les flics Et qu'tu les vois matraquer des gens Comment rester pacifique Et puis Quand t'es En plein milieu d'la manif Et qu'tu vois les flics se pointer Deux minutes après tu vois passer des visages ensanglantés Comment rester calme Pas leur sauter dessus Quand ils sont dix à tabasser une femme Et qu'elle n'a pas d'issue Et j'ai un truc A dire A tous les pacifistes Si ils le sont encore c'est qu'ils sont pas vraiment dans les manifs J'ai vu le gars à côté d'moi se prendre un flashball en pleine tête Je vois qu'le sang des gilets jaunes coulé C'est bien ça qui m'embête J'vois tout le monde Jeter des pavés Sur les banalisés Le peuple avec un manie-tout casser les portes de l'Elysée Mais y'a aussi Des flics déguisés Aux matraques aiguisées Qui s'font passer pour des casseurs Et puis qu'y attendent de d'faire glisser Mais j'vois aussi Des gens faire demi-tour plus que déter Et charger l'escadron Pour libérer un gilet jaune à terre C'est la guerre Et c'est pas BFM qui va vous l'dire Car elle me paraît être La marionnette Du mal qui l'inspire Et j'en profite Pour dire à tout le monde de pas lacher C'qu'on a lancer s'est propagé dans l'monde entier Faut qu'vous l'sachiez C'est la révolution On devient tous détraqué Macron est comme une allumette Il est à deux doigts d'craquer...

23 janvier 2019

Communiqué sur les arrestations survenues sur la ZAD

Communiqué sur les arrestations survenues sur la zad


Ce 22 janvier à 6h du matin, la ZAD a été réveillée par un dispositif policier digne d’une opération d’expulsion pour arrêter trois personnes.

Nous avons assisté à une mise en scène spectaculaire avec des perquisitions simultanées, des dizaines de fourgons, des chefs d’inculpation et des commentaires médiatiques qui cherchent à nous stigmatiser : « association de malfaiteurs », « bande organisée », « règlement de compte », etc. Deux autres personnes ont été arrêtées plus tard dans la journée en dehors de la zad.

Jeudi dernier, plus de 500 personnes célébraient la victoire contre l'aéroport lors d'un banquet.
Un an après l’abandon et alors que les activités menées par les habitants s’enracinent, le moment est sans doute jugé opportun par certains pour monter une nouvelle fois on ne sait quelle histoire en épingle pour donner au bocage une image anxiogène. Après les expulsions du printemps, en est-on à une nouvelle étape de la vengeance d'Etat ?
Après les fantasmes déjà distillés dans la presse par la gendarmerie sur les fausses « caches d’armes » ou les « tunnels viet-congs », on nous sort du chapeau ce matin un nouvel épouvantail destiné à effrayer l’opinion publique. Ce ne serait pas la première fois que les enquêteurs brandissent un dossier vide et utilisent l’association de malfaiteurs pour criminaliser un mouvement.

Ce qui est sûr en revanche, c’est que les personnes arrêtées sur la zad ce matin ont été engagées de longue date dans le mouvement anti-aéroport, sont intégrées dans les diverses activités, liens de voisinages et de solidarité locale, et vivent ici depuis plusieurs années.

 

Appel à rassemblement dès ce mercredi 12h devant la gendarmerie de Saint-Nazaire

Nous appelons dès aujourd’hui à ne pas tomber dans le panneau de la diabolisation policière et à les soutenir. Un rassemblement aura lieu ce mercredi midi devant la gendarmerie de Saint-Nazaire, au 79 avenue Ferdinand de Lesseps.

28 novembre 2014

Chanson modeste écrite pour les luttes ici et maintenant !

Détournement de la chanson "Mai 68", de Jean-Michel Caradec : La branche a cru dompter ses feuilles / Mais l'arbre éclate de colère / Ce soir que montent les clameurs / Le vent a des souffles nouveaux / En province de France / La clown est montée sur les pierres / On l'a mise au pénitentiaire / Je crois qu'elle s'appelait Silvia / Tout le monde ne peut pas s'appeler Carla / En province de France / Et le sang des gars du Testet hier / A fait l'amour avec la terre / Et fait fleurir les oripeaux / Le sang est couleur du drapeau / En province de France / Et plus on viole Notre-Dame / Plus Des-Landes est Chemin des Dames / Plus Gaillac ressemble à Dachau / Et moins nous courberons le dos / En province de France / Perché sur une barricade / L'oiseau chantait sous les grenades / Son chant de folie était beau / Et fous les enfants d' lair'debau / En province de France / La branche a cru dompter ses feuilles / Mais elle en portera le deuil / Et l'emportera au tombeau / Demain ne fera pas cadeau / En province de France.

22 février 2019

Halimi-Rimbert : les Marx-Engels du XXIe siècle ?

Halimi-Rimbert : les Marx-Engels du XXIe siècle ?

Ce n’est pas la première fois que des héritiers présomptifs autoproclamés et surtout présomptueux de Marx se réclament de lui pour avancer leurs propres thèses et interprétations pseudo-révolutionnaires. Mais jusqu’à récemment cette usurpation était le fait, d’un côté, de leaders et théoriciens de groupuscules d’extrême-gauche, et, de l’autre, d’universitaires adeptes du marxisme-lénifiant. La nouveauté, avec le tandem Halimi-Rimbert, est que l’on a affaire à des journalistes, citoyennistes bon teint en plus, considérant que le vote aux élections programmées par les gouvernants reste l’arme fatale contre le néo-libéralisme, et pour qui, si révolution il y a, elle ne saurait donc être que «citoyenne». C’est-à-dire légale, réformiste et pacifique, sans autre horizon qu’un capitalisme amendé et civilisé, «apprivoisé», pour reprendre le souhait formulé par l’anthropologue de «centre gauche» Emmanuel Todd.
Or voilà que le directeur du Diplo et son adjoint se mettent à parler à leur tour d’«insurrection», de «révolte», de «destitution». Il ne manque plus que le «soulèvement», mais il semble qu’ils aient été dissuadés d’aller trop loin en reprenant ce vocable par la menace de poursuite judiciaire de la part du Ministre de l’Intérieur Castaner contre l’une des figures des Gilets jaunes, Éric Drouet, qui avait appelé à «un soulèvement sans précédent par tous les moyens nécessaires» pour riposter à l’énucléation commise par la flicaille contre une autre figure du mouvement, Jérôme Rodriguez. Il est vrai que l’on voit mal notre duo diplomatique inciter sa chalandise néo-petite bourgeoise à l’émeute et encore moins à la guerre civile contre le gouvernement.
Comment pourrait-il le faire, en effet, alors que cette «classe moyenne éduquée» est totalement déconnectée des classes populaires — si l’on excepte les enseignants du primaire et du secondaire, et les travailleurs sociaux, minoritaires dans le lectorat du Diplo. D’où sa surprise voire sa sidération lorsqu’une partie d’entre elles ont enfilé un gilet jaune pour occuper ronds points et péages voire faire quelques incursions dans les «beaux quartiers», afin d’exprimer leur colère et faire valoir leurs revendications. Comme l’avait noté Halimi lui-même, qui semblait découvrir la lune, dans un article paru le mois précédent, ce mouvement social imprévu, y compris par les sociologues et politologues dont il aime à s’entourer, est «culturellement étranger à la plupart de ceux qui font le journal et de ceux qui le lisent » [1] . Sans remettre en cause, comme il se doit, la division capitaliste du travail à l’origine de ce clivage, remise en cause qui relève pour lui comme pour ses semblables de l’impensable. Un peu plus de «justice sociale», un peu moins d’inégalités : c’est ce à quoi se résume, en effet, le progressisme des «amis du Monde diplomatique». Mais alors comment interpréter l’irruption soudaine en une du journal de ce copier-coller du titre de l’un des livres de Marx, avec un article au pluriel en moins, publié après sa mort avec une préface de Engels : Les luttes de classe en France ? [2]

Mon hypothèse est que le duo Halimi-Rimbert a simplement voulu se mettre au diapason d’un mouvement social qu’eux et leurs amis n’avaient, à la différence des précédents, ni prévu ni voulu, et qui les a, passez-moi l’expression, laissés sur le cul. En empruntant à Marx le titre martial de l’un de ses écrits, ils ont simplement voulu faire courir de délicieux frissons insurrectionnels dans l’échine toujours courbée de leur lectorat de néo-petits bourgeois, ces «agents dominés de la domination», comme les définissait bien l’un de leur maître à penser, le sociologue Pierre Bourdieu, sans en tirer, toutefois, les enseignements politiques qui s’imposaient. Comme il fallait s’y attendre, la conception de la lutte des classe du tandem Halimi- Rimbert diffère quelque peu de celle de Marx, foncièrement anticapitaliste comme chacun sait, dont ils n’ont jamais vraiment assimilé la pensée tant elle va à l’encontre de la ligne idéologique du mensuel, l’altercapitalisme, dont l’un et l’autre n’ont pas dévié d’un pouce depuis qu’ils en ont pris la tête. Ils ne sont donc pas près de ni prêts à combler «le gouffre croissant» relevé avec une lucidité malheureusement sans suites par Halimi dans l’article de janvier mentionné, «entre un univers populaire qui subit les coups, essaie de les rendre, et un monde de la contestation (trop ?) souvent inspiré par des intellectuels dont la radicalité de papier ne présente aucun danger pour l’ordre social».
On peut dès lors se demander pourquoi les deux figures de proue du Diplo ont jugé bon de rejoindre les rangs de ces derniers dans le numéro du mois suivant. Ce qui renvoie à l’hypothèse évoquée plus haut : comme toutes les gloses explicatives de lettrés plus ou moins savants qui se sont abattus depuis des semaines sur les basses classes en révolte comme la vérole sur le bas-clergé, l’interprétation de leur mouvement proposée par Halimi et Rimbert, non pas à la lumière du marxisme mais sous le patronage post-mortem de Marx, ne s’adresse pas à celles-ci, qui n’en auraient de toute façon que faire, mais à une faune diplômée à qui l’on peut raconter à peu près n’importe quoi pour peu qu’elle puisse y trouver son compte symbolique. Certes, l’insurrection pronostiquée par certains il y a quelque temps déjà est bien venue, mais elle ne correspond pas à ses vœux tant dans sa forme que sur le fond. Mais, qu’à cela ne tienne ! Fort de leur savoir acquis dans les enceinte universitaires ou autres temples de la connaissance, une cohorte d’observateurs professionnels du monde social vont se succéder devant les micros et les caméras ou dans les colonnes des médias dominants, qu’ils aiment à vilipender par ailleurs, pour dévoiler aux spectateurs, auditeurs ou téléspectateurs qui croient aux dons de divination de ces pythies des temps post-modernes, les tenants supposés et aboutissants probables d’un mouvement qui s’est développé sans leur aide ni même leur présence. Qu’on se le dise, malgré tout : mieux que n’importe quel acteur anonyme du mouvement des Gilets jaunes, ils sont en mesure dire de quoi celui-ci est le nom. C’est ainsi qu’une fois de plus, car il est coutumier du fait, le Diplo présente comme le commencement de la fin pour la classe possédante, l’essor d’une opposition massive au pouvoir politique en place où l’on chercherait pourtant en vain trace des courants socialistes, communistes ou anarchistes qui irriguaient feu le mouvement ouvrier. Halimi et Rimbert pointent d’ailleurs l’absence dans les revendications des Gilets jaunes de la «lutte contre l’exploitation salariale» et de «la mise en accusation de la propriété des moyens de production». Mais diable quand a t-on lu dans ce journal de telles orientations alors qu’il ouvre ses colonnes à un économiste tel que Bernard Friot qui n’a rien d’autre à proposer qu’un «salariat basé sur la qualification individuelle», tournant le dos à Marx qui avait opté pour l’abolition pure et simple du salariat, quelle qu’en soit la forme, comme condition de l’avènement du communisme ? Quand à la nécessité d’«exproprier les expropriateurs» capitalistes, très partagée parmi le prolétariat du XIXe siècle, cette éventualité paraît n’avoir jamais effleuré l’esprit des collaborateurs, réguliers ou occasionnels, du mensuel. Et que dire d’autres failles reprochés par nos deux néo-marxistes mondains à des revendications qui «ne remettent en cause» ni la «subordination des salariés dans l’entreprise», ni «la répartition fondamentale des revenus» ou le «caractère factice de la souveraineté populaire au sein de l’union européenne et dans la mondialisation» ? Ces reproches valent en premier lieu pour ceux qui les adressent, en particulier sur le dernier point. Car la sortie simultanée de l’euro, de la Communauté européenne et de l’Otan n’a jamais fait partie des perspectives politiques tracées dans le Diplo qui a préféré traiter en pestiféré, c’est-à-dire par un silence absolu, celui qui les a toujours fait siennes, le leader de l’UPR, François Asselineau. Aussi peut-on considérer comme de pures «paroles verbales», comme on dit au Canard enchaîné, la recommandation faite à leurs ouailles par nos deux nouveaux venus dans le marxisme de la chaire de «marquer leur solidarité avec l’action des gilets jaunes» en agissant «dans le sens de la justice et de l’émancipation». On croirait lire la conclusion d’une dissertation d’un élève de première année à l’école des larves de Sciences Po.
Souvenons-nous de Siriza en Grèce puis Podemos en Espagne érigés par le Diplo en fers de lance de la lutte contre les puissants de ces deux pays, avec les résultats pour le moins médiocres voire désastreux en Grèce que l’on sait. Mais avec les Gilets jaunes on a affaire à un mouvement réellement populaire où la caste universitaire, hégémonique dans les organisations précitées, brille par son absence. Peu importe, cependant. Il s’agit là encore, pour les activistes, «de papier» eux aussi, du Diplo de remonter le moral des troupes en leur faisant croire que la bourgeoisie française ou plutôt «l’oligarchie» — je reviendrai sur ce distinguo — serait aujourd’hui aux abois. D’où la référence à des «précédents» historiques, tel le soulèvement armé prolétarien de Juin 1848, de «lutte des classes sans fard» où «chacun doit choisir son camp», au point où les possédants «saisis d’effroi», «perdent leur sang froid». À l’appui de ce parallèle sans rapport aucun avec la situation actuelle où le règne des capitalistes en France, nationaux ou étrangers, ne court aucun péril, sont cités les propos alarmistes d’éditorialistes «proches du patronat» attestant la panique qui se serait emparée de ce dernier.
Dommage que Halimi et Rimbert n’aient pas pu prendre connaissance au moment où ils rédigeaient leur brûlot ou ce qu’ils croyaient tel, d’un article de L‘ImMonde d’où il ressortait, comme le titre l’annonçait en grosses lettres pour soulager ses lecteurs, que «les entreprises» étaient «peu ciblées par les “gilets jaunes”» [3]. «Un ministre de premier plan», apprenait-on, aurait même déclaré que l’«on n’est pas dans un schéma classique de lutte de classes», car «la fracture se fait entre ceux qui ont de l’espoir et ceux qui n’en ont pas». Entre «ceux qui réussissent» et «ceux qui ne sont rien», aurait précisé Macron. En tout cas, les exploiteurs sortent jusqu’ici indemnes de la tourmente, et, comme le concluent les auteures de l’article, «c’est désormais l’État et son premier représentant Emmanuel Macron, accusé d’être le “président des riches”, qui sont visés par la colère populaire». Or, c’est bien là où le bât blesse dans la prétention de Halimi-Rimbert à suivre les pas de Marx dans leur examen de la «recomposition politique et sociale» en cours dans l’hexagone. «Le président des riches» est le titre d’un essai à succès publié en 2010 de deux sociologues bien en cour au Diplo — ils ont repris du service dans le numéro de février — qui s’étaient échinés à mettre à profit leur popularité médiatique pour inciter tous ceux que leur livre avait enthousiasmés à voter et faire voter Hollande à la présidentielle de 2012 pour «battre Sarkozy» auxquels ils avaient accolé cette appellation. Un Hollande qui, une fois élu président, servira «les riches» avec autant d’ardeur sinon plus que son prédécesseur en casant Macron à l’Élysée comme secrétaire général adjoint de son cabinet, puis à Bercy comme ministre de l’économie. Mais on ne peut pas exiger de chercheurs en sciences sociales de chercher autre chose que ce que leur appartenance de classe les conduit à trouver, en laissant le reste de côté.
À cet égard, l’intitulé de l’article de Halimi dans le Diplo de janvier est involontairement révélateur. «Tout ce qui remonte à la surface» avec le mouvement des Gilets jaunes, c’est précisément ce que le discours autorisé sur le monde social, auquel le Diplo fait écho avec la dissonance sur laquelle repose son image de marque, a laissé enfoui. Ainsi en va t-il de la bourgeoisie que le couple Pinçon- Charlot s’entête à ne plus appeler par son nom pour lui en substituer un autre, «l’oligarchie», moins marqué du sceau d’infamie marxienne. Concept transhistorique qui date de l’antiquité grecque, il fait oublier le caractère de classe exploiteuse d’où la bourgeoisie tire sa spécificité, en plus de ses revenus, et, par delà, le caractère capitaliste de la société, pour ne cibler que «les riches» et même les «très riches» voire, comme se plaisant à le souligner nos deux sociologues, les «ultra-riches», en faisant l’impasse sur le fondement social de cette richesse. Pas étonnant, dès lors, que le mouvement des Gilets jaunes ne soit perçu que comme celui de gens demandant au gouvernement de rendre les uns un peu moins riches pour que les autres soient un peu moins pauvres.
Certes, Halimi et Rimbert, usent — avec parcimonie — du terme «bourgeoisie», mais c’est, malgré leur volonté de «clarification idéologique», sur la base d’une confusion entre classe possédante et classe dirigeante. La première est, rappelons-le quand même, constituée par les capitalistes tandis que la seconde, les «fondés de pouvoir du capital» comme Marx appelait les gouvernants de la démocratie représentative, comprend aussi bien des bourgeois que des petits bourgeois. Or, mêlant indistinctement «hauts fonctionnaires français ou européens, intellectuels, patrons, journalistes, droite conservatrice, gauche modérée», Halimi et Rimbert en viennent à englober le tout sous la notion pour le moins floue de «bourgeoisie cultivée». Une manière de noyer le poisson néo-petit bourgeois, c’est-à-dire les politiciens «de gauche» pour qui tous les deux comme la plupart de leurs lecteurs ont voté sans désemparer pendant des années, dans un salmigondis interclassiste où Marx ne reconnaîtrait pas les composantes de la classe dirigeante. Car dans ce «bloc bourgeois» que nos deux marxistes en herbe accusent d’avoir monopolisé le pouvoir d’État et dont la stratégie aurait fait que «les classes populaires se trouvent exclues de la représentation politique», figurent bon nombre de dirigeants de ce que l’on a appelé la «gauche plurielle» issus de la petite bourgeoisie intellectuelle.

Des plus hauts postes de la pyramide étatique jusqu’aux collectivités locales ainsi qu’à la tête d’associations importantes, ses représentants secondent la bourgeoisie dans le maintien de sa domination, dans la cadre soi-disant démocratique d’«alternances politiciennes» sans alternative politique. Le dessus du panier de cette classe médiane et médiatrice vit comme la «grande bourgeoisie» dans l’entre soi, pointe du doigt les «ultra-riches» mais oublie les quartiers populaires et méprise les gens qui y résident, écologiquement incorrects parce qu’ils roulent au diesel et fument trop, font leurs courses dans des hypermarchés, regardent à la télévision les émissions de divertissement et, pour couronner tout, sont suspectés d’inclinations homophobes, racistes voire d’extrême-droite. D’où le peu d’appétence pour les «gilets jaunes» de l’intelligentsia progressiste qui sert de guide idéologique à cette classe. Ce qui ne l’a pas empêchée d’essayer de prendre le train en marche en apportant son soutien à leur mouvement, non sans quelques hésitations au départ, mais comme la corde soutient le pendu. Ainsi a t-on vu fleurir dans le journal libéral- libertaire du milliardaire sioniste Patrick Drahi ou sur le site du patron moustachu de Médiapart qui avait voté Macron au deuxième tour de la présidentielle, les appels de quelques pointures en vue du gratin académique à se solidariser avec les Gilets jaunes en se joignant à eux dans la rue ou au moins sous forme de manifestations parallèles et séparées, féministes et LGBTQ, par exemple, pour «selzéceu» qui redoutaient le mélange du bon grain «bobo» avec l’ivraie populo.
En matière de récupération, le cas de François Ruffin est à cet égard emblématique. Après avoir tenté en vain de taper l’incruste chez les Gilets jaunes de son fief picard de Flixecourt pour élargir sa base électorale, on a vu le clown de la France insoumise défiler le samedi 24 novembre sur les Champs Élysées au milieu de «la France invisible» revêtue de jaune qui, selon lui, avait décidé de «passer de la résignation à l’action» pour «se rendre visible». Sans aller cependant jusqu’à l’accompagner jusqu’à l’Arc de Triomphe pour lui donner un coup de main dans son affrontement avec les forces répressives. Il faut dire qu’il avait bien précisé lors d’une autre prestation filmée aux Champs Élysées, flanqué de trois Gilets jaunes, que s’il accédait au sommet du pouvoir à l’issue d’une prochaine consultation électorale de ce serait pour «ramener la concorde nationale» dans le pays. Lors d’un entretien avec le médiacrate Nicolas Demorand sur France Inter quelques mois auparavant, il avait même affirmé sa foi en la non-violence pour dissiper les craintes de désordres que pouvait susciter la «manifestation pot-au-feu» dont il était l’initiateur, qu’il souhaitait «festive et joyeuse» pour «faire la fête à Macron» — pour qui il avait voté lui aussi. S’il voulait «rallumer le feu», c’était celui «de l’espoir dans le cœur des gens» et non pour jouer les incendiaires. Or, pas plus que les Nuits à dormir debout dont il fut aussi le promoteur au printemps 2016 où accoururent de jeunes petits bourgeois précarisés ou en voie de l’être, cette bouffonnerie carnavalesque ne changea quoi que soit dans le rapport de forces avec «l’oligarchie». Et la tentative de Ruffin de «servir de passerelle» entre la «France périphérique» et la «classe éduquée» parisienne, lancée place de la République devant ses fans le 29 novembre 2018 alors que le mouvement des Gilets jaunes battait son plein, se solda également par un fiasco. Aux dernières nouvelles, notre Tintin picard se prépare à rééditer l’opération «Merci patron !». Faute de pouvoir s’intégrer au mouvement des Gilets jaunes ou de l’intégrer à la gauche plan-plan au plus fort de sa vitalité, il a décidé de le filmer «pour qu’il laisse une trace». Une manière de l’enterrer avant même qu’il prenne fin ! À l’écouter, pourtant, «quand un mouvement tient entre Noël et le jour de l'An, qu'il tient en janvier, c'est qu'il y a des chances pour qu'au printemps il se passe des choses dans ce pays». On peut se demander néanmoins si le titre qu’il a choisi ne révélerait pas plutôt un désir de faire oublier au plus vite un hiver peu favorable à ses tentatives de récupération : «J’veux le soleil !» À moins qu’inspiré par les réminiscences historiques dont Halimi et Rimbert ont truffé leur «papier», il se voie déjà comme l’annonceur et le leader d’un nouveau Printemps des peuples !
«Le Paris de 2019 ressemble au Versailles de 1789», si l’on en croit le duo Halimi- Rimbert, jamais à court de références révolutionnaires, qui convoquent également d’autres événements majeurs où le pouvoir des nantis fut assez rudement menacé (la Commune de Paris, juin 36, mai 68). Pourtant, il est douteux que la capitale soit appelée à être à nouveau le foyer ou la cible d’une intensification de la lutte des classes. Et l’on voit mal en quoi la carte des «lieux de pouvoir à Paris», publiée sur deux pages en tiré à part par le Diplo, peut «déranger» ceux qui les occupent, contrairement à ce qu’imaginent ceux qui l’ont fait dresser. Certes, Ruffin, lors de la soirée de novembre où il pensait convaincre son auditoire de «converger» avec les Gilets jaunes lui avait bien suggéré d’organiser une série d’«apéros facebook au vin chaud devant les lieux de pouvoir». Mais, pas plus qu’«un dîner de gala», comme l’avait rappelé Mao, la révolution, même limitée à une version citoyenno-écologique, ne saurait se limiter à boire joyeusement un coup en bandes devant les entrées des ministères ou des siège sociaux. La destruction par des manifestants, le 5 janvier 2019, lors de l’« acte VIII » du  mouvement des Gilets jaunes , du portail de l' hôtel de Rothelin-Charolais , siège du  porte-parole du Gouvernement , à l’aide d’un chariot- élévateur, obligeant Benjamen Grivaux à s’enfuir de son bureau en courant, n’a rien à voir avec des pantalonnades collectives pseudo-subversives dont Ruffin s’est fait le chantre. Elle donna un petit aperçu de ce que serait l’investissement de la capitale par la foule de ceux qui en on été chassés ou n’y ont jamais eu droit de cité. Si les «gilets jaunes» ayant enfin fait la jonction avec les «racailleux de banlieues» sur des bases politiques révolutionnaires s’avisaient de vouloir mettre à sac quelques hauts lieux du pouvoir économique, politique et intellectuel, nul doute que l’on verrait ressurgir la «grande peur des bien-pensants», penseurs de gauche mondains compris, et tout ce qui s’ensuit : la fin des festivités populaires dans un bain de sang.



Jean-Pierre Garnier

Notes :

1- Serge Halimi, «Quand tout remonte à la surface», Le Monde diplomatique, janvier 2019.

2- Serge Halimi et Pierre Rimbert, «Lutte de classes en France», Le Monde diplomatique, février 2019.

3- Le Monde, 7 février 2019.

Ce texte envoyé par notre camarade Jean-Pierre Garnier nous ayant quelque peu interrogé sur deux points particuliers, nous faisons suivre ci-dessous les brèves remarques que nous lui avions envoyées et la réponse qu'il nous a rapidement donnée :

Nos remarques : "Très bon topo ! Même si à nos yeux un ou deux points qu'il serait ardu de développer ici restent discutables. Pour tout de même le dire vite : 1 - Nous ne pensons pas que le clampin Asselineau puisse présenter un quelconque intérêt. Autant que nous le sachions, il n'est pas plus révolutionnaire ou simplement anti-capitaliste que l'ensemble de ses coreligionnaires. Qu'il veuille sortir de l'UE et de l'OTAN ne change rien à l'affaire, puisqu'il s'agit seulement chez lui d'un désir de revenir à un Etat fort et à une France du passé qui n'a réellement jamais existé, sinon dans les fastidieux rêves de sa caboche presque aussi décomposée que celle d'un Zemmour. 2 - Quelles qu'aient pu être dans un premier temps leurs hésitations, il n'en reste pas moins qu'une part de la "classe moyenne" et de la "petite bourgeoisie" dites "ultra-gauchistes" par la médiacratie et le pouvoir a tôt fait de rejoindre les gilets jaunes dans les manifestations comme parfois sur les ronds-points, et assez régulièrement avec pour objet que les choses s'emballent, si nous pouvons le dire ainsi. Nous n'avons tout de même pas tous une cervelle du Diplo ou de Ruffin, en quoi d'ailleurs il me paraît bienvenue de faire suivre ici cette "banalité de base" que nous écrivions il y a quelques temps maintenant : - "Si nous pouvons sans rougir renvoyer dos à dos certains prétendants au gauchisme et la police, c'est que les uns comme l'autre font tout pour nous enfermer dans une catégorie abstraite du spectacle ; les premiers en effet nous définissent comme réactionnaire précisément là où la seconde nous définit comme membres de l'ultra-gauche." Voilà ce que nous pouvions en dire rapidement.

La réponse de Jean-Pierre Garnier : "Sur Asselineau, il faut tenir compte du contexte de mon topo. Il ne s'adresse pas à des anars, marxiens ou non, mais à des gens situés à gauche de la «deuxième droite» sociétale-libérale (PS, escrologistes...) insatisfaits de la frilosité ou de la légèreté politique du Diplo sur certaines questions d'ordre intérieur ou international, y compris au sein de ce journal. Parmi mes amis ou connaissances, je connais des militants de l'UPR ou des gens qui en sont sortis, les uns et les autres anti-capitalstes. Pour eux la «triple sortie» n'a de sens que si elle se situe dans une perspective de sortie du capitalisme. Ma divergence avec eux est que celle-ci ne doit pas être une simple «perspective» mais un processus combiné avec les trois autres de transformation sociale radicale que l'on appellera révolutionnaire si l'on veut. L'état (déliquescent) actuel qui caractérise ce qui reste de forces progressistes — et cela vaut aussi pour le NPA les anarchoïdes de Alternative liberaire qui reprennent à propos de la Russie et du Moyen-Orient la propagande de l'impérialisme US et de ses vassaux —, oblige à procéder par ordre au lieu de balancer la package idéologique qui ne convaincra que les déjà convaincus. Dans le cas du Diplo, leur refus d'envisager une sortie de l'Europe du capital va de pair avec leur incapacité à passer de l'anti-néolibéralisme à l'anti-capitalisme. Tout cela n'implique pas que j'ignore que Asselineau soit le chantre (gaulliste) d'un capitalisme national, visée irréaliste à l'ère du capitalisme transnational où seules les bourgeoisies russes ou chinoises peuvent encore impulser l'accumulation du capital dans le cadre de l'État-nation. Mais l'internationalisme doit, pour être autre chose qu'un vœu pieux, s'appuyer aujourd'hui dialectiquement sur le nationalisme comme idéologie de résistance face à l'emprise d'un impérialisme devenu transnational. On ne se libérera pas de l'Europe du capital si celle-ci ne se désintègre pas. Et l'on ne réussira pas à ne pas se laisser entraîner dans une troisième guerre mondiale si l'on ne coupe pas les ponts avec l''OTAN, condition sine qua non, en plus, pour engager une politique de désarmement. Sur la petite bourgeoisie intellectuelle et la possibilité ou la volonté d'une partie de ses membres de rompre avec sa propre classe, je serai plus bref. Celle-ci est autre chose qu'une «catégorie abstraite du spectacle», pour peu que l'on soit matérialiste au sens marxien, au lieu de reprendre les spéculations idéalistes des situationnistes qui ont préféré réduire la réalité sociale à l'univers fantasmagorique du«spectacle» plutôt que la soumettre à une analyse concrète de situations concrètes permettant d'avoir prise sur elle pour pouvoir agir sur elle. Suffisamment d'écrits (dont les miens ) ont été consacrés à la place et au rôle de la PBI à la reproduction des rapports de production capitalistes pour éviter de verser à nouveau dans la vision individualiste volontariste selon laquelle suffirait à chacun de vouloir pour pouvoir en ignorant les déterminations de classe. La «classe moyenne éduquée», comme l'appellent les sociologues qui en sont issus pour nier qu'elle a structurellement partie liée avec la bourgeoisie, c'est-à-dire les exploiteurs, ne «bascule», en tout ou en partie, dans le camp des exploités que si 1° ceux-ci se mobilisent massivement contre l'exploitation 2° celle-là a intérêt à le faire. Les «gauchistes» néo-petits bourgeois sont des exceptions à la règle — je ne parle pas de ceux qui sont précarisés, en voie de ou menacés de l'être qui font partie des gens qui ont intérêt à rejoindre les rangs des exploités condition n° 2) — , mais une règle qui, précisément, explique qu'ils soient des exceptions, des exceptions toujours minoritaires. Comme c'est le cas de ceux qui, aujourd'hui, appuient pratiquement, et non à coups de pétitions, de prestations dans les médias ou de manifs- bidons, le mouvement des gilets jaunes.

21 juin 2009

Deux ou trois choses que j'avais à vous dire, par Yldune Lévy

C'est un homme, dans un bureau, comme tant d'autres hommes dans tant d'autres bureaux auxquels il ressemble sans ressembler à rien. Celui-là dispose d'un pouvoir spécial, certainement dû au fait que son bureau occupe le dernier étage d'une quelconque tour d'un palais de justice.

 

 

On dit qu'il instruit, qui ? quoi ? Il instruit. Il écroue. Il interroge. Il rend des ordonnances, de pâles ordonnances, où quelques articles de loi, une poignée de formules convenues et de considérations vagues se concluent par d'impénétrables mesures de contrôle judiciaire. Benjamin, certainement trop apprécié comme épicier à Tarnac, sera assigné à résidence chez sa mère en Normandie, où il n'a jamais vécu, à 30 ans. Manon et moi, qui partagions tout à Fleury, n'avons plus le droit de nous voir maintenant que nous sommes "libres". Julien peut se mouvoir dans toute la couronne parisienne, non traverser Paris, au cas où lui viendrait la tentation de prendre d'assaut l'Hôtel de Ville, sans doute.

 

 

Tel ami qui le visitait au parloir de la Santé doit se garder de le croiser désormais, sous peine de réincarcération. L'homme au bureau construit un dédale de murs invisibles, un labyrinthe d'impossibilités factices où nous sommes censés nous perdre, et perdre la raison. Il y a un ordre dans cet écheveau d'absurdités, une politique de désorientation sous les accents neutres du judiciaire.

 

 

On nous libère en prétextant qu'il n'y a pas de "risque de concertation frauduleuse" pour ensuite nous interdire de nous voir et nous exiler ici ou là, loin de Tarnac. On autorise un mariage tout en en faisant savamment fuiter le lieu et la date. On fragnole (1), à coup sûr, mais pas seulement.

 

 

C'est par ses incohérences qu'un ordre révèle sa logique. Le but de cette procédure n'est pas de nous amener à la fin à un procès, mais, ici et maintenant, et pour le temps qu'il faudra, de tenir un certain nombre de vies sous contrôle. De pouvoir déployer contre nous, à tout instant, tous les moyens exorbitants de l'antiterrorisme pour nous détruire, chacun et tous ensemble, en nous séparant, en nous assignant, en starifiant l'un, en faisant parler l'autre, en tentant de pulvériser cette vie commune où gît toute puissance.

 

 

La procédure en cours ne produit qu'incidemment des actes judiciaires, elle autorise d'abord à briser des liens, des amitiés, à défaire, à piétiner, à supplicier non des corps, mais ce qui les fait tenir : l'ensemble des relations qui nous constituent, relations à des êtres chers, à un territoire, à une façon de vivre, d'oeuvrer, de chanter. C'est un massacre dans l'ordre de l'impalpable. Ce à quoi s'attaque la justice ne fera la "une" d'aucun journal télévisé : la douleur de la séparation engendre des cris, non des images. Avoir "désorganisé le groupe", comme dit le juge, ou "démantelé une structure anarcho-autonome clandestine", comme dit la sous-direction antiterroriste, c'est dans ces termes que se congratulent les tristes fonctionnaires de la répression, grises Pénélope qui défont le jour les entités qu'ils cauchemardent la nuit.

 

 

Poursuivis comme terroristes pour détention de fumigènes artisanaux au départ d'une manifestation, Ivan et Bruno ont préféré, après quatre mois de prison, la cavale à une existence sous contrôle judiciaire. Nous acculer à la clandestinité pour simplement pouvoir serrer dans nos bras ceux que nous aimons serait un effet non fortuit de la manoeuvre en cours.

 

 

Ladite "affaire de Tarnac", l'actuelle chasse à l'autonome ne méritent pas que l'on s'y attarde, sinon comme machine de vision. On s'indigne, en règle générale, de ce que l'on ne veut pas voir. Mais ici pas plus qu'ailleurs il n'y a lieu de s'indigner. Car c'est la logique d'un monde qui s'y révèle. A cette lumière, l'état de séparation scrupuleuse qui règne de nos jours, où le voisin ignore le voisin, où le collègue se défie du collègue, où chacun est affairé à tromper l'autre, à s'en croire le vainqueur, où nous échappe tant l'origine de ce que nous mangeons, que la fonction des faussetés, dont les médias pourvoient la conversation du jour, n'est pas le résultat d'une obscure décadence, mais l'objet d'une police constante.

 

 

Elle éclaire jusqu'à la rage d'occupation policière dont le pouvoir submerge les quartiers populaires. On envoie les unités territoriales de quartier (UTEQ) quadriller les cités ; depuis le 11 novembre 2008, les gendarmes se répandent en contrôles incessants sur le plateau de Millevaches. On escompte qu'avec le temps la population finira par rejeter ces "jeunes" comme s'ils étaient la cause de ce désagrément. L'appareil d'Etat dans tous ses organes se dévoile peu à peu comme une monstrueuse formation de ressentiment, d'un ressentiment tantôt brutal, tantôt ultrasophistiqué, contre toute existence collective, contre cette vitalité populaire qui, de toutes parts, le déborde, lui échappe et dans quoi il ne cesse de voir une menace caractérisée, là où elle ne voit en lui qu'un obstacle absurde, et absurdement mauvais.

 

 

Mais que peut-elle, cette formation ? Inventer des "associations de malfaiteurs", voter des "lois anti-bandes", greffer des incriminations collectives sur un droit qui prétend ne connaître de responsabilité qu'individuelle. Que peut-elle ? Rien, ou si peu. Abîmer à la marge, en neutraliser quelques-uns, en effrayer quelques autres. Cette politique de séparation se retourne même, par un effet de surprise : pour un neutralisé, cent se politisent ; de nouveaux liens fleurissent là où l'on s'y attendait le moins ; en prison, dans les comités de soutien se rencontrent ceux qui n'auraient jamais dû ; quelque chose se lève là où devaient régner à jamais l'impuissance et la dépression. Troublant spectacle que de voir la mécanique répressive se déglinguer devant la résistance infinie que lui opposent l'amour et l'amitié. C'est une infirmité constitutive du pouvoir que d'ignorer la joie d'avoir des camarades. Comment un homme dans l'Etat pourrait-il comprendre qu'il n'y a rien de moins désirable, pour moi, que d'être la femme d'un chef ?

 

 

Face à l'état démantelé du présent, face à la politique étatique, je n'arrive à songer, dans les quartiers, dans les usines, dans les écoles, les hôpitaux ou les campagnes, qu'à une politique qui reparte des liens, les densifie, les peuple et nous mène hors du cercle clos où nos vies se consument. Certains se retrouveront à la fontaine des Innocents à Paris, ce dimanche 21 juin, à 15 heures. Toutes les occasions sont bonnes pour reprendre la rue, même la Fête de la musique.

 

 

 

 

 

Etudiante, Yldune Lévy est mise en examen dans l'"affaire de Tarnac".

 

 

(1) Il manque assurément au vocabulaire français un verbe pour désigner la passion que met un assis à rendre, par mille manœuvres minuscules, la vie impossible aux autres. Je propose d'ajouter pour combler cette lacune à l'édition 2011 du Petit Robert le verbe "fragnoler" d'où découlent probablement le substantif "fragnolage", l'adjectif "fragnolesque" et l'expression argotique "T'es fragno !" dont l'usage est attesté et ne cesse de se répandre.

 

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